Coronavirus. Où sont les dirigeants syndicaux ?

Manifestation de La Santé en Lutte du 13 septembre.

Pour un syndicalisme de combat !

Le nombre d’infections causé par le terrible virus reprend son envol. Sept mois après le déclenchement de la pandémie, la stratégie pour l’endiguer demeure Moyenâgeuse  : le confinement. Pourtant, les connaissances scientifiques et les possibilités technologiques existent pour ne pas avoir à recourir à des mesures qui limitent autant notre vie sociale : des capacités de dépistage rapides et massives, une recherche sérieuse des contacts qu’ont eu les personnes contaminées,….

Après 7 mois, il n’y a toujours pas de données précises sur les lieux principaux de contamination en Belgique. Cependant les chiffres français et britanniques démontrent que les contaminations au travail sont loin d’être négligeables. Dans la plupart des entreprises où des mesures ont été adoptées, elles sont nées de l’entrée en action des travailleuses et des travailleurs. En ce sens, nous ne sommes pas aussi mal préparés qu’en mars-avril. Mais combien de contamination au travail ont encore lieu ? Combien de travailleuses et de travailleurs se rendent au travail avec des symptômes légers de peur de perdre trop de salaire ?

Les représentants syndicaux ont joué un rôle important dans l’adoption des premières mesures de sécurité : qui sait mieux ce qui est nécessaire que celui ou celle qui se trouve sur le lieu de travail ? Ce n’est pas tombé du ciel. Partout il a fallu faire pression pour que des mesures sérieuses soient prises. Comme en témoigne la lutte exemplaire de plus d’une semaine menée par les travailleuses et les travailleurs d’AB InBev à Jupille, relayée par des grèves de solidarité dans d’autres sites belges de la multinationale, pour qu’enfin des mesures plus sérieuses soient mises en place dans leurs usines. Et ce après qu’une dizaine de travailleurs aient été contaminés (lire notre article à ce sujet).

Tout au long de la première vague, il est clairement apparu que c’est nous, les travailleuses et travailleurs ordinaires, qui faisons tout tourner. Et c’est d’autant plus vrai en ce qui concerne les secteurs essentiels. Cette conscience de classe accrue offre une opportunité à l’ensemble du mouvement ouvrier de passer à l’offensive pour enfin obtenir les moyens nécessaires pour les organismes de santé et une augmentation du salaire minimum. Il faut la saisir.

Renoncer à imposer ces sujets primordiaux au centre du débat public par le moyen de campagnes actives, c’est laisser l’espace libre à une rhétorique antisociale. Il suffit de penser à la façon dont le Vlaams Belang diffuse son racisme et sa haine en Flandre. Pourtant, la vague de licenciements qui se met en place montre bien que ce ne sont pas les migrants qui volent les emplois et sont responsables de la misère sociale : ce sont les actionnaires.

Nous ne devons pas nous contenter d’attendre l’arrivée d’un vaccin d’ailleurs elle-même ralentie par les errements du capitalisme : une concurrence féroce est à l’oeuvre entre multinationales du secteur, qui gaspille l’énergie et les moyens dont nous avons tellement besoin pour repousser la pandémie (lire notre article à ce sujet). Et pour peu que la distribution du vaccin soit aussi chaotique que celle des masques, nous serons encore loin d’être débarrassés de cette pandémie l’été prochain !

Les dirigeants syndicaux devraient organiser la lutte pour le déploiement d’une capacité de test beaucoup plus importante et massive, y compris avec des tests plus rapides réguliers dans les entreprises (à l’image de ceux développés par l’université de Liège), en impliquant les représentants du personnel dans le contrôle de l’organisation de ces tests. Dans l’enseignement, cela pourrait être réalisé par le personnel et des comités d’étudiants.

Défendre la nationalisation du secteur pharmaceutique est une évidence pour que le personnel de ce secteur et la collectivité disposent du contrôle et de la gestion du développement des capacités de dépistage et de vaccins, ainsi que de leur répartition. Nous constatons aujourd’hui que sept mois après le début de la pandémie, la capacité de test est déjà à nouveau sous pression. Les syndicats disposent d’une présence solide dans ce secteur, ils ont donc tous les outils en main pour faire une campagne de cette revendication. Qu’attendons-nous ?

Afin de prévenir les contaminations sur le lieu de travail, il est essentiel que les personnes testées positives ne perdent pas de revenus. Des tests réguliers peuvent aider les personnes contaminées à être plus rapidement en confinement, avant même l’apparition des symptômes. Il est nécessaire d’envoyer immédiatement les personnes contaminées chez elles, mais en garantissant qu’elles ne perdent pas de revenus pour éviter qu’elles ne soient tentées de continuer de travailler à cause de la pression financière.

Quant aux fermetures d’entreprises ou aux annonces de licenciements collectifs, notre riposte ne doit pas se limiter à demander un meilleur plan social. La comptabilité de ces entreprises doit être ouverte de manière à ce qu’elle puisse être vérifiée et les syndicats doivent lier cette question à celle de la nationalisation des entreprises qui procèdent à des licenciements collectifs. Que ces entreprises soient placées dans les mains de la collectivité, sans la moindre compensation pour les actionnaires qui condamnent le personnel à la misère !

La deuxième vague menace d’être désastreuse pour le personnel de la santé encore épuisé par la première vague. Après des années d’économies, le secteur est sur les rotules. Les ressources supplémentaires promises sont d’ailleurs largement insuffisantes. Combler le manque de moyens et de personnel est une affaire urgente et de première importance. Et si des promesses ont été réalisées, c’est en grande partie parce que les politiciens traditionnels craignent les troubles sociaux.

La manifestation combative appelée par le groupe d’action militant La Santé en Lutte le 13 septembre dernier à Bruxelles méritait de disposer du soutien le plus total de la part des appareils syndicaux. Mais le personnel soignant est largement laissé à lui-même. Grâce aux efforts déterminés de centaines de travailleurs et au soutien de structures syndicales locales à Bruxelles, cette manifestation s’est avérée être un grand succès compte tenu des circonstances avec 7.000 personnes présentes (lire notre article à ce sujet). Si les syndicats avaient décidé de sérieusement soutenir l’initiative à partir de tout le pays, beaucoup plus de monde aurait fait entendre les revendications légitimes du personnel soignant. Cela en aurait fait la plus grande manifestation de cet automne, au lieu de la caravane du Vlaams Belang…

La logique du marché est un échec. Cela se voit dans le secteur de la santé. Cela se voit dans le dépistage du virus et le tracing. Cela se voit dans le développement d’un vaccin et cela ne manquera pas non plus d’être constaté plus tard quand il faudra en assurer la distribution. En 2020, le capitalisme n’a pas su aller plus loin que la méthode médiévale du confinement. Le capitalisme est en faillite et il doit céder la place. Il est grand temps d’instaurer un autre système reposant sur la satisfaction des besoins de la majorité de la population et capable de répondre aux défis de notre temps de manière démocratiquement planifiée. C’est ce que nous appelons le socialisme.

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