Pourquoi tellement de Flamands votent-ils à droite ?

Le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken. Photo : Wikimedia Commons

Les Flamands ‘‘irrémédiablement marqués à droite’’ ? L’idée est bien pratique pour les politiciens de droite bien entendu, mais d’autres la partagent. Au vu des résultats électoraux, ce n’est pas faux. Les derniers sondages placent la N-VA et le Vlaams Belang à environ 50% des voix ensemble.

Le manque de moyens fait craquer la société de toutes parts, y compris en Flandre. Une large majorité de la population y est favorable à l’augmentation des budgets pour les soins de santé, l’enseignement, les infrastructures et les transports publics. Cela se remarque notamment au soutien dont bénéficient des mobilisations sociales telles que les grèves et les manifestations.

Ces préoccupations reçoivent une attention rachitique dans les médias établis et ne sont pas fortement présentes sur le terrain politique, notamment parce qu’il n’existe pratiquement plus de gauche politique conséquente. L’équivalent du PS en Flandre, le SP.a, est encore plus néolibéral. Son actuelle opération de renouvellement ne dépassera pas le stade de l’élection d’un nouveau manager pour la ‘‘marque’’ SP.a. Groen a tellement fait sienne la logique néolibérale qu’il n’inspire plus confiance. Heureusement, il y a le PVDA/PTB, un parti qui défend un message différent mais qui, en ce qui nous concerne, pourrait être bien plus audacieux. Les voix syndicales qui défendent le progrès social pourraient également se faire plus régulièrement entendre.

Et quand la gauche est pratiquement absente du débat public, les gens votent pour d’autres partis. La N-VA s’est d’abord présentée comme une ‘‘force du changement’’. Et quand il a commencé à être clair qu’il s’agissait d’un mensonge, le Vlaams Belang a fait son retour en instrumentalisant le mécontentement suscité par la politique antisociale de la N-VA et l’orienter vers le racisme. C’est d’autant plus facile à faire puisque la N-VA a tout fait pour banaliser le rejet des migrants.

Dans le quotidien De Standaard, un journaliste a fait remarquer que les électeurs du Vlaams Belang ‘‘se préoccupent moins de l’identité ou de la population que des arguments d’ordre financier : leur petite pension ou leurs impôts alors que ‘‘ces étrangers’’ reçoivent tout gratuitement (ce qui n’est pas vrai, comme on le leur répète).’’ Mais la droite ou l’extrême droite ne défendent pas de revendications telles que l’augmentation des pensions. Leurs inquiétudes sociales ne leur servent qu’à semer la discorde.

Le mouvement des travailleurs peut reconquérir ces électeurs en allant à l’’offensive sur ces questions. Les nécessités collectives de la lutte imposent une évidence : ce qui nous divise (le racisme, le sexisme ou l’homophobie) nous affaiblit. C’est par la lutte que le mouvement des travailleurs peut donner le ton dans le débat public. Le potentiel est là : après tout, les préoccupations sociales sont tout aussi fortes que dans d’autres régions du pays.

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