‘‘Sauver des vies ou l’économie ?’’ Le capitalisme révélé pour ce qu’il est

Les travailleurs font tourner le monde, il est temps qu’ils le prennent en main !

La crise du coronavirus a fait éclater la montagne de problèmes économiques qui n’avaient été que repoussés depuis 2008. Nous entrons dans la pire crise économique depuis 1929. Des millions de travailleurs rejoignent aujourd’hui les rangs des chômeurs. D’après le FMI, la Belgique peut s’attendre à une récession de 6,9% en 2020 et à au moins 100.000 chômeurs en plus. Elio Di Rupo a déjà prévenu ‘‘Il faut être honnête, tout le monde va perdre une partie de ses revenus.’’

L’expérience de la crise de 2008 nous a douloureusement appris que chacun ne fait pas partie de ce ‘‘tout le monde’’. Pour sauver la classe capitaliste, ceux qui ont envoyé 172 milliards d’euros de Belgique vers les paradis fiscaux en 2019, l’argent n’a pas manqué. La facture, ‘‘tout le monde’’ l’a payée, c’est-à-dire les travailleurs et leur famille.

Il n’y a pas que pour la santé que l’on s’inquiète. “Entre la crainte de tomber malade et celle de perdre son emploi, il faut choisir”, résumait amèrement un travailleur de Colruyt sur 7sur7.be suite au décès d’un collègue, après avoir expliqué à quel point la direction de son magasin se moquait des mesures de distanciation sociale. En dépit des risques, nombreux sont celles et ceux dont la situation les pousse à espérer la fin du confinement et la fin du chômage technique, quitte à aller bosser la peur au ventre.

Passons à l’offensive !

Le mouvement des travailleurs doit se battre pour son propre plan de relance économique et sanitaire. Face aux menaces qui pèsent sur l’emploi, il faut assurer aux travailleurs que chaque entreprise qui procèdera à des licenciements collectifs sera expropriée et placée sous contrôle et gestion des travailleurs. Nous devons répartir le travail disponible par une réduction de la semaine de travail à 30 heures sans perte de salaire pour fournir à chacun un emploi aux conditions de travail équitables. Nous devons nous donner les armes pour faire face à la crise sanitaire, économique et écologique.

De tels mots d’ordres socialistes peuvent rapidement saisir l’imagination des masses. Des associations françaises de soignants ont récemment exigé la ‘‘réquisition des moyens de production’’ de médicaments et matériel. Hier, ce terme pouvait sembler d’une radicalité abstraite. Aujourd’hui, c’est une évidence.

Imaginons ce qui serait possible si un plan d’investissements publics massifs s’attaquait à la pénurie de logements sociaux, aux infrastructures sanitaires défaillantes, à l’isolation énergétique,… en créant des emplois socialement utiles avec un vrai salaire. Imaginons ce qui serait possible si un large et puissant secteur public de la recherche scientifique était à l’œuvre pour trouver un vaccin sur base de la coopération. C’est ainsi qu’on pourrait en finir avec le gaspillage d’énergie et de moyens engendré par la concurrence féroce entre multinationales pharmaceutiques. Imaginons ce qui serait possible si une approche planifiée était à l’œuvre pour que l’économie soit pensée et organisée pour répondre aux besoins de la population et non à la cupidité frénétique des actionnaires. Personne n’aurait à poser la question ‘‘sauver des vies ou l’économie’’.

Cela signifie le non-paiement de la dette publique, sauf sur base de besoins prouvés, l’expropriation et la nationalisation du secteur financier et de secteurs-clés de l’économie sous le contrôle et la gestion des travailleurs. De cette manière, l’argent ne manquera pas pour assurer le bien-être collectif.

Les murs les plus puissants tombent par leurs fissures

La crise du Covid-19 montre l’étendue de la faillite du capitalisme, mais aussi que les ‘‘héros’’ qui tiennent la société sur leur dos, ce sont les éboueurs, les infirmières, les conducteurs de train et de bus, le personnel d’entretien, celui de la distribution,… Personne n’a parlé des actionnaires comme d’une activité essentielle.

La situation actuelle est propice à la remise en question globale du système capitaliste. Nous devons nous enfoncer dans cette brèche avec audace. Sur le terrain syndical avec une riposte partant de la base pour défendre chaque emploi menacé, y compris par l’occupation des entreprises. Mais aussi sur le terrain politique en attaquant ouvertement la propriété privée des grands moyens de production et d’échange et en s’appuyant sur l’entrée en action des travailleurs et pas seulement sur leurs votes.

La perspective d’une transformation socialiste de la société renforcerait ce combat et pourrait en même temps être davantage popularisée. La faillite du capitalisme exige de défendre une alternative.

1) Le Soir, 13 avril 2020

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