Samedi dernier, la Campagne Solidarity et la campagne antifasciste Blokbuster ont mené une première action à Charleroi pour protester à la fois contre les violences policières, le salut nazi lors d’un de ces cas de violence et la manière dont la mort de Joseph Chovanec a été étouffée après les faits.
- Ce vendredi, action “Stop au racisme meurtrier et à la brutalité policière” à Liège face au Palais de Justice (18h30, place Saint Lambert)
- Ce samedi à Bruxelles, action “Stop au racisme meurtrier et à la brutalité policière” au SPF Justice (Boulevard de Waterloo 115, métro Hôtel des Monnaies).
Lorsque la veuve du défunt a rendu publiques les images des violences policières, nous avons été nombreux à être choqués, notamment par la façon dont cette mort avait été dissimulée. De nombreuses questions demeurent : qui savait quoi à quel moment ? Y a-t-il encore d’autres cas ? Pourquoi l’agent qui a effectué le salut nazi n’a-t-elle pas été traitée plus sévèrement ? Essaiera-t-on encore de dissimuler des faits concernant cette affaire avec une deuxième opération de dissimulation ?
Après les violences policières qui ont entraîné la mort de George Floyd aux États-Unis ainsi que les innombrables manifestations qui ont suivi, de nombreux responsables politiques et journalistes belges ont été prompts à déclarer qu’il s’agissait d’un incident spécifiquement américain et que quelque chose de similaire était impensable en Belgique. Le fait que Jonathan Jacob soit mort dans une cellule il y a dix ans après des brutalités policières n’était selon eux qu’une exception confirmant la règle. Il s’avère maintenant que cette exception n’était pas si exceptionnelle. Une fois de plus, aucune assistance médicale n’a été appelée alors que cela était clairement nécessaire. Une fois de plus, c’est une répression brutale qui a été choisie. Une fois de plus, la violence n’a été dévoilée que lorsque les proches de la victime ont publié les images choquantes. Une fois de plus, il y a eu une tentative évidente de dissimulation. Personne ne savait soudainement plus rien, mais tout le monde aurait pu et dû savoir tout.
Cela soulève bien sûr la question de savoir s’il existe des incidents similaires. Si le contrôle de la police est laissé au Comité P, dont l’indépendance est assez largement contestée dans les milieux de défense des droits humains, nous ne saurons peut-être jamais combien d’autres incidents existent. Apparemment, la violence policière n’est abordée dans les médias que si les proches en ont des images en leur possession.
Le 26 février 2018, immédiatement après les faits, le gouvernement slovaque a demandé une explication concernant les violences policières de Charleroi. Une correspondance a eu lieu entre le SPF affaires étrangères et le comité P. Le ministre des affaires étrangères de l’époque était Didier Reynders, le ministre de l’intérieur chargé de la supervision de la police était Jan Jambon.
Bien sûr, et heureusement, la violence policière n’est pas aussi répandue ici qu’aux États-Unis, mais celles et ceux qui résistent peuvent apprendre beaucoup des États-Unis. Pendant des années, les responsables politiques y ont promis qu’un contrôle de la police aurait lieu et que des mesures serait prises pour contenir la violence policière. Jamais rien n’est sorti de ces promesses. Ce n’est qu’en raison d’un soulèvement de masse que les agents impliqués dans le meurtre de George Floyd ont été suspendus et poursuivis. Non pas que cela ait suffi pour mettre fin à la violence : cette semaine, un autre Noir a été tué par la police dans le Wisconsin. C’est grâce aux mobilisations de masse que des revendications telles que la réduction massive des moyens de répression et de la police se sont imposées sur l’agenda politique. Les manifestants américains exigent d’investir dans la santé et l’éducation et non pas dans une militarisation mortelle de la police. Ce qu’ils disent, c’est que c’est tout le système qui est coupable.
Dans la lutte contre la violence policière, nous ne devons pas compter sur les partis traditionnels ou les soi-disant services de contrôle, nous devons la mettre à l’ordre du jour nous-mêmes. C’est pourquoi il était important d’organiser une première action à Charleroi le week-end dernier. Une nouvelle action aura lieu ce vendredi à Liège face au Palais de Justice (18h30, place Saint Lambert) et une autre le samedi à Bruxelles au SPF Justice (Boulevard de Waterloo 115, métro Hôtel des Monnaies).
Nous entendons combattre le racisme par la solidarité. C’est pourquoi nous lions à ce combat des revendications telles que des emplois décents pour toutes et tous, un salaire minimum de 14 euros de l’heure, des logements abordables, la construction massive de logements sociaux et un plan d’investissement radical dans les services publics, l’enseignement et les soins de santé. La crise capitaliste entraîne dans son sillage plus de divisions, dont le racisme, et plus de violence. Mettre fin à la violence policière signifie de renverser le capitalisme et de construire un tout autre type de société.