Encore cinq ans de gouvernement de droite en Flandre

Photo : Jean-Marie Versyp

Avant les élections, il semblait évident que le gouvernement de droite N-VA / CD&V / Open VLD subsisterait. Le gouvernement flamand disposait d’une très large majorité, même avec le retrait des libéraux. Le 26 mai s’est toutefois révélé décevant pour la majorité sortante. Ensemble, ces trois partis ont perdu 13%. La N-VA a perdu 7% et le CD&V 5% tandis que l’extrême droite est devenue le deuxième parti en progressant de 12%. Cela rendait tout de suite moins évidente la simple reconduction du gouvernement flamand.

Par Geert Cool

Pendant un peu plus de deux mois, la porte est restée ouverte aux négociations avec le Vlaams Belang. Dans les faits, la N-VA prépare le terrain pour la formation de coalitions avec l’extrême droite après les prochaines élections communales, en 2024. Les partis traditionnels ont à peine réagi aux ‘‘fausses négociations’’ avec le VB, probablement pour ne pas perdre les faveurs de De Wever. Le SP.a a espéré jusqu’au dernier moment un dénouement suivant le modèle d’Anvers (où la coalition locale regroupe la N-VA, le SP.a et l’Open VLD). Groen également avait fait part de sa volonté de participer au gouvernement. Malgré la claque électorale reçue par la N-VA en mai, De Wever s’est positionné comme LE grand maître du jeu. Et les partis traditionnels l’ont laissé faire. Durant l’été, la pause dans les négociations qu’il s’est octroyée lui aurait permis, selon des sources émanant de la N-VA, de faire en sorte que son parti s’accorde sur le fait de ne pas s’allier avec l’extrême droite.

Sur le fond, la note de négociation de De Wever indique clairement qu’en dépit de sa sanction électorale, la N-VA compte bien poursuivre sur sa lancée de droite dure pendant cinq ans encore. Selon elle, le ‘‘signal de l’électeur’’ a été compris. La N-VA fait mine de considérer que ce ‘‘signal’’ est unilatéralement synonyme de rejet des migrants. Elle reste muette sur les revendications sociales derrière lesquelles le VB s’est caché durant la campagne électorale. Une fois les élections passées, ces revendications ont été reléguées au grenier, les militants du VB étaient trop occupés à intimider les activistes pour le climat sur les festivals ou à se disputer avec les militants de la N-VA pour savoir qui est le plus nationaliste.

Dans sa note de gouvernement, De Wever a repris une partie du programme du VB, y compris des mesures du fameux programme en 70 points sur l’immigration du Vlaams Blok, qui a valu à l’ancêtre du Vlaams Belang une condamnation pour racisme en 2004. Alors que figurent de vagues promesses en faveur d’une ‘‘société chaleureuse’’ qui viendrait à bout des listes d’attente pour personnes handicapées et où les centres de soins seraient abordables, les attaques contre les migrants n’ont rien de vague. L’accès à la couverture sociale leur sera rendu plus difficile : heureusement pour eux que la sécurité sociale n’est pas régionalisée ! Il leur faudra également payer pour un programme d’intégration.

En mai, la politique antisociale des gouvernements de droite du pays a été sanctionnée, mais De Wever ne veut pas entendre parler d’un changement de cap. Tout ce qui se rapproche d’un droit social dans sa note est immédiatement accompagné de devoirs dans l’objectif d’individualiser la problématique. Le nationalisme romantique flamand célèbre des terres aux prairies qui ondoient comme un grand océan vert. Mais les mères célibataires peinent à y garder la tête hors de l’eau dans leurs petits logements à peine salubre aux loyers impayables. Si cela dépendait que de De Wever, l’accès aux logements sociaux serait rendu plus difficile pour tout le monde, pas que pour les migrants ! Et le statut de fonctionnaire disparaîtrait totalement. Pour nous faire avaler cette pilule antisociale, la N-VA veut que les médias publics ‘‘renforcent la représentativité du paysage idéologique flamand’’. Décodage : davantage de pro-N-VA et de pro-VB à la télévision et licenciement de toute voix critique !

Si De Wever et Jambon réussissent à mettre en place un deuxième gouvernement flamand de droite, cela affectera non seulement les migrants, mais aussi tous les plus vulnérables dans la société. Cette catégorie sociale ne cesse de s’agrandir sous le poids de longues années de casse sociale. Et une nouvelle crise économique se profile. Il faudra résister à ce gouvernement et sa politique. Tirons les leçons de la résistance syndicale contre les gouvernements de droite précédents, à partir de 2014, afin que, cette fois-ci, nous puissions poursuivre la lutte et imposer nos priorités.

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