Nous ne voulons pas payer la crise !

Après le 30 janvier : Pour une manifestation nationale massive et combative le 29 février

La presse, les patrons et les politiciens peuvent bien prétendre que la grève du 30 janvier a été un coup dans l’eau, le gouvernement a toujours bien été prêt à adapter quelques points de son plan sur les pensions. Les prépensions concernant le travail de nuit (56 ans), les métiers lourds (58) et les personnes handicapées (58) seront désormais prises en compte pour la pension, tout comme aujourd’hui. Celui qui a entre 57 et 61 ans ne doit plus nécessairement avoir une carrière de 40 ans et devra travailler jusqu’à 2 ans de plus au maximum. Est-ce suffisant ? Bien sûr que non. Seuls les pires excès sont corrigés, tandis que nous continuons à assumer la responsabilité de cette crise bancaire qui n’est pas de notre faute. Sans grève, même ces petites concessions nous auraient été refusées.

Tract du PSL

Tract en version PDF

La grève générale du 30 janvier fut bel et bien un succès. Les transports en commun étaient à l’arrêt et aucun des 4.000 trains quotidiens n’a roulé. Les ports d’Anvers, de Gand et de Zeebrugge étaient bloqués, tout comme bon nombre d’entreprises sidérurgiques, chimiques et pharmaceutiques de grande taille. Les routes étaient bien calmes, et le travail à domicile n’explique pas tout. A moins que les camionneurs et les travailleurs du secteur de la construction n’aient eux aussi travaillé de chez eux… Jamais auparavant n’a-t-on vu autant de piquets. Quant aux prétendu fossé entre les générations, il était introuvable. Il ne fallait pas chercher longtemps pour trouver de jeunes partisans de la grève.

Tout cela ne signifie pas que l’offensive médiatique anti-grève est restée sans effet. Chaque faiblesse a été instrumentalisée, comme le fait que les dirigeants de la FGTB assistent toujours aux réunions des bureaux de parti du PS et du SP.a par exemple. Cela a été utilisé pour répandre la rumeur qu’ils avaient participé à l’écriture de l’accord gouvernemental. Avec de tels ‘’partenaires politiques’’, les syndicats n’ont plus besoin d’ennemis. Le PS, le SP.a et le CD&V se sont tous comportés en briseurs de grèves ordinaires. L’argument des médias d’un ‘’fossé des générations” était vicieux, car tout le monde sait que les syndicats, en acceptant l’arrivée du travail intérimaire et de contrats flexibles, ont permis l’exclusion de nombreux jeunes de droits fondamentaux dont disposent encore heureusement les autres travailleurs.

Nous aurions dû commencer à mobiliser plus tôt et faire beaucoup plus pour contrer l’offensive des médias, avec des réunions d’information sur les lieux de travail, là où des centaines de milliers de travailleurs se rassemblent. Nous n’aurions pas dû céder au chantage des patrons de faire appel aux huissiers et de la répression policière pour ne pas organiser le blocage des zones industrielles. Cela fait des années que les patrons refusent de se conformer à la directive européenne concernant la représentation syndicale dans les entreprises à partir de 20 travailleurs. Alors que là aussi, la plupart des travailleurs sont syndiqués, la terreur règne dans de nombreuses petites entreprises. Le droit de grève y est inexistant dans la pratique. Ne devrions-nous pas en faire usage une journée ? Nous sommes tombés dans un piège, car le lendemain de la grève, les patrons se sont servis justement du fait que des zones industrielles fonctionnaient pour prétendre que la grève n’était pas générale.

Les patrons sont indignés parce que la grève aurait coûté 18 € par Belge, mais lorsque le sauvetage des banques a coûté 2.500 € à chaque Belge, nous ne les avons pas entendus. Pas plus d’ailleurs qu’ils n’ont pipé mot sur les 13.000 € par Belge de garanties de l’Etat pour ces mêmes banques. Le patronat et le gouvernement espèrent nous faire taire avec quelques miettes. Mais qu’est ce que ce sera demain ? Un saut d’index ou une autre méthode pour diminuer l’impact de l’indexation ? Une augmentation de la TVA ? L’introduction d’une contribution sociale généralisée parce que les caisses de la sécurité sociale sont vides suite aux réductions de charges que les patrons ont obtenus ? Maintenant que le gouvernement et les patrons commencent à faire des concessions, nous ne devons pas cesser. La Confédération européenne des syndicats (CES) appelle à une action le 29 février prochain dans le cadre du sommet européen. Préparons dès maintenant une manifestation massive et combative !

Nous devons stopper la politique du ‘’tout est gratuit’’ pour les patrons ! Des profits gratuits, sans impôts. Des restructurations gratuites, au détriment de notre sécurité sociale. Des recrutements gratuit, sans contribution à la sécurité sociale. Et même une formation gratuite du personnel dans des écoles, qui deviennent de plus en plus des fabriques à futurs travailleurs ! Pour atteindre cet objectif, les dirigeants syndicaux doivent arrêter de nous renvoyer en direction des politiciens sociaux et chrétiens-démocrates. Nous voulons notre propre parti, composé de politiciens qui ne vivent pas au salaire d’un manager, à l’exemple de ces dizaines de milliers de délégués syndicaux qui luttent tous les jours pour leurs collègues, sans en retirer de profit personnel. Nous ne voulons pas payer pour cette crise : nous avons besoin d’un plan d’action solide et bien préparé; de nos propres représentants politiques et d’une arme contre les patrons qui menacent de licenciements, de délocalisations, de restructurations et de fermetures pures et simples: c’est-à-dire l’expropriation de l’entreprise pour la placer ensuite sous gestion publique.

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Première page de Lutte Socialiste