Seule l’action unie et large des travailleurs peut mettre fin au régime dictatorial
La commission gouvernementale a passé toute la journée en enquêtes autour de Janaözen. Les participants aux actions de ce vendredi sont arrêtés en masse, et la police cherche à identifier les meneurs. De nombreux cadres syndicaux et militants connus se cachent, les jeunes travailleurs continuent à résister. Les forces de la police organisent des charges criminelles, les gens sont attrapés dans les rues et amenés dans des “centres de filtration”. Selon les travailleurs, jusqu’à 1500 civils désarmés s’étaient rassemblés dans le centre ville ce samedi, mais ont de nouveau été chassés au soir. La ville est pleine de soldats, de fourgons blindés et de policiers.
CIO, Russie et Kazakhstan
Janaözen est complètement bloquée
Pour en savoir plus
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- Au Kazakhstan, la résistance contre le régime dictatorial grandit (19/10/10)
Actions de solidarité
Belgique : la dictature kazakhe également à l’œuvre à Bruxelles ?
De pacifiques supporters qui voulaient soutenir les travailleurs du pétrole au Kazakhstan et dénoncer la répression à l’œuvre dans ce pays au régime dictatorial ont implacablement été arrêtés lors du match de ce vendredi 7 octobre entre les Diables Rouges et l’équipe du Kazakhstan. Le pouvoir dictatorial du Président Nazarbayev s’étend apparemment jusqu’à Bruxelles…
- Un parlementaire européen condamne l’arrestation des supporters
- Match Belgique-Kazakhstan, les droits démocratiques sont-ils hors-jeu ?
- Allemagne : Protestations en solidarité avec les travailleurs du pétrole en grève au Kazakhstan (08/09/11)
- Suède : Action de solidarité avec les grévistes du Kazakhstan (01/09/11)
- Pologne : Solidarité avec les luttes des travailleurs du pétrole au Kazakhstan! (30/08/11)
- Bruxelles : Action contre la répression au Kazakhstan (30/03/11)
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Malgré cela, à part les travailleurs du pétrole, leurs familles et leurs sympathisants sont eux aussi dans les rues à la recherche de leurs proches, dont beaucoup manquent à l’appel. Les autorités refusent de remettre les corps des personnes tuées, les hôpitaux de Janaözen et d’Aqtau croulent sous les blessés. Il y a plein de vidéos qui montrent cela. Le personnel des hôpitaux utilisent la moindre excuse pour virer les blessés qui peuvent toujours marcher, afin de donner la priorité à ceux qui ne le peuvent plus, mais il n’y a pas assez de lits et donc les gens sont un peu partout étendus dans les couloirs.
Selon les représentants des syndicats indépendants, le nombre de décès est toujours évalué entre 50 et 70 personnes, mais ce chiffre sera clarifié demain, lors de la réunion organisée pour tous ceux dont des parents ont été tués ou ont disparu.
Le président Nazarbayev a imposé l’état d’urgence dans la ville jusqu’au 5 janvier ; celle-ci est complètement bloquée. Mais dans les faubourgs et les villages avoisinants, tandis que la nuit se fait plus sombre, on entend le son de fusils et de grenades. Les jeunes travailleurs ne sont pas prêts à abandonner la résistance. Les témoins tentent de filmer ces “opérations spéciales” sur leurs téléphones. Dans la ville, les lampes sont éteintes, le réseau téléphonique est bloqué, de même que l’internet. Malgré le fait que le centre est occupé par les troupes, aucune station de pompage de pétrole d’ÖzenMunayGaz ne fonctionne.
Le village de Shetpe en flammes
Cela fait des heures que les combats font rage à Shepte, même si cinq bus supplémentaires remplis de troupes d’élite ont été envoyés ! Les résidents ont complètement arrachés les rails du chemin de fer, ont bloqué deux trains de passagers, coupant toute communication ferroviaire, et mettant le feu aux wagons. Il n’y a plus aucune connexion à ce village, ni vers le village de Jetibay, dans lequel une autre bataille a eu lieu plus tôt dans la journée. Les représentants du syndicat indépendant d’Aqtau tentent de s’y rendre afin de voir quelle y est la situation.
Selon des sympathisants dans l’armée et les forces de police, en plus de 7 avions remplis de troupes anti-émeutes déjà à Aqtau, 3 autres sont en route. On vient d’annoncer que le Bélarus va lui aussi envoyer certaines de ses troupes d’élite. La police anti-émeute a reçu la pleine liberté d’action, c’est-à-dire le droit de tirer chaque fois qu’ils le jugent nécessaire, y compris sur des femmes enceintes et des enfants. On rapporte aussi que dans quelques semaines aura lieu l’exécution des plus dangereux militants aux yeux du régime d’Astana – déjà qualifiés de terroristes.
Toute une série de journalistes russes ont atterri à Aqtau, on espère qu’ils seront capables de prendre les photos, vidéos, etc. nécessaires afin de faire connaitre la véritable situation dans la ville. Nous continuerons à suivre les événements et à garder le contact avec les militants ouvriers et les syndicats indépendants dans la région.
Il est encore trop tôt pour prédire dans quel sens va évoluer la situation. Une chose est sûre – la petite fête prévue par Nazarbayev pour célébrer les 20 ans d’indépendance du pays est complètement ruinée. À Astana, Nazarbayev a donné un long discours peu convaincant sur la nécessité d’organiser des élections “libres, équitables et transparentes, comme en avril”. Mais même les opposants de son propre cercle commencent à s’inquiéter de la situation.
L’ex-beau-fils de Nazarbayev, qui est maintenant en exil en Autriche, prévient : »Ne suivez pas la destinée tragique de Ceausescu et de Kadhafi… tant que vous êtes encore au pouvoir, responsable des actions de la police, arrêtez tout de suite le meurtre du peuple kazakh. Aujourd’hui, vous avez franchi la ligne au-delà de laquelle vous ne pouvez pas rester président : vous avez donné l’ordre de tirer sur le peuple kazakh. Ne suivez pas la voie de Kadhafi, arrêtez de faire couler le sang des innocents. »
Le congé de quatre jours décrété à l’occasion de la fête de l’indépendance se prolonge. On ne saura si les manifestations continuent à se développer et s’étendent à tout le pays qu’à la fin de ce long week-end. Mais même si, pour l’instant, le régime parvenait à reprendre le contrôle de la situation, ces événements l’ont très fortement ébranlé.