Dans les éditions précédentes de l’Alternative Socialiste, nous avons expliqué pourquoi il fallait s’attendre à des élections anticipées en novembre ou en décembre. La coalition violette est cliniquement morte. Après DHL et BHV, le gouvernement n’a pas pu faire davantage que produire une note d’orientation sur les fins de carrière. En mobilisant leur base, les dirigeants syndicaux peuvent lui donner le coup de grâce à tout moment. La CSC comme la FGTB ont déjà brandi la menace d’une grève générale. La seule chose qui les retient de mettre cette menace à exécution, c’est la peur de perdre le contrôle de la base comme à l’époque du Plan global.
Eric Byl
Le problème n’est pas de faire tomber le gouvernement, Que faire ensuite? Le PS, les dirigeants syndicaux et une partie du patronat sont convaincus que la violette est trop faible pour boucler avec succès le dossier des fins de carrière et les budgets pour 2006 et 2007. Il ne fait aucun doute qu’une coalition rouge-romaine, de par sa capacité à tenir en laisse les deux grands syndicats, en serait bien plus capable. Avec son Plan Marshall ultralibéral pour la Wallonie, le gouvernement régional rouge-romain a donné toutes ses assurances au patronat.
La façon dont va tomber le gouvernement n’est pas une question sans importance. Si Verhofstadt jette lui-même le gant ou si le gouvernement tombe sur les vols de nuit, la nouvelle coalition rouge-romaine n’aura pas beaucoup de difficultés à poursuivre la politique de régression sociale quitte à la couvrir d’un vernis social. Verhofstadt s’accroche pourtant à son poste. Il réalise que la fin de son gouvernement pourrait signifier du même coup celle de sa carrière politique et le début d’une longue période d’opposition pour les libéraux. Ce faisant, il met les dirigeants syndicaux dans l’embarras. Ils savent en effet que si le gouvernement tombe suite à un mouvement de masse, cela donnera du fil à retordre à une future coalition rouge-romaine. C’est qu’on ne manipule pas la base syndicale aussi aisément qu’un chalumeau.
Le MAS ne doute pas un seul instant que la violette et la rouge-romaine convergent sur l’essentiel, c’est-à-dire la casse de nos acquis sociaux. l’une et l’autre veulent nous imposer un programme néolibéral. L’époque où le néo-libéralisme passait pour efficace auprès de l’opinion publique a été balayée par le souffle de Katrina. Désormais, le sentiment général est que le néolibéralisme n’est pas fiable, bâti sur du sable, exclusivement dans l’intérêt des riches et antisocial. D’où notre appel à une liste qui soit en rupture avec le néolibéralisme et notre quête de partenaires pour porter ensemble un tel programme lors des prochaines élections.
Les possibilités d’une telle liste – le résultat du Parti de Gauche en Allemagne en est l’illustration (bien qu’il s’agisse d’un tout autre ordre de grandeur) – ne sont hélas pas exploitées comme il le faudrait. Sans doute que le MAS devra propager seul cette idée lors des prochaines élections. Entretemps, nous voulons renforcer le MAS afin de pouvoir défendre nos vues avec plus de crédibilité.