Distribution. « Tout indiquait une deuxième vague, mais la direction semble surprise. »

Lors de la première vague de la pandémie, les employés des supermarchés étaient largement considérés comme des héros de la crise. En même temps, le secteur a réalisé un chiffre d’affaires plus important et les bénéfices ont augmenté. Ahold Delhaize, par exemple, a doublé son bénéfice global au deuxième trimestre pour atteindre 693 millions d’euros nets. La fédération syndicale néerlandaise FNV demande actuellement une augmentation de salaire de 5 % pour toutes celles et ceux qui travaillent dans le secteur. Même si cela ne suffit pas pour que tout le monde dépasse les 14 euros de l’heure, c’est une indication de l’appel à plus de respect pour le personnel. Nous avons discuté de la situation du secteur avec Dylan Van Looy, candidat SETCA aux élections sociales chez Lidl. (Cet entretien a été réalisé avant les mesures liées au deuxième confinement et ses conséquences dans la distribution).

Les supermarchés sont-ils prêts pour la deuxième vague ?

Au début de la deuxième vague, tout était rentré dans l’ordre. Tout pointait vers une deuxième vague, mais pour la direction, c’est une surprise. Presque toutes les mesures sanitaires avaient été supprimées, sauf les masques. La sécurité supplémentaire à l’entrée a été remplacée par un portique, ce qui signifie que le personnel doit surveiller le magasin. Il faut déjà être fort pour faire parfois accepter les mesures sanitaires aux clients. Les mesures visant à réduire la pression du travail ont été progressivement supprimées.

Au cours de la première vague, la direction a rapidement sauté dans le train pour nous qualifier de héros. Il s’avère maintenant que c’était surtout pour se mettre sous les feux de la rampe et récupérer une partie du soutien populaire. S’ils devaient vraiment nous traiter comme des héros, les collègues qui doivent être mis en quarantaine recevraient un salaire mensuel garanti au lieu de se rabattre sur des allocations de chômage. Ensuite, tous les collègues du magasin d’un employé infecté seraient immédiatement testés, au lieu de laisser ça à l’initiative personnelle. Si la direction le pensait, elle aurait au moins transmis toutes les informations sur les contaminations au CPPT (Comité pour la Prévention et la Protection au Travail).

Quelles sont les mesures à prendre maintenant ?

Nous devons à nouveau défendre les mesures de la première vague. Il s’agit notamment de la possibilité de fermer une heure plus tôt pour réduire la charge de travail, de l’augmentation du personnel, de l’absence de promotions spéciales dans les magasins, de la sécurité à la porte ou dans le magasin, de l’assurance qu’il n’y ait pas plus d’un client pour 15 mètres carrés, des pauses supplémentaires pour reprendre son souffle (ce qui n’est pas un luxe superflu si vous devez porter un masque pendant toute une journée),… Au cours de la première vague, les collègues malades étaient remplacés par des intérimaires. Avec la possibilité de fermer une heure supplémentaire, cela a rendu la charge de travail possible. Cependant, cette pratique a été rapidement abandonnée et, en plus, le climat d’anxiété sur le lieu de travail est revenu, les collègues étant régulièrement écartés.

Nous devons réfléchir aux revendications en matière d’indemnisation. Lors de la première vague, il y avait différentes compensations par chaîne de supermarchés. La première proposition de la direction de nous donner 175 euros de bons d’achat à dépenser dans le magasin avec une réduction de 1 euro par achat de 5 euros a été convertie en 250 euros maximum d’écochèques et de congés supplémentaires. Dans d’autres chaînes, il y a eu d’autres compensations, la plupart du temps temporaires. Chez Aldi en Flandre orientale, une grève a éclaté à la fin du mois d’août pour que ces mesures restent d’application. Il est temps de lutter ensemble, à travers les différentes chaînes de magasins, pour obtenir une compensation permanente qui soit égale pour toutes et tous. Ensemble, nous sommes plus forts pour nous faire respecter. Les travailleurs essentiels doivent gagner un salaire essentiel !

Après la première vague, nous aurions peut-être dû faire davantage usage de notre rôle nouvellement reconnu de travailleurs essentiels pour faire appliquer de meilleures conditions de travail et de meilleurs salaires. Aux États-Unis, le salaire minimum de 15 dollars de l’heure a été imposé par des luttes et des grèves dans de nombreux endroits. Il y a des leçons à tirer de notre revendications d’un salaire minimum de 14 euros de l’heure. Il est aussi important de réfléchir à la manière d’utiliser les représentants des travailleurs pour imposer et contrôler les mesures de prévention et de protection sur le terrain, plutôt que de se contenter de donner des conseils dans le cadre du CPPT, conseils que les dirigeants disent toujours « emporter avec eux ». Cela dépendra évidemment du rapport de force sur le lieu de travail avec lequel nous obligeons la direction à nous respecter. Pour ce faire, il faut des délégations fortes qui fassent la différence dans l’application des améliorations. C’est l’enjeu des élections sociales.

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