‘‘Ce qui inquiète les gens, c’est leur pouvoir d’achat !’’ C’est ce qu’a affirmé Thierry Bodson, président fédéral (faisant fonction) de la FGTB, en commentant les récentes négociations gouvernementales entre la N-VA et le PS. Il a bien raison !
Par Els Deschoemacker
Nous avons vu à peu près toutes les combinaisons possibles et imaginables passer dans les négociations. Violet jaune, violet vert, Arizona, Vivaldi, affaires courantes, pouvoirs spéciaux,… Aucune illusion ! S’ils parviennent à former un nouveau gouvernement, ce sera une variation sur un air connu : la politique qui nous a conduits à l’impasse.
Les partis traditionnels joignent le geste à la parole en gérant le capitalisme belge, pour le bien-être de la classe dominante. C’est leur politique de casse sociale, de démolition de l’État et de la protection sociale qui a rendu la classe ouvrière si vulnérable, tant aux effets de la crise sanitaire qu’à ceux de la dépression économique.
Les organisations patronales, de la FEB au VOKA, font naturellement pression : il faut un gouvernement pour surmonter les défis actuels, disent-ils. Nous ne sommes pas stupides. Leurs défis ne sont pas les nôtres. Les préoccupations de la classe des travailleurs ne sont pas celles de la classe dirigeante. La crise du coronavirus l’a encore illustré.
S’ils sont disposés à investir un peu plus dans les soins (un milliard d’euros, ce qui est bien en-deçà des coupes budgétaires de ces dernières années), c’est uniquement parce que l’économie capitaliste ne peut fonctionner sans une main-d’œuvre en bonne santé. Un niveau minimum de soins de santé est donc indispensable pour que le système continue de fonctionner. Quant à nous, nous ne voulons pas du minimum, nous voulons le maximum !
Ces fonds supplémentaires sont également sur table parce que ceux qui nous gouvernent savent qu’ils marchent sur des œufs. Le chef de groupe CD&V à la Chambre Servais Verherstraeten l’a exprimé sans détour : “La paix sociale dans ce secteur peut avoir un prix”. Cela vient d’un membre du parti qui fournit invariablement le ministre du bien-être au gouvernement flamand et qui est conjointement responsable de l’austérité sévère qui a frappé le secteur des soins, tant au niveau flamand qu’au niveau fédéral. Un milliard d’euros supplémentaires arrivent au niveau fédéral ; le gouvernement flamand de Jan Jambon a besoin d’un peu plus de conviction, bien qu’il semble y avoir un accord semblable pour offrir les mêmes conditions aux prestataires de soins flamands.
Ils ne comprennent qu’une seule langue : celle de la lutte et de l’organisation !
L’avertissement du sommet du syndicat socialiste n’est pas venu trop tôt. La méfiance à l’égard de la N-VA est justifiée. En même temps, un message a été adressé aux négociateurs du SP.a et du PS. Comme l’a fait remarquer Miranda Ulens, secrétaire fédérale de la FGTB et présidente de l’aile flamande de la FGTB : après la casse sociale du gouvernement Michel, nous voulons “renégocier plus de pouvoir d’achat. Les allocations sociales doivent être supérieures au seuil de pauvreté, il nous faut une réduction collective du temps de travail, les statuts précaires doivent être abolis, il faut investir dans les services publics.”
Les mots sont importants, mais il faut les traduire en actes, en organisant la lutte pour arracher ce dont nous avons besoin.
Les cartes sont plus en notre faveur qu’auparavant. La société comprend mieux quel rôle essentiel jouent les travailleurs la classe ouvrière dans le fonctionnement de la société, suite à la crise du coronavirus. Ce sont surtout les collègues des secteurs essentiels qui montrent à quel point ils portent la société sur leurs épaules, alors qu’ils sont souvent sous-payés. Alors que les managers et les gros actionnaires sont chez eux, dans leur villa, et qu’ils surveillent leur entreprise en toute sécurité, les travailleurs sont en première ligne.
Le personnel soignant du groupe d’action La Santé et Lutte a donné l’exemple en avançant la date du 13 septembre dès le mois de mai comme journée d’action pour plus de ressources, plus de personnel collègues et plus de soins. La situation sanitaire limite encore les possibilités de mobilisation, mais l’action et la lutte sont indispensables nécessaires. Pourquoi ne pas utiliser cette Journée d’action du personnel de santé comme point de départ d’un plan d’action par-delà les différentes frontières syndicales et linguistiques avec des dates de mobilisations concrètes ?