Liège : Les pompiers en colère rendent leur prix du ''Liégeois de l'année''

Pour la défense de nos droits syndicaux, pour un contrôle réel des travailleurs sur leur intercommunale

Hier après-midi, place du Marché à Liège. Toutes sirènes hurlantes, les pompiers arrivent devant l’Hôtel de Ville, sautent des véhicules et allument un feu face l’Hôtel de Ville. A sa main, l’un d’entre eux détient ce prix reçu il y a deux ans, après que plusieurs d’entre eux aient risqué leur vie suite l’explosion de janvier 2010. A ce moment-là, les médias réservaient une place de choix l’héroïsme des soldats du feu. Comme nous l’explique un de ces travailleurs :  »quand les journalistes sont là, on peut compter sur les politiciens pour être présents, avec un beau sourire, mais pour résoudre nos problèmes, il n’y a plus d’accolades, plus de sourires, plus personne ! »

Peter, responsable de la communication pour le front commun syndical, nous explique rapidement la situation, alors que ses camarades s’affairent autour du feu.  »Il y a une bonne dizaine de jours, nous avons donné notre cahier de revendications. Nous contestons une mesure disciplinaire l’encontre d’un de nos camarades, nous exigeons d’améliorer le bien-être des pompiers travers la rénovation des bâtiments et l’amélioration de l’hygiène et, enfin, nous voulons une transparence réelle dans la gestion de l’intercommunale. On nous donne accès aux comptes de la société mais de façon très symbolique. En bref, nous ne savons rien avec précision, et c’est bien pratique pour la direction, afin de nous empêcher d’avoir des revendications salariales trop importantes par exemple. »

Il poursuit:  »Nous n’avons constaté aucune avancée. Depuis le début, c’est le blocage de la part du président de l’intercommunale, Serge Cappa (bourgmestre PS de Beyne-Heusay) Pire, il nous a menacés de nous bloquer notre salaire fin du mois. Et nos droits syndicaux alors? Comme l’intercommunale bloque, nous allons mener des actions directement devant les bourgmestres lors des conseils communaux. Mais il faut bien savoir que si nous partons en actions ainsi, nous assurons tout de même la sécurité de la population. Ce ne sont pas nous les irresponsables. »

Concernant la grève générale de ce lundi 30, il répond sans une hésitation.  »Bien entendu, nous serons en grève. C’est différent de l’action que nous menons aujourd’hui, mais il faut bien comprendre que dans les mesures du gouvernement, la pension des pompiers passe de 62 65 ans, pour des carrières dangereuses et très physiques. Alors oui, nous serons au côté des autres ce lundi. »

Après quelques minutes, les pompiers s’invitent dans les locaux de l’Hôtel de Ville pour y rendre ce prix présenté comme une marque de respect pour leur courage, et qu’ils ressentent maintenant comme un bête coup de pub pour des politiciens hypocrites. Du côté de la population, par contre, le respect est bien réel, et la solidarité avec les soldats du feu est limpide. Applaudissements et sourires parcourent la petite foule, et des rires aussi, quand les pompiers éteignent le feu avec l’aide des enfants.

Chacun comprend bien les risques qu’ils encourent pour la sureté de tous. Et puis, comme l’a dit une spectatrice de l’évènement d’un certain âge, en regardant la façade arrosée ;  »De toute façon, aujourd’hui, on a tous des raisons d’être en colère. »

Photos d’Emilie Heck

Un grand merci à Emilie et Marine, qui nous ont envoyés ces superbes photos.

Photos de Marine Dufaux

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