La politique européenne de libéralisation menace 5000 emplois à bpost

La politique européenne de libéralisation est des plus néfastes pour nos services publics, et le personnel de la poste peut déjà particulièrement en témoigner. Chaque année est un nouveau bain de sang social avec une réduction drastique du personnel tandis que les ‘‘réformes’’ se succèdent rapidement. L’élément central a systématiquement été d’augmenter la flexibilité et la dégradation progressive de la prestation de service aux utilisateurs. Mais ce n’est pas encore fini et de bien sombres nuages sont encore à l’horizon.

Après la fermeture de nombreux bureaux de poste et l’augmentation de la flexibilité des postiers via les divers plans ‘‘Georoute’’, il semble maintenant que tout cela n’est pas suffisant pour la Commission européenne ! Cette dernière examine actuellement le soutien des autorités à bpost, et l’entreprise pourrait avoir à rembourser des centaines de millions d’euros. Même le subside public annuel de 321 millions d’euros pour mission de service public (paiement des pensions à domicile, distribution du courrier électoral, vente de timbres d’amendes et distribution de journaux) est en pleine ligne de mire. En tout, ce ne sont pas moins de 5.000 emplois qui sont menacés.

Ces dernières années, bpost nous a été présenté comme l’exemple type de la politique de libéralisation. En un temps record, les attaques se sont succédées contre la prestation de service et le personnel. En réaction, différentes grèves locales ont eu lieu, bureau par bureau, pour lutter notamment contre l’introduction des plans Georoute ou encore contre la fermeture de bureaux de postes. Hélas, il n’y a pas eu de véritable lutte nationale unifiée, et toutes ces mesures ont finalement pu être imposées.

Le résultat de cette politique de casse sociale est une entreprise rentable – dont une part importante du profit réalisé s’envole vers les caisses de l’actionnaire privé CVC – avec un topmanager de haut vol avec un salaire extravagant et moins de personnel, des conditions de travail plus éprouvantes et une qualité de service diminuée. Pour la Commission européenne, ce n’est pas encore suffisant.

Le quotidien économique L’Echo / De Tijd a dévoilé que des documents internes circulent dans les cercles gouvernementaux au sujet d’une enquête européenne consacrée à l’aide ‘‘illégale’’ de l’Etat, ce qui menace directement 5.000 emplois. Sans le soutien du gouvernement, la livraison des journaux et des retraites est mise en péril, et la distribution de journaux concerne à elle seule 2500 emplois.

En 2010, le nombre d’équivalents temps plein (ETP) a chuté pour la première fois sous les 30.000. En 2008, il y avait une moyenne de 31.460 travailleurs, pour 30.030 en 2009 et 29.324 en 2010. Cela signifie donc qu’il y a eu une diminution de 1430 emplois et puis une autre de 706. En sept ans, 12.000 emplois ont disparu, et la direction veut en faire disparaitre 6300 autres d’ici 2017. Ce carnage social provient du fait que le personnel n’est pas entièrement remplacé quand il part en retraite. Des 2000 départs naturels en pension, seule la moitié est remplacée, avec des conséquences très négatives. Mais de juteux profits sont ainsi réalisés dans le service public. Pour l’exercice 2010, 209,6 millions d’euros de bénéfice ont été versés aux actionnaires, pour un bénéfice total d’exploitation de 319,2 millions d’euros. Le CEO de bpost, Johnny Thijs, s’est quant à lui mis 1,07 million d’euros en poche.

Au-delà du massacre annuel ‘’habituel’’ sur l’emploi, la Commission européenne veut donc s’en prendre à 5000 autres. Plutôt que de couper dans les dividendes aux actionnaires, la Commission souhaite s’attaquer au personnel. Selon la direction de bpost, cela n’est pas encore à l’ordre du jour, le rapport de la Commission européenne n’étant pas encore terminé. Les syndicats ont eux aussi déclaré que les nouvelles publiées dans L’Echo sont ‘‘très prématurées’’.

Il est vrai qu’aucune décision n’a encore été prise, mais la direction du processus de libéralisation est on ne peut plus claire. Peut-être bien que cette attaque contre les emplois n’arrivera pas, mais si nous nous ne faisons rien, cette logique sera exécutée. La direction n’a jamais hésité à sabrer joyeusement dans l’emploi et les conditions de travail ‘‘au nom de l’Europe’’. Le gouvernement perçoit chaque année environ un tiers de l’aide publique en retour sous forme de dividendes tandis que les actionnaires privés ont pu se mettre en poche des centaines de millions d’euros ces dernières années. Et c’est cette logique que veut appuyer la Commission Européenne. Un marché postal libéralisé signifie que des bénéfices doivent être faits. Point.

La meilleure manière d’assurer de pouvoir éviter toute nouvelle attaque éventuelle est d’enfin organiser sérieusement l’opposition aux politiques de libéralisation ainsi que la résistance au bain de sang social annuel de bpost. La livraison de courrier est un service public et non pas une vache à lait pour les actionnaires privés, ce qui signifie un service de qualité et centralisé, effectué par des travailleurs aux bonnes conditions de travail et avec de bons salaires.

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