Optimisme et détermination au 16e Congrès national du PSL

Le Congrès national du PSL est organisé tous les deux ans, l’année intermédiaire comprenant les différents Congrès régionaux du parti. Notre 16e Congrès national a eu lieu du 15 au 17 novembre, en présence de 120 délégués issus de toutes les sections du parti en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles. Les participants ont intensément discuté des perspectives mondiales et de la situation politique et sociale en Belgique, pour terminer par une session consacrée à la construction du parti. Ce Congrès clôturait une période de discussion de 6 semaines qui a été menée dans toutes les sections sur base de divers documents spécifiques qui ont été amendés au Congrès.

Ce Congrès était exceptionnel à plus d’un titre. Nous nous trouvons au milieu d’un point tournant dans la situation objective internationale, au beau milieu d’un processus où il est très difficile de voir comment les choses vont se développer avec précision. Il suffisait de voir le nombre d’événements majeurs survenus entre le moment où le premier document de discussion a été envoyé aux sections et la tenue du Congrès !

Le mouvement global pour le climat représente la plus grande mobilisation internationale de la jeunesse depuis le mouvement anti-guerre de 2003. Au même moment se développe une vague de protestations mondiales inédite depuis l’année 2011, année du processus de révolution et de contre-révolution au Moyen Orient et en Afrique du Nord, du mouvement Occupy ou encore de celui des Indignés. Et alors que nous étions en plein Congrès, l’Iran a lui aussi été saisi par les protestations de masse !

Dans cette vague se trouve l’Amérique latine, une région à nouveau plongée dans un processus dynamique de révolution et de contre révolution tout comme au début de ce siècle. Mais à la différence de l’époque, les pays de la région ne sont plus seuls en révolte. A tout cela s’ajoute encore un puissant mouvement international pour l’émancipation des femmes et contre la violence de genre.

Ces processus se caractérisent notamment par un très fort sentiment instinctif d’internationalisme et un sentiment d’urgence. Et alors que la vague internationale de 2011 se concentrait essentiellement sur l’appel à la ‘‘démocratie réelle’’, on a ici un processus plus radical, avec un fort sentiment antisystème voire même anticapitaliste. Nous n’avons pas encore atteint le niveau de conscience des années ’70 ou ’80, principalement en raison de la faiblesse du mouvement ouvrier sur les plans politique et syndical, mais les masses peuvent apprendre très vite. La grève est devenue une arme à l’efficacité reconnue dans les divers mouvements, comme pour le climat et l’émancipation des femmes, tandis que des grèves générales ont éclaté à l’initiative ou non des directions syndicales en Algérie, au Soudan, à Hong Kong, au Brésil, en Argentine, en Equateur,…

Ceux qui pensaient que l’Amérique latine avait viré à droite doivent revoir leur copie. Tout comme ceux qui estimaient le Moyen Orient débarrassé du virus du soulèvement de masse. Et ceux qui pensaient la jeunesse endormie. Que de vieilles certitudes sont aujourd’hui ébranlées ! Il en va de même pour d’innombrables équilibres de pouvoirs entre puissances impérialistes ou entre communautés régionales.

La situation n’est pas sans danger, comme l’a encore tout récemment illustré le coup d’Etat en Bolivie ou les succès électoraux de l’extrême droite en divers endroits, qui ont conduit à une croissance de la violence raciste, sexiste et LGBTQI-phobe. Une grande polarisation est en œuvre aujourd’hui.

Tout cela prend place alors que l’économie mondiale est encore en croissance, tandis que la conscience de classe est floue tant pour les masses que pour les militants, et en dépit de la faillite des syndicats et de la grande majorité des partis de gauche, y compris de la gauche prétendument révolutionnaire. En fait, le seul facteur qui permet le maintien du capitalisme, c’est l’absence d’une alternative révolutionnaire de masse. Mais cette discussion est aujourd’hui enrichie par les expériences concrètes de Syriza en Grèce, du processus bolivarien au Venezuela et en Bolivie, des campagnes électorales de Bernie Sanders, Mélenchon et Corbyn.

Ce Congrès était aussi exceptionnel car nous y avons célébré la victoire héroïque de nos camarades à Seattle avec la réélection de Kshama Sawant alors qu’elle faisait face aux millions d’Amazon et d’autres grandes entreprises dont la tentative d’acheter le conseil de ville s’est soldée par un cuisant échec. Ces élections ont été scrutée à la loupe par la presse nationale, qui a commenté le combat qui s’y menait en disant que ‘‘ce qui se passe aujourd’hui à Seattle aura un impact sur les présidentielles l’année prochaine’’.

Ce Congrès était également exceptionnel en raison de la tenue, en janvier prochain, d’un Congrès mondial de notre organisation internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière, le premier après une crise qui a vu le départ d’une minorité dirigée par notre ancienne direction historique (en savoir plus à ce sujet). Ce Congrès mondial analysera en profondeur la nouvelle période dans laquelle nous sommes entrés, marquée par le déclin de la mondialisation et du néolibéralisme et l’essor d’une ère de tensions géopolitiques croissantes. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le débat survenu dans notre internationale est apparu dans une telle période charnière.

Les éléments de la crise internationale se manifestent également en Belgique où, là aussi, l’autorité du capitalisme est en déclin. Plusieurs processus se sont accélérés et approfondis, comme la crise de légitimité des partis traditionnels, les tensions entre les deux classes sociales fondamentales et la question nationale. Tout cela alors que, pour reprendre les propos tenus par un économiste de droite dans les pages du De Standaard, la Belgique est ‘‘à une récession’’ d’une ‘‘tragédie grecque’’ et que tous les échelons des autorités devront procéder à des économies, y compris la sécurité sociale.

Quel que soit le prochain gouvernement fédéral, il lancera des attaques austéritéaires. En Flandre, une résistance commence à se développer contre le gouvernement régional qui s’en prend durement aux fonctionnaires, à la VRT, à l’enseignement, à De Lijn, à la culture, aux allocations familiales, etc. De premiers conflits se développent dans le secteur culturel et parmi le personnel de De Lijn. A Bruxelles et en Wallonie, c’est le secteur de la santé qui est en lutte contre les bas salaires et les conditions de travail.

Un fossé s’approfondit entre l’establishment et la masse de la population. Nous ne devons pas sous-estimer l’importance de l’expérience du mouvement ouvrier sous Michel Ier. La lutte de 2014 a laissé ses traces sur les discussions et sur la façon dont la nouvelle lutte sera organisée. Parmi les syndicalistes les plus conscients, les leçons ont été tirées sur les fautes commises en 2014-2015. Le mouvement n’ayant pas mis le gouvernement par terre, ce dernier s’est rétabli, en instrumentalisant l’impact des attentats terroristes. En conséquence, les thèmes sociaux alors à l’avant-plan furent mis de côté au profit de ceux de la migration et de l’identité.

La croissance de l’extrême-droite est bien entendu un facteur compliquant dans la situation. Mais la résistance antifasciste peut se développer au côté des luttes du mouvement ouvrier. Dans ce cadre, des luttes concrètes autour de revendications sociales telles que celles défendues par la FGTB – une augmentation des allocations sociales, une augmentation des pensions à 1500€, un salaire minimum de 14€/h, une sécurité sociale forte, un programme qui répond à l’urgence climatique – peuvent jouer un rôle important.

Instinctivement, les jeunes grévistes pour le climat se sont inscrits dans la tradition du mouvement ouvrier à travers plusieurs grèves. Une nouvelle génération entre en lutte, tire des leçons de son expérience et aura un énorme impact jusque dans les rangs syndicaux.

Dans cette période où obtenir des réformes exige une lutte à caractère révolutionnaire, les luttes devront opérer des incursions dans la propriété privée capitaliste. Ce Congrès national a réaffirmé la confiance des membres du PSL pour jouer un role dans tous ces combat et defender une transformation socialiste de la société.

Quelques photos de Liesbeth :
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