Dépénalisation de l’avortement : sans lutte, aucune victoire


Pour la deuxième fois en deux ans, le projet de loi visant à dépénaliser l’avortement et à prolonger la période à 18 semaines semble être victime d’un calcul politique. En 2018, les partis libéraux ont opté à la dernière minute pour un accord à faire conclure au gouvernement fédéral suédois. Celui-ci n’était qu’un statu quo qui leur a évité de soutenir la proposition de dépénalisation qui était alors sur table. Aujourd’hui, c’est Paul Magnette qui affirme dans Le Soir qu’il est « prêt à en parler dans un gouvernement plutôt qu’au parlement » pour tenter de persuader le CD&V de rejoindre un gouvernement arc-en-ciel élargi au CD&V.

Réaction de la Campagne ROSA

Le projet de loi qui a été discuté ces dernières semaines a été soutenu par PS/Spa, MR/Open VLD, Ecolo/Groen, PTB/PvdA et Défi, partis qui représentent ensemble une majorité à la Chambre. Mais l’histoire semble se répéter. Parler au CD&V « dans un gouvernement » au lieu de chercher une majorité au parlement, cela signifie que le projet de loi sera enterré. Seul le PTB/PvdA semble pour l’instant défendre un vote afin d’éviter que ce projet de loi ne soit sacrifié dans la formation d’un gouvernement fédéral sans la NVA.

Le projet de loi en question est favorable à une dépénalisation de l’avortement, à l’extension du délai à 18 semaines et à une réduction du délai de réflexion d’une semaine à 48 heures. De cette manière, les partis qui l’ont présentée entendent mettre fin à la situation dans laquelle, chaque année, des centaines de femmes doivent se rendre à l’étranger pour pratiquer un avortement, une solution drastique mais surtout coûteuse et inaccessible aux femmes les plus pauvres. La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) soutenait cette initiative mais, comme en 2018, il semble bien que cela n’aboutira à rien.

La Campagne ROSA soutient donc le PTB/PvdA et ses efforts pour que le projet de loi soit voté avant que les partis de l’arc-en-ciel ne se rétractent pour former un gouvernement fédéral. Nous pensons que la seule façon de progresser sur cette question – comme sur d’autres – est d’organiser une véritable pression pour que des partis comme le PS, le Spa, l’Open VLD et le MR ne puissent pas simplement s’en débarrasser. Tant que la discussion sera limitée au parlement, sans réelle mobilisation de la rue, les droits des femmes seront sacrifiés sur l’autel du calcul politique.

La Campagne ROSA appelle donc le PTB/PvdA, toutes les organisations féministes et les autres partisans de la dépénalisation à mettre sur pied une campagne militante, avec des actions et des manifestations, qui augmentera la pression sur les partis de l’arc-en-ciel de même que le prix électoral à payer pour leur trahison. C’est le seul moyen d’empêcher ces partis de continuer leurs jeux politiques cyniques en instrumentalisant un droit fondamental des femmes, à savoir le droit de pouvoir librement disposer de son corps.

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