[INTERVIEW] ‘‘Fight for 14€’’ se prépare à la grève à l’université de Gand.

Tim, au centre, avec le mégaphone.

Entretien avec Tim Joosen, délégué ACOD-CGSP

Le 14 octobre, journée d’action pour un salaire minimum plus élevé, a été utilisé pour mener campagne à l’UGent, l’Université de Gand. Des militants et sympathisants de la FGTB, y compris des étudiants, ont visité diverses facultés pour y présenter une pétition, recueillant ainsi plus de 1500 signatures en faveur de l’augmentation du salaire minimum horaire à l’UGent à 14 euros, ou 2 300 euros brut, par mois. Pour l’instant, une centaine de membres du personnel n’y parvient pas. Nous en avons discuté avec Tim Joosen, délégué ACOD-CGSP à l’UGent.

Le dernier Accord interprofessionnel (AIP) comporte une augmentation du salaire minimum de 1,1%. La FGTB a donc refusé de signer cet accord. Ces dernières semaines, il a été révélé qu’une proposition visant à porter cette augmentation à 3,5 % était sur la table, bien que l’accord n’ait pas encore été conclu. Qu’en penses-tu ?

‘‘Tout d’abord, il était correct de refuser l’accord initial, qui ne prévoyait qu’une augmentation de 1,1%. La FGTB fait campagne depuis plus d’un an pour un salaire minimum de 14€/heure. Il faut débattre de la stratégie nécessaire pour y parvenir, mais avec une augmentation de 1,1 % tous les deux ans, il nous faudrait presque 70 ans pour y parvenir.

‘‘Le fait que les employeurs reconnaissent aujourd’hui qu’il fallait porter ce taux à 3,5 % démontre que la FGTB avait raison de rester sur sa position. Mais dire ‘‘non’’ à un mauvais accord ne suffit pas. Les patrons exigent soudainement de nouvelles choses : ils souhaitent que cette augmentation soit payée par la collectivité par le biais de nouvelles réductions de charges, mais ils veulent aussi une réduction des délais de préavis en cas de licenciement. Les employeurs se sentent renforcés par le climat politique actuel et estiment qu’ils peuvent tout se permettre.

‘‘Pour renverser la situation, le syndicat a besoin d’une stratégie : un plan d’action à plus long terme qui permette une mobilisation large, comme nous l’avons fait fin 2014. Sans cela, on peut bien dire ‘‘non’’ à tous les accords du monde, on n’a aucun moyen de réellement s’y opposer.’’

Une pétition a circulé à l’UGent le 14 octobre pour un salaire minimum de 14€ par heure pour tous les travailleurs de l’université. Pourquoi avoir procédé de la sorte et quelles ont été les réactions ?

‘‘Le noyau militant de la CGSP-UGent a choisi de concrétiser sur son lieu de travail la campagne nationale pour un salaire minimum de 14€/heure. Nous voulons en faire une réalité à l’UGent à court terme. Notre dossier est sérieux, bien étayé et nous souhaitions d’abord illustrer que la revendication est largement soutenue par le personnel et les étudiants.

‘‘Chaque lieu de travail exige de tenir compte de la situation concrète qui s’y présente et de la conscience des travailleurs. Sur cette base, il est possible d’élaborer quelles formes d’action sont possibles et utiles pour renforcer la lutte syndicale. A l’UGent, la pétition était une excellente façon de se lancer tout en cherchant un soutien plus large. Nous voulons récolter 5.000 signatures, ce qui n’a jamais été fait à l’UGent. En même temps, la pétition aide nos militants à entamer des discussions avec leurs collègues et les étudiants. La journée d’action du 14 octobre 2019 a été un succès : nous avons recueilli pas moins de 1539 signatures en moins de 2 heures. Cela a suscité beaucoup d’enthousiasme, même parmi les personnes qui participaient pour la première fois à une action syndicale. De cette manière, il nous est également possible de construire la dynamique syndicale. Cet enthousiasme et cette confiance en soi pourront au besoin être également mobilisés sur d’autres thèmes.’’

Quelles sont les prochaines étapes ?

‘‘Nous voulons organiser trois autres journées d’action de ce type, une par mois, au cours desquelles nous recueillerons des signatures à quelques dizaines. La pétition circule également avec notre bulletin d’information syndical dans tous les bureaux et à tous les postes de travail tandis qu’une campagne d’affichage a été lancée. Une action prendra place le 14 février pour remettre la pétition au recteur.

‘‘Enfin, nous nous mobilisons pour une véritable grève à l’occasion de la grève féministe annuelle à l’UGent le lundi 9 mars : nous voulons attirer l’attention sur la problématique des bas salaires, dont les travailleuses sont les premières victimes.

‘‘En faisant grève ce jour-là à plusieurs endroits de l’UGent, nous voulons montrer au conseil d’administration que nous sommes sérieux et que nous entendons bien faire grimper la pression. Une telle victoire ne serait pas seulement importante pour les travailleurs de l’UGent, ce serait aussi un énorme coup de pouce pour la campagne nationale. Nous voulons illustrer qu’en nous mobilisant réellement et en concrétisant la campagne dans les entreprises, sur le terrain, un salaire minimum de 14€/heure peut devenir une réalité.’’

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