En ces temps de crise, les inégalités sociales sont plus apparentes et s’accentuent. Beaucoup de gens constatent aujourd’hui à quel point le secteur social est crucial dans la société.
- Ceci est une partie du programme plus global du PSL face à la crise du coronavirus auquel vous pouvez accéder en cliquant ici.
En moyenne, les personnes vivant dans la pauvreté ou l’insécurité ont une santé moins bonne que celles qui disposent d’un revenu décent, comme le démontre l’Annuaire sur la pauvreté et l’exclusion sociale 2019. Un Belge sur cinq vit dans la pauvreté et/ou l’exclusion sociale, malgré l’existence (menacée) de la sécurité sociale. Ce groupe de la population est plus exposé au risque de décès. Encore une fois : le capitalisme tue !
De nombreux usagers des services sociaux sont confrontés à l’exclusion par la propagation du virus. Les sans-abris ont actuellement le choix entre un abri où l’hygiène est limitée et vivre dans la rue où ils peuvent être infectés et infecter d’autres. De nombreuses personnes qui arrivent à peine à joindre les deux bouts chaque mois sont menacées de ne pas pouvoir payer leur loyer en raison de la perte de leur salaire et/ou de leur emploi. La moitié des Belges ne parvient déjà pas à économiser, et la précarité est énorme, ce qui conduit une part importante de la population à habiter un logement précaire ou en inadéquation avec les besoins familiaux. En période de confinement, cela se traduit par une augmentation des tensions familiales et de voisinage ainsi que de la violence domestiques.
De nombreux travailleurs sociaux prennent aujourd’hui d’énormes risques : des travailleurs de rue arpentent les quartiers avec des moyens limités, plusieurs refuges travaillent sans le moindre équipement de protection ni les infrastructures permettant de respecter les mesures de sécurité contre la contagion du covid 19. Face au manque de moyens, les travailleurs sociaux prennent pourtant de nouvelles initiatives de solidarité audacieuses pour sauver les plus grandes victimes du système, parfois au mépris de leur propre santé…
La commercialisation du travail social et les économies budgétaires réalisées ont encore réduit les salaires de ces travailleurs et les conditions de travail se sont détériorées : les travailleurs sociaux sont toujours envoyés en mission sans moyens, leurs contrats reposent souvent sur des subventions dont la reconduction n’est pas garantie : ils ne peuvent travailler dans la continuité. Le manque est tellement énorme que des directions opérationnelles comptent aujourd’hui sur le non-remplacement du personnel malade pour équilibrer les budgets des structures, au détriment des conditions de travail du personnel restant et de la prise en charge des usagers. Ce sous-investissement a aujourd’hui des conséquences dramatiques pour le travail social et ceux qui en ont besoin. Il suffit de penser à la récente annulation de l’aide psychologique et budgétaire aux CAW (centres sociaux en Flandre), alors que la demande augmente considérablement dans ce domaine.
La situation actuelle dévoile aussi le manque de personnel nécessaire à un accompagnement de qualité des personnes fragiles ou porteuses d’un handicap dans l’adoption des comportements nécessaires à contenir l’épidémie que ce soit dans les services d’aide à la jeunesse, de santé mentale ou d’aide à la grande précarité.
La crise révèle également l’inanité des politiques de contrôle et de répression qui ont infiltré les dispositifs d’aide sociale ces dernières décennies : que faire avec les personnes en séjour illégal qui n’osent pas faire appel aux organismes officiels ou toute la population qui préfère aujourd’hui renoncer à toute allocation plutôt que de subir le contrôle permanent des CPAS, quand ces publics devraient être l’objet d’un accompagnement renforcé afin de ne pas devenir des foyers d’infection ?
La seule solution structurelle pour éviter que les gens ne s’attirent des ennuis et deviennent un danger pour eux-mêmes et les autres est de retirer la richesse de la société des mains du secteur privé marchand afin d’organiser les services publics de base. Une véritable prévention des inégalités sociales, de la pauvreté et de l’exclusion sociale peut être réalisée lorsque ces services publics de base unissent démocratiquement les utilisateurs et le personnel pour répondre aux besoins fondamentaux de chacun.
Nous exigeons :
- L’arrêt des économies budgétaires dans le secteur social.
- Que le personnel bénéficie de tous le matériel de protection dont il a besoin pour lui et pour les usagers ainsi que des infrastructures de prise en charge adéquates au besoin par réquisition des infrastructures privées.
- Une prime de risque pour l’ensemble du personnel de ce secteur. En cas de maladie, cette prime de risque doit continuer à être intégralement versée sous forme de prime de maladie.
- L’arrêt de la commercialisation du travail social.
- Des investissements publics massifs dans le secteur permettant les engagements massifs nécessaires à une prise en charge de qualité des usagers, des contrats pérennes pour les professionnels du secteur dans le public comme dans le privé et des revalorisations salariales qui reflète l’utilité sociale des travailleurs sociaux.
- La fin des procédures de contrôle et de contrainte des allocataires qui vont à l’encontre des missions premières des travailleurs sociaux.
- La régularisation de tous les sans-papiers pour protéger toute la population en lui donnant accès aux soins de santé.
- La réquisition de chambres d’hôtels ou de centres de loisir, avec indemnisation sur base de besoins prouvés, en prévoyant des espaces séparés pour de potentiels malades mis en quarantaine, afin d’y loger les sans-abris et les sans-papiers dans de bonnes conditions, dans la perspective d’un plan massif de construction de logements sociaux, y compris par la saisie de bâtiments inoccupés à des fins spéculatives, une fois la période de confinement passée.