Ne laissons pas l’opposition à l’establishment à l’extrême droite. Les antifascistes doivent s’organiser !

Dimanche dernier, la caravane automobile du Vlaams Belang (VB) a impressionné. Le président du VB Tom Van Grieken en a parlé comme de la plus grande manifestation jamais organisée par son parti. Des investissements substantiels avaient été réalisés pour cette action : la semaine l’ayant précédée, Van Grieken et le VB ont dépensé pas moins de 46.000 euros en publicités sur Facebook. Réunir des voitures sur un parking du Heysel, ce n’est bien entendu pas la même chose que manifester à Bruxelles. Pour les antifascistes, cependant, c’est un avertissement d’importance : nous ne pouvons pas laisser l’opposition à l’establishment à l’extrême droite !

Le Vlaams Belang entendait protester contre la coalition Vivaldi, qu’il qualifie de gouvernement « de gauche » et « anti-flamand ». En fait, il visait également, peut-être même principalement, à toucher la base de la N-VA maintenant que ce parti doit se réorienter en tant que parti d’opposition au niveau fédéral. L’extrême droite a le vent en poupe : dans les sondages, le Vlaams Belang est dorénavant le plus grand parti de Flandre, avec un sérieux transfert de la N-VA vers le VB. En Flandre, les politiciens traditionnels cachent de plus en plus leurs échecs sociaux derrière un racisme à peine déguisé, ce qui rend le racisme immédiatement plus acceptable. La confiance dans l’establishment politique est au plus bas. Les nombreux déficits sociaux et la crise exacerbent les tensions sociales. En conséquence de cela, le terreau sur lequel prospère l’extrême droite s’est développé.

L’opposition du Vlaams Belang est bien entendu très hypocrite. Ce parti présente la Vivaldi comme étant de « gauche », alors qu’à l’exception de la N-VA, tous les partenaires de coalition de la suédoise y sont représentés. Dans sa critique de la déclaration de septembre du gouvernement flamand dirigé par Jan Jambon, le Vlaams Belang a déclaré que seules les ressources supplémentaires allouées aux soins de santé étaient positives. Toutefois, il s’agit de la mise en œuvre d’une mesure fédérale au niveau flamand. De plus, ces moyens supplémentaires pour la santé sont le résultat direct de la mobilisation du personnel soignant et de la large solidarité dont il bénéficie, ce qui est particulièrement marqué « à gauche ». Le programme électoral du VB de 2019 ne défendait évidemment pas d’octroyer plus de moyens pour les soins de santé. Tout comme la N-VA, le VB est bien forcé d’adopter une courbe rentrante sur ce point. Chacune de leur tentative de se présenter comme une opposition « sociale » est artificielle et manque sérieusement de crédibilité. Lorsque les travailleuses et les travailleurs ont défendu leurs salaires et leurs pensions à la fin de l’année 2014, le VB s’est positionné contre les syndicats selon son vieux slogan « Werken baat, schaadt schaadt » (‘Le travail produit, la grève nuit)

Avec environ 10.000 personnes présentes, le Vlaams Belang a réussi à mobiliser au-delà de ses propres militants. On trouvait plus de monde que ce qui serait normalement le cas pour une action du VB. Bien sûr, cette mobilisation est encore relativement limitée : ces dernières années, beaucoup plus de personnes sont descendues dans la rue en faveur du climat, sans parler des actions syndicales. Il est néanmoins dangereux que l’extrême droite puisse mobiliser plus largement. Cela alimentera la soif d’actions à sa base, y compris pour des actions musclées contre toute personne qui pense différemment ou qui semble différente.

Face à ce danger, nous ne devons pas compter sur les arguments légalistes. Il ne faut pas non plus compter sur les partis traditionnels : c’est leur politique qui a conduit à la croissance des inégalités et aux tensions sociales qui en découlent. La meilleure manière de mettre un terme au racisme et aux autres formes de division est d’entrer collectivement en action autour de nos revendications en faveur des soins de santé, d’emplois décents, de pouvoir d’achat, de services publics,…

Les dirigeants syndicaux ne doivent pas se laisser piéger par leurs « partenaires » politiques de la Vivaldi. Laisser l’opposition à l’extrême droite ouvrira la voie à une nouvelle croissance de la haine et de la violence.

La confiance des membres du VB et des forces néo-fascistes à sa marge est renforcée. Cela aura inévitablement des conséquences. Se contenter de regarder n’est pas une option. Les antifascistes doivent s’organiser dès maintenant. Si le mouvement ouvrier n’exprime pas et n’organise pas l’espoir d’un changement dans l’intérêt de la majorité de la population, alors l’extrême droite pourra trouver plus d’audience et même la mobiliser en faveur de son message de désespoir.

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