Ne nous limitons pas aux tribunaux pour lutter contre le sexisme

Le quotidien ‘De Standaard’ du vendredi 13 décembre a publié une carte blanche de plusieurs organisations féministes. Dans cet article, Furia, le ‘Vrouwenraad’ (Conseil des femmes en Flandre), Ella et RoSa VZW appellent à la correctionnalisation des déclarations sexistes écrites dans le cadre de la loi anti-discrimination. La correctionnalisation signifie qu’un crime peut également être poursuivi et donc puni sans une procédure lourde devant la Cour d’assises. Jusqu’à présent, cela n’est possible que pour les déclarations orales, telles que celles de Jeff Hoeyberghs, ce qui signifie que les discriminations écrites ne sont en pratique pas poursuivies.

La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) soutient chaque pas juridique réalisé pour combattre le sexisme. La correctionnalisation des déclarations sexistes écrites contribuerait à limiter la propagation du discours sexiste.

Selon nous, il reste cependant essentiel de mener parallèlement le combat dans la rue, sur les campus et sur les lieux de travail afin de s’en prendre aussi au terreau sur lequel prolifère le sexisme. Les déclarations sexistes ne sont que les symptômes d’un sexisme structurel profondément enraciné dans la société, ce contre quoi le recours à la justice isolée n’offre pas de solution complète.

Par exemple, l’égalité juridique obtenue entre femmes et hommes est encore loin de résoudre les inégalités économiques et sociales. En Belgique, l’écart de rémunération est toujours de 21%. Dans notre système économique néolibéral, le travail des femmes est encore considéré comme une « prime » qui s’ajoute au salaire masculin. Cette situation place de nombreuses femmes dans une situation de dépendance économique et/ou matérielle vis-à-vis des hommes.

Un autre exemple est la loi contre le sexisme de 2016, qui est également mentionnée dans la carte blanche. Elle offre la possibilité de punir les individus qui harcèlent les femmes. Mais qu’en est-il de l’industrie de la publicité, qui utilise les corps des femmes pour vendre tout et n’importe quoi ? Pour faire des profits, le corps des femmes est présenté comme un objet.

L’utilisation systématique du corps des femmes dans la publicité, combinée à la situation de dépendance financière de nombreuses femmes, a un impact énorme sur l’image et la place des femmes dans la société. Cela favorise la violence et la culture du viol, en présentant les femmes comme des objets à utiliser selon son bon vouloir. La question n’est donc pas seulement de savoir quelles sanctions sont nécessaires pour les individus, mais aussi comment nous nous attaquons à la base sociale qui nourrit le sexisme.

Une société où tout est utilisé pour réaliser le plus de profits possible reposera toujours sur l’oppression et la majorité de la population en paiera le prix. C’est pourquoi la Campagne ROSA lutte pour l’indépendance socio-économique des femmes et donc également contre la logique de profit du capitalisme.

Les avancées juridiques n’auront réellement leur effet que si elles s’accompagnent d’un mouvement actif et militant, de terrain, qui s’attaque également au terreau fertile pour les discriminations. C’est ce à quoi nous voulons nous consacrer. En 2017, à Gand, nous avons commencé à développer la Campagne ROSA, en appelant à une marche contre le sexisme le 8 mars pour la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Nous avons alors pu renouer avec des traditions mises de côté durant de nombreuses années, celles d’un 8 mars militant et combatif.

La Campagne ROSA se réjouit que, pour le 8 mars 2020, qui aura lieu un dimanche, une manifestation nationale contre le sexisme prendra place à Bruxelles. Nous invitons tout le monde à y participer.

Une semaine plus tard, le samedi 14 mars 2020, une autre marche aura lieu à Gand. Le 14 mars sera la Journée de l’égalité salariale, une journée idéale pour lutter en faveur de meilleurs salaires, de l’égalité salariale, de pensions qui permettent de vivre décemment, etc. Bref, des mesures socio-économiques qui touchent tout le monde et sont essentielles dans la lutte pour l’émancipation des femmes.

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