Avec la récente percée électorale du Vlaams Belang, l’extrême droite a gagné en confiance pour agir en dehors du parlement. Depuis les élections, des racistes ont attaqué un homme de couleur à la gare de Tongres, des lettres de menaces ont été envoyées à des habitants issus de l’immigration à Alost, Anuna De Wever et ses amies ont été attaquées au festival Pukkelpop. A Dour, de jeunes Flamands d’extrême droite avaient écrit des slogans tels que ‘‘Pas de Wallons’’ sur leur tente au milieu de la Wallonie…
Par Kenzo (Gand)
La fin de l’été n’a pas calmé les choses. Le Vlaams Belang (VB) tente de faire revenir son nouveau député Dries Van Langenhove (fondateur du groupuscule de jeunes néonazis Schild & Vrienden exclu de l’université de Gand) à l’université de Gand comme orateur, tandis que le cercle étudiant catholique ultra-conservateur KVHV tente d’utiliser sa photo sur de grandes affiches puisqu’il en fut un temps président. En septembre 2018, un reportage de la VRT (traduit et diffusé ensuite par la RTBF dans Question à la Une) avait fait grand bruit au sujet de Shild & Vrienden et de leur racisme et sexisme virulents. Un an plus tard, le chef de fil de cette bande nauséabonde n’a été condamné pour rien, il a même atterri au Parlement ! Les cercles étudiants d’extrême droite tels que le KVHV et le NSV se sentent ainsi renforcés.
Cette confiance renouvelée est également évidente dans la reprise limitée des activités autour de Blood&Honour, un groupe de ‘‘néonazis à bières’’ devenu célèbre en 2006 et depuis lors condamné pour avoir organisé un groupe de néonazis dans l’armée belge. Le 15 septembre, leur dirigeant, Thomas Boutens, voulait organiser une manifestation à Bruxelles. Malgré une interdiction – qui portait scandaleusement aussi sur une manifestation antifasciste non-violente – des dizaines de militants d’extrême droite se sont venus et ont été immédiatement arrêtés. Des groupes comme Blood&Honour se développent dans le sillage du VB. Blood&Honour a d’ailleurs été fondé par des jeunes du VB au lendemain du dimanche noir de 1991 et a connu son «pic» au début de ce siècle, lors de la dernière percée du VB.
L’extrême droite abuse du mécontentement contre la politique traditionnelle et prétend être opposée au monde de l’establishment, mais elle défend essentiellement les intérêts des responsables de ce système. Lorsque Raoul Hedebouw (PTB) a soulevé la question de l’indemnité de départ généreuse du patron de la poste Koen Van Gerven, Dries Van Langenhove a déclaré que ce salaire de 500.000 euros était normal à ses yeux ! L’extrême droite tente de nous dresser les uns contre les autres par le racisme et le sexisme pour mieux servir les intérêts des ultra-riches.
Notre meilleure arme contre l’extrême-droite, c’est la mobilisation, de sorte qu’elle perde confiance et qu’elle ait plus de mal à s’organiser. A Gand, les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) ont pris l’initiative de protester contre la rencontre avec Dries Van Langenhove organisée par le KVHV le 26 septembre (tout juste après l’envoi de ce journal à l’imprimeur). Les positions parlementaires de l’extrême droite ne signifient pas qu’elle a les mains libres.
Mais pour une lutte antifasciste efficace, il faut également nous opposer au terreau sur lequel il repose : les inégalités et la politique de casse sociale. La conclusion des élections est la suivante : les gens en ont assez de cette politique. Nous avons besoin de logements abordables pour tous, de transports publics plus nombreux et gratuits, d’une éducation libre et démocratique, d’un salaire minimum de 14 euros / heure et d’une pension décente.