Cafouillages inacceptables ! Des vies sont en jeu !


Il n’a bien entendu jamais été question de lune de miel pour un gouvernement installé dans une telle crise. Pourtant, les médias dominants n’ont pas lésiné sur les éloges à l’égard de Sophie Wilmès afin d’entretenir l’illusion selon laquelle sa présence n’était pas tout simplement due au départ des grands pontes de son parti vers les institutions européennes quand l’incertitude dominait autour de la formation d’un gouvernement fédéral. Mais après les fleurs suivent inévitablement les pots, comme le dit l’adage flamand, ce gouvernement enchaîne les cafouillages inacceptables !

Par Anja Deschoemacker, édito de l’édition de mai de Lutte Socialiste

Dans les maisons de repos, le personnel est à genoux face à une pression insoutenable. Les tests de dépistage y font toujours défaut pour repousser l’incertitude et la peur. Plus d’un mois après le début de l’épidémie, 20.000 tests ont été dégagés pour les 200.000 résidents des maisons de repos, sans parler du personnel ! L’équipement de protection manque toujours cruellement pour protéger le personnel et les résidents, sans parler des visiteurs. Mais le gouvernement a annoncé que de nouvelles visites seraient autorisées. Est-il possible de donner encore plus l’impression de vivre sur une autre planète?!

Il s’ensuivit un spectacle douloureux qui montra qu’en dépit de l’implication de toutes les structures régionales de l’État dans le processus décisionnel (les maisons de repos figurent parmi les compétences régionales), aucune de ces structures n’a jugé nécessaire de consulter le secteur au préalable. Wouter Beke, le ministre responsable au sein du gouvernement flamand, n’a pas dépassé le stade où il n’avait ‘‘pas compris’’ que cette mesure serait annoncée comme une mesure immédiate. Finalement, le gouvernement a dû revenir sur cette mesure avant son introduction.

‘‘Ceci n’est pas un gouvernement’’ – mais le deviendra-t-il ?

Les pouvoirs spéciaux sont là pour faire fonctionner un gouvernement qui a tout sauf une majorité. Pour l’utilisation de ses pouvoirs, le gouvernement dépend du soutien des partis d’opposition qui ont voté la confiance, en particulier les partis sociaux-démocrates et verts. Un pas de trop aux yeux de cette opposition peut à tout moment conduire à un vote de défiance qui fait chuter le gouvernement. Il s’agit d’une coalition Vivaldi de facto, à laquelle le CD&V ne pouvait pas dire non sans maintenir le pays sans gouvernement en exercice dans la pire crise depuis les années 1930.

La NVA, leader du gouvernement flamand, est condamnée à regarder de loin. En boudant. Même la presse flamande de droite ne peut nier que ‘‘malgré la crise, le PS n’a pas lâché ses vetos sur la NVA’’. L’attitude de la NVA n’était en fait pas compatible avec la gestion de cette crise dans l’intérêt du système capitaliste lui-même.

Son impatience, à peine déguisée, à remettre l’économie sur les rails (quitte à ce que cela entraîne encore plus de décès) aurait inévitablement conduit à une protestation massive. Ailleurs, des partis bourgeois traditionnels responsables de l’austérité sauvage qui a frappé les différents pays après la crise de 2008 comprennent la nécessité d’adopter un visage social dans la situation actuelle. La NVA en est incapable. Le ministre flamand de l’éducation Ben Weyts insiste par exemple systématiquement – et avec l’arrogance qui lui est caractéristique – sur la réouverture imminente des écoles, sans que l’on sache comment procéder en toute sécurité. Comment maintenir la distance sociale dans des classes surpeuplées ? Comment éviter que les transports publics soient bondés ?

La classe capitaliste a un urgent besoin d’un gouvernement capable de maintenir l’apparence que ‘‘nous sommes tous dans le même bateau’’, capable de donner l’impression que ‘‘les épaules les plus fortes supporteront la plus grande contribution’’ et donc capable, à un peu plus long terme, de faire payer le coût de la crise à la majorité de la population sans entraîner une résistance sociale de la classe des travailleurs similaire à celle qui a éclaté dans les années 1930. Ce modèle de gouvernement ne correspond pas à la NVA, c’est celui qui colle à la peau du PS. N’entretenons aucune illusion : ce gouvernement à visage social devra être combattu avec acharnement si nous voulons éviter que la misère sociale ne frappe la population.

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