Grèce : Mouvement pour le non-paiement d’une nouvelle taxe d’habitation

En octobre 2011, juste avant d’être forcé à démissionner, le gouvernement grec du Pasok (équivalent grec du PS, NDLR) dirigé par George Papandreou avait annoncé l’instauration d’une taxe d’habitation par le biais de nouvelles factures d’électricité alors que les travailleurs grecs payent déjà annuellement plusieurs centaines d’euros de notes d’électricité.

Christina Ziakka, Xekinima (CIO-Grèce)

Pour tout retard de paiement de la taxe de plus de 40 jours, c’est la coupure nette de l’approvisionnement d’électricité, en plein hiver. Pourtant, avant même que cette nouvelle taxe ne soit instaurée, il y avait selon les données de la compagnie publique d’électricité (DEI) pas moins de 320.000 ménages grecs incapables de payer leurs factures d’électricité.

Les seuls à échapper à cette imposition sont les chômeurs qui perçoivent des allocations de chômage (c’est à dire 183.000 personnes sur un total d’environ un million, comme cette allocation de chômage n’est accordée qu’au cours des 12 premiers mois) ainsi que les handicapés qui ont un handicap supérieur à 80 %

La colère publique est rapidement devenue telle qu’elle a force des bourgmestres et des autorités locales à prendre des initiatives. Le bourgmestre de Nea Ionia (Athènes), un indépendant de gauche qui avait été soutenu aux dernières élections par Syriza et d’autres organisations de gauche (comme Xekinima, la section grecque du CIO), a appelé la population à refuser de payer cette taxe. Il a même organisé une assistance juridique et a déclaré que les électriciens qui travaillaient pour les autorités communales feraient raccorder l’alimentation électrique des ménages en cas de coupure par la compagnie DEI. Plus de 50 communes du pays ont pris des dispositions visant à soutenir ceux qui ne paient pas la taxe.

Initiatives

Le Syndicat des travailleurs de la compagnie électrique (qui dépend du secteur public) a ouvertement appelé tous les travailleurs de l’entreprise à refuser d’effectuer des coupures de raccordement dans les maisons populaires. Pendant plus d’une semaine, fin novembre 2011, ils ont occupé le bureau central de l’entreprise responsable des coupures d’électricité. Même le Syndicat des techniciens d’entreprises privées a publiquement déclaré qu’il ne procéderait à aucune coupure l’alimentation si on leur demandait de faire le ‘‘sale boulot’’ que les électriciens publics refusent de faire. Des dizaines d’autres syndicats ont exhorté leurs membres à activement soutenir le mouvement contre cette taxe d’habitation.

A côté de ça, de nombreuses initiatives ont été prises par des habitants. Dans certaines régions, des assemblées populaires mises en place par le mouvement des Indignés l’été dernier ont été ramenées à la vie pour organiser les actions de protestations sur ce thème. Toutefois, ces assemblées ou les comités de non-paiement qui ont été lancés sont encore restreints, et n’attirent essentiellement que des militants déjà actifs dans la gauche. Par contre, la réponse de la population est importante pour les réunions ouvertes organisées par les assemblées populaires.

Un certain nombre de sites de la DEI ont aussi été occupés, et des équipes de volontaires composées d’électriciens bénévoles ont été crées, de même que des équipes juridiques, pour aider la population à résister à cette taxe.

Ces développements ont bien entendu instauré une grande pression sur le gouvernement, forcé d’annoncer quelques concessions : le gel provisoire de toute coupure d’électricité et l’exonération des personnes jugées en incapacité de paiement. Ces concessions ne sont en réalité qu’un écran de fumée. Le gouvernement fera tout pour percevoir cette taxe, des coupures d’approvisionnement aux tribunaux.

Le gouvernement vise à récolter 2,9 milliards d’euros avec cette taxe au cours de l’année 2012 (la «troïka» – c’est-à-dire l’Union Européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international – a exigé d’être quotidiennement informée des progrès de la collecte). Mais, surtout, si le gouvernement ne parvient pas à percevoir cette taxe, la confiance du mouvement serait incroyablement renforcée et pourrait conduire au blocage de la politique d’austérité et au renversement du gouvernement. Le gouvernement et la machine de l’Etat peut vaincre des individus. Mais que peuvent-ils faire si 500.000 ou un million de ménages refusent de payer ?

Xekinima, la section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Grèce, est fortement impliqué dans cette campagne et défend la construction de comités de quartier, l’organisation de réunions et la défense de chaque ménage. Cette campagne doit aussi être liée aux autres luttes de la classe ouvrière et des mouvements sociaux, afin de se débarrasser du gouvernement grec et d’expulser la Troïka une fois pour toutes.

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