Plus de transports publics, plus de trains et des routes fort calmes. Partout, ce lundi ressemblait à un dimanche, contraste criant avec la réalité d’une journée pourtant formidable. L’offensive anti-grève menée dans les médias les derniers jours avant la grève n’ont visiblement pas eu l’impact escompté par l’establishment. Depuis lors, les patrons tentent par tous les moyens de minimiser la grève générale, mais il suffisait de sortir et de regarder autour de soi pour constater que ces déclarations n’ont aucun sens.
Par Geert
- Pourquoi faire grève est indispensable Tract du PSL distribué aux piquets
- Brisons tous les liens avec les partis de l’austérité !
- Pourquoi il faut lutter et faire grève
- INFORMER, SENSIBILISER, MOBILISER… POUR ORGANISER LA LUTTE !
- LEURS MÉDIAS CONTRE NOS ACTIONS
- Photos de Namur
- Rapport et photos de Mons
- Rapport et photos d’Ixelles
- Rapport et photos des piquets du sud de Bruxelles
- Photos des piquets du nord de Bruxelles
- Photos de Bruxelles, par François Roelandts et Karim Brikci-Nigassa
- Rapport et photos du piquet devant l’Hôpital Brugmann
- Photos d’Alost
- Photos de Charleroi
- Photos du piquet à la fabrique d’ascenseurs Schindler Belgium à Bruxelles
- Rapport général et photos de Liège
- Photos de Liège
- Photos et rapport du piquet des cheminots à Liège
- Photos de Bruges
- Photos de la gare d’Anvers-Berchem
- Photos des piquets de Bayer et de BASF
- Photos du Limbourg
- Photos de piquets à Termonde
L’appel à la grève a été massivement suivi et, y compris parmi les couches plus larges de la population, la propagande des patrons et des politiciens ne sont plus acceptés. Tant que la menace antisociale restait abstraite, les propos anti-grève pouvait avoir un certain effet. Mais celui qui calcule aujourd’hui combien de temps il ou elle aura à travailler plus longtemps et pour quel montant de pension, ou encore ce que constituerait un saut d’index, ne se laisse pas prendre aux mensonges patronaux. Qui veut travailler jusqu’à 65 ans pour s’occuper de classes de 30 élèves ? Qui pense que des pompiers en activité jusque 62 ans constituent un plus pour notre sécurité ?
Avant la grève, les médias ont annoncé que »seulement » 20% de la population soutenait la grève et que 23% se disaient neutres face à cette question. Nous devons donc en conclure ces 43% n’ont aucune représentation parlementaire, puisque les politiciens des partis établis sont tous plus ou moins favorables aux mesures imposées. Certains veulent limiter le rythme des attaques, d’autres veulent l’augmenter. Mais cela semble être aujourd’hui l’unique divergence dans le »débat politique ».
Même si ce sondage était correct, il convient de remarquer qu’il a été effectué quelques semaines avant que la campagne vers la journée de grève générale ne commence véritablement. Les directions syndicales, avec leurs hésitations, ont laissé l’espace pour que nos adversaires partent à l’offensive pendant que les militants ne savaient pas ce qu’ils allaient faire. Les patrons ont vu l’occasion de passer à la vitesse supérieure, et ont fait tout un tas de sorties dans les médias traditionnels, activement complices (heureusement qu’il existe des médias comme ce site et Lutte Socialiste!). Aujourd’hui, il semble bien que le bilan de la grève soit tout l’inverse. Cette propagande a conduit à une nette polarisation, avec une augmentation de la volonté de faire grève. Nous avons ainsi entendu un délégué syndical d’un grand hôpital expliquer que, pour la première fois, la direction n’avait pas trouvé de volontaire pour effectuer le service minimum. Avec des propositions comme un saut d’index, maintenant sur la table, cette situation ne peu que s’accroître plus encore.
Avant la grève, tous les politiciens ont pris leurs distance de cette protestation qu’ils estimaient irresponsables. De droite à »gauche » (hum…), c’était le même son de cloche.Bruno Tobback s’était déclaré dans les pages du Soir contre l’utilisation d’une "bombe atomique" telle que la grève générale, Di Rupo disait que les syndicats conduisaient la population »à l’abîme », et De Wever disait de son côté que la grève ne disposait d’aucun soutien en Flandre. Pour ce dernier, elle n’avait que des partisans en Wallonie, à la FGTB, et avec le Premier ministre Di Rupo, a-t-il même réussi à dire. Mais sur les piquets d’Anvers où nous sommes passés, nous avons trouvé que les »militants de la FGTB wallonne », avec leurs vestes rouges et vertes, parlaient assez bien le néerlandais (et même plus précisément le dialecte anversois). Remarquablement même.
Un conducteur de tram à un dépôt quasiment à l’arrêt – seuls deux trams étaient partis – nous a déclaré de son piquet de grève que De Wever avait perdu beaucoup de voix avec ses déclarations. Beaucoup de conducteurs pensaient que De Wever était différent, anti-establishment. Mais dès qu’il s’agit de concret et non plus de belles paroles, De Wever et son parti font parties des plus chauds partisans d’assainissements, notamment dans le service de transports en communs De Lijn. Même ceux qui prétendent qu’il y a un conflit de générations à la base de la protestation contre les mesures – des aînés qui râleraient soi-disant de devoir travailler plus longtemps pour l’avenir des jeunes – devaient avoir beaucoup de peine pour trouver un exemple justifiant leurs propos: parmi les conducteurs de ce dépôt, aucun jeune ne s’était présenté au travail. La présence des jeunes aux piquets était effectivement frappante
C’est très facile pour les politiciens de nous dire qu’il faut travailler plus longtemps. Ils ont une pension complète (et élevée) après 20 ans de carrière ! Et ils peuvent maintenant gagner jusqu’à 20.000 euros bruts par mois. Avec un tel salaire, c’est à peine si l’on sent un saut d’index. Mais pour un travailleur normal, un saut d’index fait rapidement perdre 25.000 euros sur une carrière.
Maintenant, concernant le succès de la grève, les patrons poursuivent leurs mensonges. Ils se prennent les pieds dans leurs propres mensonges: l’impact de la grève serait limité, mais le port d’Anvers perdait tout de même 1 million d’euros par heure ! Cela contredit aussi la propagande qui affirme que la grève n’était vraiment massive que du côté francophone.
Après cette grève, une prochaine étape est nécessaire. Si le gouvernement ne veut rien entendre, et continue même son chantage, nous devons augmenter la pression et nos actions. Ce n’est pas une action ponctuelle suivie de semaines de doute sur la suite du mouvement qui fera reculer les patrons, leurs politiciens et leurs médias. La lutte contre l’avalanche d’austérité a bien commencé, elle doit se poursuivre, avec un bon plan d’action, et en allant crescendo.