Afrique du Sud. Luttons pour un monde libéré de la violence de genre et de la xénophobie !

Manifestation à Tshwane à la suite du viol et du meurtre d’une étudiante de 19 ans, Uyinene Mretywana.

Le texte ci-dessous est issu d’un tract distribué par nos camarades du WASP (Workers and Socialist Party, section du CIO en Afrique du Sud).

L’Afrique du Sud est, une fois de plus, ravagée par d’horribles attaques xénophobes contre des migrants venus de toute l’Afrique – dix d’entre eux ont été tués la semaine dernière au cours d’actes de violences collectives. Au même moment, le viol et le meurtre d’Uyinene Mretywana constituent un nouvel appel à lutter contre la violence sexiste – contre la violence infligée aux femmes, aux LGBTQI+ et aux enfants. La liste des victimes de crimes de haine s’allonge de jour en jour. Pendant que la population cherche des réponses, le gouvernement dîne avec les riches au Forum économique mondial et se contente de twitter que les femmes doivent « s’exprimer pour ne pas être des victimes de leur silence ».

Le gouvernement n’a-t-il donc pas entendu les voix du puissant mouvement dirigé par des femmes qui a émergé ces dernières années pour s’opposer aux violences sexistes ? Nous sommes allés dans la rue et devant les tribunaux pour exiger d’être entendues ! Partout dans le monde, des femmes ont manifesté sous les bannières de #MeToo, #NotOneMore, #TheTotalShutdown. Toutes sortes de plateformes militent sans relâche contre la violence sexiste. Le président Ramaphosa a convoqué des conventions sur cette thématique. Pourtant, on nous dit à présent que c’est le silence des femmes qui permet leur victimisation ? Cette remontrance à l’égard des victimes est un des principaux éléments du problème, que l’on retrouve d’ailleurs dans la réponse du gouvernement aux meurtres et pillages xénophobes : ainsi, le ministre de l’Intérieur M. Bheki Cele a déclaré que la police « ne s’excusera pas » pour ses propres descentes xénophobes sur les petites entreprises dirigées par des étrangers.

Le gouvernement affirme également que la prévention est la clé pour renverser cette vague de violence sexiste. Il promet des peines plus sévères. Pourtant, ces peines ne mettront pas fin à cette violence qui est systémique. Le gouvernement prévoit également une réduction générale de 10 % des salaires dans le secteur public, en plus d’autres compressions budgétaires : c’est cette politique qui condamne la population, et notamment les femmes, à la pauvreté, ce qui encourage la violence et l’oppression.

Ne nous limitons pas à la prévention : nous voulons l’éradication des violences !

Pour éradiquer la violence sexiste, il faudrait un renforcement considérable des services publics, la création d’emplois décents et de logements. Sans revenu, sans accès aux services essentiels, sans foyer où se sentir en sécurité, comment une femme victime de violence pourrait-elle envisager de « s’exprimer » ? Et quand la société toute entière ne cesse de confirmer le mythe selon lequel les femmes sont des êtres humains de seconde classe, qui ne perçoivent qu’un salaire de seconde classe, dont la plus grande partie du travail est non rémunéré, tandis que leur corps et leur sexualité souffrent de la marchandisation et du contrôle exercé par autrui, est-il étonnant que de nombreux hommes croient avoir droit de décision sur chaque aspect de notre corps et de notre vie ?

Quand le gouvernement traite les migrants comme des criminels en refusant l’asile aux réfugiés, par le biais du harcèlement policier et des contrôles des passeports qui rappellent l’apartheid ; quand il empêche les migrants d’accéder au logement, à l’emploi, aux services ; quand les soi-disant «dirigeants » comme M.. Mashaba (DA), M. Ramaphosa (ANC) et même le roi des Zoulous, M. Zwelithini, accusent les étrangers d’être la cause du chômage et de la pauvreté ; quand les patrons exploitent cette situation en n’offrant aux étrangers que des emplois précaires et mal rémunérés, de même que les fonctionnaires corrompus qui leur vendent des services et des logements « gratuits », n’est-il pas clair que les élites dirigeantes renforcent consciemment les divisions qui entrainent les violences dans la rue ?

Nous devons tous être en colère

Beaucoup de gens sont fâchés, et il y a de quoi ! Nous voyons devant nous se dérouler une véritable guerre contre les femmes, dans une situation où règnent le chômage de masse, le manque de logements, le dysfonctionnement de nos écoles, le manque de ressources pour les soins de santé, la faim et le désespoir, une épidémie de drogue, le racisme toujours latent et la corruption de fonctionnaires qui détruisent notre planète et jouent avec notre avenir. Nous devrions tous être fâchés que l’Afrique du Sud soit le pays le plus inégal au monde, fâchés de ne toujours pas nous être libérés de ce système capitaliste défaillant. La solution n’est pas de nous en prendre à nos frères et sœurs d’Afrique qui ont été forcés de fuir la guerre et la faim à cause de l’échec du même système capitaliste mondial. La solution, c’est une grève générale, pour nous attaquer aux cause de tous ces manquements. Aucun pauvre autochtone d’Afrique du Sud ne gagnera quoi que ce soit à tuer ou à chasser des travailleurs migrants. Tous les travailleurs, résidents, petits commerçants et étudiants doivent au contraire s’unir pour lutter pour des salaires décents, des emplois, un logement et l’éducation pour tous. Afin de remplacer ce système capitaliste par une société où les richesses du pays appartiendront à nous tous, seront contrôlées démocratiquement et utilisées pour répondre aux besoins de la majorité.

La violence n’est qu’un symptôme : la maladie, c’est le capitalisme !

La violence d’aujourd’hui est la conséquence directe du déclin du système capitaliste. Ce système encourage des rapports de domination entre les différentes couches des travailleurs afin de masquer les siècles de violence perpétrés par les détenteurs du pouvoir. Cette violence est l’héritage de la colonisation, de l’impérialisme et du néocolonialisme. Encore aujourd’hui, les divisions au sein de la population permettent aux 1 % les plus riches de poursuivre leur extraction du profit par l’exploitation de la force de travail des 99 % de la population. L’État de l’apartheid a tenté de diviser les travailleurs selon l’ethnie, l’origine et la tradition. Aujourd’hui encore, les politiciens capitalistes essaient de survivre à la crise de leur système en continuant à nous diviser. Ils attisent les flammes de la xénophobie et du sexisme, de sorte que beaucoup d’entre nous vivent dans un climat de peur. Nous devons refuser cette logique de « diviser pour mieux régner ». Nous devons lutter ensemble pour mettre fin aux viols et aux meurtres, pour mettre fin au sexisme, au racisme et au capitalisme.

Les patrons ne nous sauveront pas !

Nous n’avons rien à attendre du gouvernement. Ce n’est pourtant pas le travail qui manque : il faut construire des maisons, des écoles, des cliniques, des routes, des moyens de transport ; il faut produire de la nourriture. Cependant, les ressources qui devraient nous permettre de répondre à ces besoins humains restent bloquées dans les grandes banques et dans les entreprises privées. Personne n’a besoin d’être au chômage ou d’avoir faim dans ce pays. Nous devons nous battre pour prendre le contrôle de l’économie.

Prendre le contrôle de l’économie, ça ne veut pas dire lutter pour chaque boutique ou logement social, mais confisquer les mines, les banques, les grandes plantations et les grandes entreprises, nationalisées sous le contrôle démocratique des travailleurs et de la population. Ainsi, on dégagerait enfin les moyens pour mettre en place un véritable programme de travaux publics à grande échelle, offrant des salaires décents et sans appel d’offres. Il est temps que toutes les femmes et tous les hommes de la classe des travailleurs s’unissent autour d’un programme qui s’attaque à la racine de la crise. Nous devons nous battre pour que notre combat, qui s’inscrit en définitive dans une tendance mondiale à lutter contre l’oppression des femmes et la violence de genre, ébranle jusqu’aux fondements du système qui cautionne et perpétue cette oppression et cette violence.

C’est à nous qu’il revient de forger l’unité de la classe des travailleurs dans un même parti de lutte de masse, en reliant entre elles toutes les luttes menées dans les entreprises et la fonction publique, dans les quartiers et parmi la jeunesse, au moyen d’un même programme de lutte socialiste. Notre objectif doit être une Afrique du Sud socialiste, une Afrique socialiste et un monde socialiste. Seul un changement fondamental de système nous permettra de nous débarrasser de toute oppression et de toute violence.

En menant ce combat de masse, nous repousserons à la fois la xénophobie et la violence sexiste, en démontrant clairement que l’unité et la solidarité sont notre seule force pour changer réellement cette société malade et en forçant les 1 % de superriches à des concessions.

LE WASP MILITE POUR :

  • Des manifestations de masse pour unir les travailleurs, les populations et les étudiants dans la lutte contre les crimes haineux tels que la xénophobie et les violences de genre.
  • Renforcer les services publics pour assurer un abri et des soins de santé gratuits et surs aux victimes des violences ; investir dans des soins de santé spécialisés pour les victimes et les auteurs de violences liées au genre.
  • Tolérance zéro contre la violence sexiste, le harcèlement sexuel et la violence xénophobe : créer des comités de surveillance dans les rues et les quartiers pour prévenir, condamner et faire cesser la violence.
  • Formation sur les violences sexistes pour tous les agents des forces de l’ordre et des tribunaux, investissement dans des tribunaux spéciaux et purge de la police de tous les auteurs d’actes de victimisation secondaire.
  • À travail égal, salaire égal ! Non à la baisse de 10 % des salaires et à la course vers le bas. Les syndicats doivent organiser les femmes et les travailleurs migrants et agir contre les patrons qui abusent des travailleurs migrants vulnérables.
  • Pour un véritable programme de travaux publics à grande échelle et un salaire minimum de 12.500 rands.
  • Mettre fin au harcèlement policier des commerçants de rue et des immigrés ; amnistie pour les « clandestins ».
  • Assurer le droit d’asile, réformer les systèmes d’immigration du ministère de l’Intérieur sous le contrôle démocratique des travailleurs et des communautés, y compris les réfugiés et les migrants ; chasser les fonctionnaires corrompus.
  • Un enseignement gratuit et de haute qualité pour tous, du préscolaire à l’enseignement supérieur. Congé parental rémunéré et garde d’enfants gratuite et de qualité pour tous.
  • Nationaliser les secteurs stratégiques de l’économie sous le contrôle et la gestion démocratiques par les travailleurs et les populations ; utiliser les ressources ainsi dégagées pour mettre fin au chômage, au sans-abrisme, à la pauvreté, au sexisme, au racisme et à la xénophobie.
  • Un monde socialiste sans division de genre, de nationalité, de « race » ou d’ethnie, débarrassé de la guerre, de la persécution et de la pauvreté.
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