Rompre les liens entre les directions syndicales et les partis de l’austérité MAINTENANT !

Le gouvernement Di Rupo 1er a déjà engrangé un beau record : celui du gouvernement belge à avoir été le plus vite confronté à une grève générale de l’histoire ! Comme le disait Nico Cué, le président des métallos de la FGTB pour la Wallonie et Bruxelles, en titre de son édito du 9 décembre, ce gouvernement c’est ‘‘Un ‘‘socialiste’’ au ‘‘16’’ [rue de la Loi, siège du Premier ministre], le socialisme au tapis.’’ Pourquoi encore entretenir la moindre illusion envers le rôle joué par le PS ?

Peu avant le nouvel an, on a pu découvrir dans les pages du Soir et du Standaard, dans le cadre d’une série consacrée à la formation du gouvernement, que le formateur avait à de nombreuses reprises rencontré les membres de l’Action Commune durant l’automne. Celle-ci regroupe historiquement la FGTB et son pendant néerlandophone l’ABVV, le PS, le SP.a et les Mutualités socialistes francophones et flamandes. Le président de la FGTB wallonne, Thierry Bodson, a déclaré à ce sujet que "Elio avait un grand cahier devant lui, il nous donnait la liste des horreurs. On disait que c’était la ‘cata’ et lui répondait que ce n’était pas possible de faire autre chose! A aucun moment, il n’y a eu vraiment concertation." Un négociateur a dit aussi que les experts du PS étaient en liaison étroite avec le service d’études de la FGTB. Conclusion : les directions syndicales étaient parfaitement au courant des mesures qui allaient tomber, et contre lesquelles les militants ont fait grève par la suite. Ils savaient aussi qu’aucun changement significatif n’allait arriver dans la feuille de route du gouvernement en formation.

Reste que, entre le 4 juillet, date à laquelle Di Rupo a publié sa note de négociation, et le 15 décembre, date de la concentration syndicale du Heysel, fort peu de choses ont été faites pour se préparer au combat. A tel point que le lendemain de la concentration syndicale, dans les pages du Soir, la première question posée par les journalistes à Anne Demelenne (secrétaire générale de la FGTB) et Claude Rolin (secrétaire générale de la CSC) était : ‘‘Vous mobilisez un peu tard non ?’’ (16/11/11)

Cette relation étroite entre la direction la FGTB et le parti d’austérité qu’est le PS sape totalement l’idée que le dialogue social est passé par-dessus bord et que les syndicats ne savaient pas quelles mesures allaient venir. Mais cela sape aussi la crédibilité des protestations massives contre ces mesures, connues à l’avance du sommet syndical.

Les partenaires de l’Action Commune, nous les connaissons. Tout juste après la manifestation syndicale nationale du 2 décembre, le vice-premier ministre Johan Vande Lanotte (SP.a) avait déclaré dans les pages du Soir : ‘‘Avant même d’avoir un gouvernement, on a déjà manifesté ! On est déjà en train de préparer la grève. Ce n’est pas comme ça que marche, une démocratie ! […] Évitez de vous mettre hors-jeu ! Restez dans le jeu ! Deux millions d’affiliés… Cela donne des responsabilités’’ (6/12/2011). En gros : laissez nous vous plumer, s’il vous plait… Est-ce avec ce genre de personnage qu’un syndicat de combat doit entretenir des liens ? Nous ne le pensons pas, et sommes loin d’être les seuls.

Dans son édito du 9 décembre, Nico Cué concluait que ‘‘le PS est tout heureux d’être «responsable» et d’avoir «sauvé les meubles». Ceux de Laeken? Les travailleurs vont payer cash l’exorbitant loyer du «16, rue de la Loi». Ce n’est pas ce qu’ils voulaient. A gauche, nous avons besoin d’une politique de gauche. Comme de pain. D’une gauche offensive. D’une gauche qui rende les coups plutôt que de les encaisser. D’une gauche qui fasse changer la peur de camp. D’une gauche qui permette enfin d’envisager pour nos enfants un avenir meilleur que leur présent.’’ En disant cela, il traduit un sentiment qui vit particulièrement fort à la base de la FGTB, mais aussi de la CSC. Ainsi, lors de la grève générale des services publics du 22 décembre dernier, des militants de la CNE s’étaient rendus devant les locaux du PS à Bruxelles, Boulevard de l’Empereur. Ils étaient venus dénoncer que ce parti, pour lequel de nombreux militants de la CSC avaient voté, est devenu bien libéral. La police avait essayé de les déloger.

Que peut-on encore attendre d’un parti comme le PS, dont les fédérations ont approuvé à la quasi-unanimité l’accord gouvernemental fédéral et la participation du PS à la tête de l’austérité ? Qu’est ce que ça vaut encore un parti ‘‘de gauche’’ qui applique une politique de droite ? Plan Global, déduction des intérêts notionnels, Pacte des Générations, ‘‘chasse aux chômeurs’’, sous-financement de l’enseignement,… la droite aurait eu bien plus de mal si le PS s’était trouvé dans la rue à organiser la lutte plutôt qu’à appliquer ces politiques aux Parlements et aux gouvernements !

La ‘‘politique du moindre mal’’ a constitué la meilleure façon d’instaurer des mesures néolibérales par la manière ‘‘douce’’. C’est sur cette base que le SP.a n’attire déjà plus que 13% des voix en Flandre. La gauche officielle y a pratiquement disparu de la scène politique, et le vote anti-establishment s’exprime maintenant avec Bart De Wever. A-t-on vraiment envie que cette situation s’étende à tout le pays ?

Il faut rompre les liens qui unissent les syndicats aux partis d’austérité, et MAINTENANT ! N’importe qui sait très bien que l’on ne part pas vers une victoire facile en allant se battre une main liée au dos. Les luttes syndicales ont besoin de disposer de leur propre outil politique, d’un prolongement pour leurs revendications. Le PS et le SP.a sont tout le contraire de ce prolongement. Cela signifie qu’Anne Demelenne et Rudy De Leeuw doivent prendre leurs distances des réunions de Bureau du PS et du SP.a. Rudy Deleeuw doit aussi quitter la présidence du SP.a à Denderleeuw, ville où le SP.a est en coalition avec entre autres… la NVA !

Tant que les syndicats renverront leur base vers le PS, le CDh ou Ecolo, le populisme menacera. Les syndicats doivent rompre leurs liens avec les partis  »amis » et construire un vrai parti des travailleurs avec des hommes politiques qui bossent au salaire d’un collègue, pas à celui d’un manager. Ils n’existent pas ? Prenons-les hors des dizaines de milliers de militants syndicaux qui s’engagent quotidiennement sans aucun intérêt personnel !

Un tel parti des travailleurs doit être pluraliste et ouvert à tous ceux qui veulent lutter contre cette politique qui rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. En Flandre, Rood !, le mouvement d’Erik de Bruyn (ancien candidat à la présidence du SP.a, qui vient de quitter ce parti) est un essai en cette direction. A Bruxelles et en Wallonie, ce potentiel existe aussi. Il est urgent d’aborder largement cette question.

[VIDEO] Action de la CNE devant les locaux du PS

[VIDEO] La police intervient lors de l’action de la CNE aux portes du PS

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