Organiser la lutte pour le climat vers le renversement du capitalisme

Environ 4 millions de personnes ont manifesté pour le climat le 20 septembre dernier, dont plus de 15.000 en Belgique. L’urgence de prendre des mesures sérieuses est de plus en plus visible. Depuis le début du mouvement pour le climat début de l’année, pratiquement rien n’a été fait. Nous n’avons plus de temps à perdre !

Par Franz (Anvers)

Un mouvement historique

Si des mesures symboliques ont été adoptées ici et là, c’est uniquement en raison des mobilisations climatiques. Beaucoup de gens peuvent se sentir déçus et démoralisés au vu du peu de résultats. Mais beaucoup d’autres ne vont pas abandonner la rue et chercherons comment améliorer la lutte.

Au cours du premier semestre de cette année, les jeunes se sont mis en grève pour le climat à 23 reprises. A son apogée, plus de 30.000 jeunes ont manifesté à Bruxelles tandis que 100.000 jeunes et travailleurs ont défilé à deux reprises un dimanche pour l’environnement. Il a depuis été difficile de remobiliser aussi largement. Les actions sont devenues plus limitées, provoquant une démoralisation chez certains. Pourquoi donc le mouvement n’a-t-il pas été capable de continuer sur sa lancée en Belgique ? Il est après tout de plus en plus urgent d’agir.

Les Etudiants de Gauche Actifs ont défendu dès le début que le mouvement avait besoin d’un plan d’action et d’une stratégie clairs. Tenir le coup en appelant simplement à faire grève chaque semaine et à manifester à Bruxelles n’était pas possible. Les jeunes grévistes doivent tenir compte de leurs études, de leurs parents et de leurs écoles, tandis que payer le trajet de train chaque semaine n’est pas possible pour tout le monde. Pour éviter que le mouvement s’épuise, il faut un plan d’action, avec des moments de pause pour reprendre des forces et débattre de la suite des événements.

L’importance des comités d’action

Youth 4 Climate a lancé les premières initiatives et a été considéré par les médias – et par eux-mêmes – comme les dirigeants du mouvement. Initier le mouvement était une bonne chose, et c’est tout à leur crédit. Mais pour permettre de construire un mouvement plus large sur la durée, il était essentiel que des comités de lutte s’organisent dans les écoles pour impliquer le plus de monde possible dans la prise de décision au niveau local, régional et national.

Si cela n’a pas été le cas, c’est notamment parce que les pionniers de Youth 4 Climate ont vu plus d’avantages à organiser les choses à travers les médias qu’à organiser les activistes du mouvement. Une telle approche peut fonctionner un temps, durant l’essor du mouvement, mais pas quand les difficultés et la fatigue s’accumulent. De plus, les jeunes qui avaient une opinion différente de celle de Y4C ne se sont pas sentis écoutés.

Qui sont nos alliés ?

Débattre des revendications centrales du mouvement et de ses alliés est de première importance. Au lieu de se concentrer sur une revendication unificatrice comme la gratuité et l’extension des transports en commun et sur la coopération avec les syndicalistes, Youth 4 Climate a été pris au piège des promesses creuses du gouvernement et des patrons.

Y4C a ainsi signé l’appel Sign for My Future, une campagne bidon de grandes entreprises désireuses de se donner une image verte et d’orienter le mouvement sur une voie de garage. Sign for My Future a été co-signé par des banques belges qui, selon Fairfin, ‘‘ont investi 5,6 milliards d’euros dans des entreprises co-responsables des incendies en Amazonie’’.

Bien sûr, les dirigeants syndicaux ont aussi une part de responsabilité : il leur en a fallu du temps avant que des initiatives ne soient prises pour soutenir les efforts de la jeunesse ! Tout aurait pu être différent avec une campagne syndicale offensive exigeant davantage de moyens et de personnel pour les transports publics, par exemple.

Extinction Rebellion

Les mobilisations plus difficiles avant l’été, les résultats décevants des élections en Flandre et les luttes internes au sein de Youth 4 Climate amplifiées dans les médias, ont ouvert l’espace pour d’autres organisations et initiatives.
Extinction Rebellion (XR) utilise, par exemple, la désobéissance civile pour tenter de proposer un nouveau type d’action. L’initiative entend tirer les leçons de l’expérience de Youth 4 Climate, mais pas nécessairement les bonnes. Il est positif que plus d’un responsable soit le porte-parole, mais il n’est pas encore question de mettre sur pied des comités de lutte dans les écoles et sur les lieux de travail.

XR se rend compte qu’on ne peut pas demander à tout le monde de faire grève chaque semaine. Mais au lieu d’opter pour un plan d’action élaboré, leur idée est de n’organiser qu’un noyau dur pour des actions de grande envergure. XR défend qu’il suffist de mobiliser systématiquement 1 à 3% de la population autour d’un noyau dur relativement petit capable de faire beaucoup de sacrifices. Nous pensons qu’il est préférable de chercher à construire un mouvement de masse démocratiquement organisé. Les actions ‘‘chocs’’ attirent l’attention des médias et des activistes, mais il y a toujours un risque d’isolement et de répression.

De plus, la question des responsables de la crise climatique est largement laissée en suspens. Par exemple, XR exige que ‘‘l’état d’urgence soit déclaré, que le gouvernement fournisse des informations honnêtes aux citoyens et, enfin, qu’une plate-forme citoyenne soit autorisée à élaborer un plan d’urgence’’. Il ne donne pas d’éléments de réponse concernant qui doit payer pour les solutions : les travailleurs ordinaires qui souffrent déjà des politiques d’austérité et qui font face à l’imminence d’une nouvelle crise économique ou les grandes entreprises qui rendent leurs actionnaires encore plus riches par l’exploitation des travailleurs et de la planète ?

Ce manque de clarté peut éloigner du mouvement des gens qui peinent à joindre les deux bouts ou qui s’inquiètent pour leur avenir immédiat. Le mouvement pour le climat a besoin d’un programme qui défend ouvertement des investissements publics massifs dans les infrastructures et les technologies vertes, des transports publics gratuits et de meilleure qualité et une surveillance approfondie des émissions et de la pollution des entreprises ; tout cela sans menacer les conditions de vie ou l’emploi. Des sacrifices seront nécessaires, mais de la part de ceux qui détruisent notre planète et notre société pour leur soif de profits !

Les politiciens traditionnels sont totalement acquis à la cause des grandes entreprises. Nous avons besoin d’un vaste mouvement démocratiquement organisé qui vise à la collectivisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle des travailleurs et de leurs familles. Ainsi, il nous sera possible d’œuvrer ensemble au développement d’un plan rationnel d’utilisation des ressources existantes.

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