Le 19 novembre dernier s’est clôturé l’événement ‘‘Anvers, capitale européenne de la jeunesse’’. Le Conseil communal avait fait beaucoup de bruit autour de cela, et semblait très fier, mais la majeure partie de la jeunesse anversoise n’a strictement rien remarqué. Cet exemple illustre merveilleusement la politique des grandes villes partout dans le pays.
Les quelques activités organisées étaient retranchées dans des lieux très branchés où la participation coûtait beaucoup d’argent. En fait, il s’agissait plutôt d’activités ‘‘Anvers, capitale européenne de la jeunesse dorée’’ avec des boissons et des entrées tout bonnement hors de prix pour la majorité des jeunes.
Que la ville essaye par tous les moyens de se construire son prestige auprès de la jeunesse ‘‘bling-bling’’ n’a aucune incidence positive pour la jeunesse dans son sens général. Au quotidien déjà, ceux dont le pouvoir d’achat est important peuvent aligner les sorties- ciné, au restaurant, en boîtes,… Et les autres peuvent toujours bien se caler leur main sous le menton, accoudés à la table de leur kot.
Si jamais les jeunes moins nantis veulent faire la fête à l’extérieur, toute une série de mesures existent à Anvers pour leur donner envie de rentrer chez eux, avec différentes amendes administratives pour incivilités diverses (bruit,…) pouvant atteindre les 250 euros. Bref, les endroits de sorties sont hors de prix, et occuper la voie publique avec des amis peut se révéler tout aussi cher. A Anvers, le taux de chômage des jeunes est particulièrement élevé (24,7%, soit le double de la moyenne dans toute la Flandre). Dans les médias, on entend souvent que les jeunes sont bruyants, des vandales,… Mais les perspectives d’avenir se réduisent souvent au chômage, et les services publics de loisirs sont inexistants.
L’argent n’existe pas pour développer des maisons de quartiers et des centres de jeunesse de qualité avec suffisamment de personnel pour prendre les jeunes en charge. Par contre, les grands projets de prestige ne manquent pas. Bref, il n’y a rien à faire dans les quartiers, et descendre dans le centreville, c’est bien souvent se retrouver à la porte, frustrés. A Anvers, tout comme dans toutes les villes universitaires, se pose d’ailleurs encore la question du prix des kots étudiants, bien souvent inabordables.
Organiser une réelle politique de la jeunesse, cela signifie d’organiser des évènements accessibles à tous les jeunes, de soutenir les services sociaux, l’accès à un enseignement de qualité, le développement de structures sportives et de loisirs bon marché et de stopper la politique de ghettoïsation de nos villes, où les couches les plus précaires sont livrées à elles-mêmes.
C’est dans cette logique qu’une marche funèbre a été organisée en décembre à Anvers, symbolisant la mort de toute réelle politique pour la jeunesse : Antwerp Youth Break Out!