Ce jeudi après-midi, une centaine de personnes se sont rassemblées devant le Parlement européen à Bruxelles pour manifester leur solidarité avec les plus de 13.000 migrants qui ont été touchés par le récent incendie du camp de Moria, sur l’île grecque de Lesbos (Λέσβος).
Par Eugenio (Bruxelles)
La manifestation pacifique a été rejointe principalement par des membres d’ONG et des militants politiques, dont un bon nombre de militants sans-papiers. La présence de nombreux jeunes travailleurs et étudiants était également significative, montrant à quel point la jeunesse est préoccupée par le sort de nos frères et sœurs sans-papiers.
La principale revendication de la manifestation était la relocalisation des migrants de Lesbos et des autres camps répartis sur les îles de la mer Égée. Ces camps accueillent, aujourd’hui, plus de 40.000 personnes, malgré une capacité de moins de 8.000, et les conditions de vie déjà inhumaines n’ont cessé de se détériorer au fil des ans. Cette situation étant due à un manque de financement et d’entretien de la part du gouvernement grec et à une menace importante venant des groupes d’extrême droite, qui à plus d’une occasion ont été responsables de la destruction des infrastructures des camps. Celle-ci n’a fait que s’aggraver avec la pandémie de COVID-19, la majorité des réfugiés vivant dans les camps n’ayant pas accès aux services sanitaires et médicaux de base.
À Moria, qui était le camp le plus peuplé, il n’y avait qu’un robinet d’eau pour 1.300 réfugiés et le respect des mesures de distanciation sociale était physiquement impossible. Une telle situation ne mettait pas seulement en danger la vie des milliers de réfugiés, mais constituait une crise de santé publique qui pouvait affecter l’ensemble de la communauté insulaire. Le gouvernement grec tente maintenant de faire des migrants les boucs émissaires de la crise dans les îles pour justifier le renforcement de la répression face à la crise humanitaire. De son côté, l’Union Européenne reste muette et continue à bloquer les tentatives de réforme de sa catastrophique politique migratoire.
Toutes ces politiques n’ont servi qu’à créer une crise humanitaire et sociale aux frontières de l’UE et à renforcer les rhétoriques xénophobes de la droite qui dressent les travailleurs européens contre la main-d’œuvre migrante.
Nous exigeons des solutions concrètes :
● La relocalisation des réfugiés dans les hôtels et les établissements touristiques restés fermés en raison de la pandémie, mais aussi dans les bâtiments publics afin d’éviter des conditions ne permettant pas la distanciation sociale.
● Une répartition proportionnelle planifiée des réfugiés dans toutes les préfectures de Grèce pour décongestionner les îles afin de protéger la santé publique des réfugiés et des habitants.
● La régularisation immédiate de tous les sans-papiers sur le territoire européen.
● L’abolition du règlement de Dublin et de tous les traités européens visant à tenir les réfugiés dans des conditions de vie inhumaines et dangereuses, comme ceux conclus avec la Turquie et la Libye.
Nous devons continuer à lutter pour une politique adéquate d’accueil, d’installation et d’éducation de tous les réfugiés qui fuient la guerre et les catastrophes, et pour son application par tous les pays de l’Union Européenne.
Nous devons renverser les politiques d’ »Europe forteresse » menées par tous les gouvernements de l’UE qui ne servent que les intérêts des exploiteurs, des organisations criminelles et des politiciens d’extrême droite.
Seule l’organisation solidaire internationale des travailleurs, avec ou sans papiers, peut nous permettre de combattre les racines communes de nos problèmes et d’obtenir un niveau de vie décent pour tous en combattant le capitalisme en faveur d’une alternative socialiste.