La semaine dernière, le quartier de Matonge à Bruxelles a été à la une des médias, suite aux échauffourées entre des manifestants congolais et la police. Avec ce court article, nous voulons commenter les évènements survenus la semaine dernière dans ce quartier ou plusieurs membres du PSL habitent. Nous joignons à cet article un témoignage vidéo d’un jeune angolais qui a subit la violence policière sur son lieu de travail.
Par Karim (Bruxelles)
Nous venons de publier récemment un article de fond sur la situation au Congo et les tensions autour des dernières élections. Nous vous invitons d’ailleurs à le lire pour plus d’informations et une analyse plus poussée.
Le lundi 5 décembre, les Congolais de Bruxelles, ainsi que leurs organisations, ont mobilisé pour une action de protestation contre la politique du gouvernement Kabila et contre les fraudes électorales. Bien qu’interdite dès la première minute, les manifestants ont désiré, à juste titre, maintenir leur action pacifique à la Porte de Namur. Il est à noter qu’à aucun moment les autorités n’ont daigné donner la possibilité à la communauté congolaise de s’exprimer dans la rue en proposant un trajet de manifestation ou un lieu de rassemblement. C’est interdit qu’on leur dit, point barre ! Et tant pis pour le droit démocratique à exprimer son opinion…
En quelques minutes, un dispositif policier gigantesque a fait son apparition dans les rues d’Ixelles. La répression fut très brutale envers des hommes, femmes et enfants congolais venus s’exprimer face à une situation sociale, économique et politique catastrophique dans leur pays et que le contexte électoral a remis à l’avant plan.
Nous n’écrivons pas cet article pour nier les incidents en marge de la manifestation, loin de là. En effet, les charges et la violence policière à répétition au cours de cette soirée du 5 décembre ont donné le prétexte à quelques bandes pour s’adonner à la casse dans les ruelles avoisinantes. Nous condamnons bien évidemment fermement ces incidents, comme l’a fait la majorité de la communauté congolaise d’ailleurs, sans que l’on lui laisse pour autant l’opportunité de s’exprimer dans les médias traditionnels.
La violence de la campagne électorale au Congo (avec près de 30 morts), conjuguée à une interdiction totale de s’exprimmer ouvertement, ainsi qu’aux propos déplacés de certains politiciens belges, a accentué les tensions dans le quartier tout au long de la semaine.
Cette situation de répression brutale a continué du lundi au vendredi, avec une interdiction de rassemblement de plus de 10 personnes dans les rues de Matonge. Un de nos membre a été pris à partie et frappé violemment par la Police (voir la vidéo ci-dessous). Il en est ainsi pour de nombreux habitants du quartier qui ne faisaient que rentrer chez eux.
Le colocataire d’un de nos membres en a vécu la triste expérience, finissant avec deux beau coups de matraque sur la jambe alors qu’il rentrait chez lui. Nous avons été témoins de nombreuses de ces bavures, comme ce jeune homme arrêté parce qu’il regardait ce qui se passait, assis sur le pas de sa porte. Son grand frère, entendant les cris dans la rue, ouvre la fenêtre et interpelle la police pour lui mentionner qu’il habite ici. Les agents ne trouvent rien de mieux à faire que de monter dans l’appartemement et d’en sortir les 3 autres habitants pour les arrêter! Nous avons la triste impression que l’attitude de la police était délibérémment violente, avec pour objectif de criminaliser la communauté toute entière, comme les médias s’en sont d’ailleurs bien vite chargés.
Il est d’ailleurs intéressant de remarquer, pour illustrer cet avis, que le seul jour où aucun incident n’a été à déplorer fut ce samedi 10 décembre, après une manifestation finalement tolérée.
Il aura fallu donc plus d’une semaine pour que les autorités et ses forces de l’ordre ne donnent la possibilité à toute une communauté de pouvoir s’exprimer librement en face de l’ambassade du Congo par rapport à une situation insuportable pour la population congolaise dans son ensemble. Est ce bien normal?
Un jeune Angolais travaillant dans un théâtre de la région de Porte de Namur, Bruxelles, se fait agresser au sein même de son lieu de travail par des policiers et des chiens. Une bavure policière qui fait l’objet d’une plainte déposée au parquet.