Grondements au sommet de la FGTB. Pour un syndicalisme de combat avec démocratie de la base au sommet!

Les affiliées et affiliés de la FGTB ont appris par la voix des médias que leur président, Robert Vertenueil, avait été destitué et remplacé par Thierry Bodson. Après que Vertenueil ait joué en solitaire lors d’une réunion avec Georges-Louis Bouchez, Président du MR et, du côté francophone, véritable incarnation de la droite dure qui s’attaque au monde du travail. Les médias insinuaient même qu’il s’agissait d’une conspiration du PTB.
A ce propos, pourquoi parler d’un complot du PTB alors qu’un membre du PS en remplace un autre au sommet de la FGTB ? Un nombre croissant d’affiliés de la FGTB sont membres du PTB ou votent pour ce parti parce qu’il répond mieux aux revendications que les syndicats défendent. Les gouvernements auxquels le PS et le SP.a ont participé ont mené une politique d’austérité néolibérale qui a notamment raboté les droits des chômeurs et progressivement supprimé la retraite anticipée. Mais la discussion qui a eu lieu au sommet de la FGTB ne portait pas sur cela. De nombreuses délégations militantes à la base optent pour le PTB mais, au sein de l’appareil syndical, les membres du PTB ne se distinguent pas nécessairement de leurs collègues sociaux-démocrates. La ‘‘théorie du complot’’ que les médias sont friands d’étaler sur ce sujet ne diffère pas des autres théories du complot : cela ne fait que détourner l’attention du cœur du problème.

Article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste

Que trouve-t-on au cœur du débat ? C’est plus difficile à estimer. Les affiliés n’en ont nullement été informés dans leurs délégations ou lors d’assemblées syndicales. Il semble qu’il existe différentes tendances au sommet de la FGTB. Des tensions dues aux contraintes financières ont également été abordées. Ce qui n’est soulevé nulle part, c’est qu’il existe des points de vue différents sur la manière de lutter contre la politique d’austérité ou la vague imminente de licenciements dans cette récession du coronavirus. Voilà ce devrait être l’enjeu du débat dans une organisation censée reposer sur la défense des intérêts des travailleurs.

Dans la période à venir, nous aurons besoin de syndicats combatifs qui ne se résignent pas à tenter d’adoucir les massacres sociaux, mais qui organisent la résistance. Il faudra se mobiliser et s’impliquer le plus possible, afin de ne pas avoir à lutter entreprise par entreprise contre les licenciements et autres attaques antisociales. Imposer le respect du progrès social, cela ne se fait pas simplement en en parlant ou en organisant une action ludique de temps à autre. Il faut construire un rapport de forces, ce qui est certainement possible autour, par exemple, de revendications telles que l’augmentation des moyens publics pour les soins de santé ou l’Instauration d’un salaire minimum plus élevé de 14 euros par heure au moins. Construire ce rapport de forces nécessite de renforcer l’implication des affiliés, de la base au sommet. Le développement de campagnes doit viser cet objectif : les délégués peuvent prendre l’initiative en incluant dans leur fonctionnement des assemblées régulières du personnel sur le lieu de travail. En organisant des discussions et prises de position de fond sur la politique de leur entreprise, mais aussi des thèmes sociopolitiques plus généraux. Les affiliés de la FGTB devraient prendre l’initiative pour que le syndicat soit plus vivant, plus combatif avec la participation démocratique associée. Quand Georges-Louis Bouchez et d’autres membres du MR estiment devoir s’exprimer sur la démocratie au sein de la FGTB, il ne s’agit que d’un jeu politique hypocrite visant à affaiblir l’ensemble du syndicat.

La FGTB de Thierry Bodson ne suivra pas une route fondamentalement différente de celle de Vertenueil. Le danger existe que les tensions communautaires s’accentuent sous le régionaliste wallon Bodson, mais ces tensions se sont déjà accrues auparavant. C’est dangereux : aucun exemple de division régionale des syndicats n’a conduit à des positions plus combatives. En outre, cela affaiblit la solidarité pourtant indispensable dans la lutte pour plus de protection sociale, entre autres choses, plutôt que le démantèlement rampant de la sécurité sociale, qui serait renforcée si elle était encore divisée.

Une profonde récession intensifiera la lutte pour les intérêts de la classe ouvrière. Le syndicalisme de concertation devient difficile à appliquer ou se limite à un déclin négocié. Nous avons besoin d’un syndicalisme de combat et d’un programme de rupture avec ce système basé sur le profit. Une lutte entre différentes ailes de la direction syndicale autour de questions de postes et de ressources n’y contribue pas.

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