Les pénuries de personnel en matière de soins et de bien-être – qui vont s’aggraver à l’avenir – se font déjà sentir. Cela encourage les employeurs à faire preuve de ‘‘créativité’’ dans le déploiement du personnel dans le temps et dans l’espace. En langage humain: la flexibilité déjà élevée du secteur est encore augmentée, ce qui entraîne encore plus de pression et de stress au travail.
Par un infirmier
Dans le cas des hôpitaux, il y a aussi l’histoire des réseaux intégrés, qui encouragent implicitement la centralisation, l’externalisation et, finalement, la réduction des effectifs du secteur. Du côté francophone, l’avenir des hôpitaux publics est menacé. Du côté flamand, le secteur hospitalier public est en recul depuis un certain temps déjà en raison d’une privatisation larvée.
Le KCE – le groupe de réflexion du ministère de la Santé – estime que 5.000 lits d’hôpitaux doivent être supprimés dans les années à venir. Pour réduire les coûts, le gouvernement veut favoriser les soins individuels à domicile.
Avec trop peu de moyens, un désinvestissement chronique et la privatisation/commercialisation progressive des soins et du bien-être, le secteur continuera à fonctionner… mais impossible que ce soit de manière correcte! La dimension humaine des soins est également menacée par le poids du travail et la transformation des hôpitaux en usines. Des tableaux Excel interprétés par des consultants externes ou d’autres bureaucrates ne permettront jamais de saisir la réalité de terrain.
Rendre le secteur attractif n’est possible qu’en garantissant des conditions de travail décentes. Par exemple, une infirmière qui veut travailler au chevet du patient peut, après ses études, ‘‘se réjouir’’ de travailler en équipe, 1 week-end sur 2, 1 jours férié sur 2, d’avoir des horaires adaptés en dernière minute par des collègues qui laissent tomber… Les horaires du secteur de la santé – où l’on trouve rassemblées nombre de professions sociales – sont très antisociaux !
La crise des soins
‘‘Sous le gouvernement Di Rupo, plus de 4 milliards d’euros ont été économisés dans l’assurance-maladie, dont 1 milliard d’euros ‘‘d’économies nettes’’ (les 3 milliards d’euros restants ont été réalisés en réduisant la marge disponible). Sous ce gouvernement, le compteur a été augmenté de 3,84 milliards d’euros, dont plus de la moitié sont des économies nettes’’. (Service national d’études des mutualités socialistes, décembre 2017)
Nous sommes au début d’une véritable crise des soins de santé, mais les décideurs politiques prétendent que tout se passe comme d’habitude et qu’au final, tout va bien. Au dernier moment, Maggie De Block a élargi l’éventail des tâches des professionnels de la santé, ce qui signifie concrètement la régularisation des tâches que les professionnels de la santé accomplissent déjà (illégalement) dans de nombreux centres de soins résidentiels. En théorie, cela devrait compenser la pénurie croissante d’infirmières, mais ne fait que déplacer la charge de travail vers le personnel moins bien rémunéré et moins qualifié.
Les investissements nécessaires dans les soins et le bien-être se chiffrent en milliards, et non en millions. Par exemple, 1,6 milliard d’euros supplémentaires sont nécessaires chaque année pour éliminer complètement les listes d’attente dans les soins aux personnes handicapées en Flandre (environ 15.000 personnes). C’est tout simplement le double du budget actuel.
A partir du 1er juillet, 391 centres d’hébergement en Flandre recevront 22 millions d’euros supplémentaires pour les résidents ayant un profil de soins lourds. Concrètement, cela signifie 400 travailleurs supplémentaires. Selon l’organisation patronale Zorgnet-Icuro, c’est pourtant une goutte d’eau dans l’océan. Selon eux, 2 milliards d’euros supplémentaires seront nécessaires à long terme pour garantir les soins et le soutien appropriés.
Il nous faut des investissements massifs !
Mettons un terme à la privatisation et à la commercialisation des soins et du bien-être ! Le gouvernement doit prendre ses responsabilités et en assumer lui-même la charge ! Les fonds des communautés pour les soins ne sont pas destinés à gonfler les poches des actionnaires privés !
Re-fédéralisons les soins de santé! Le slogan régionaliste ‘‘Ce que nous faisons nous-mêmes, nous le faisons mieux’’, s’avère être une illusion.
Renforçons le système fédéral de sécurité sociale ! Par le biais d’une septième réforme de l’Etat, le CD&V veut transférer tout ce qui reste des soins de santé à la Flandre à partir de 2024. Il s’agit d’un pas important vers la scission complète de la sécurité sociale.
Une réduction radicale du temps de travail est nécessaire pour permettre un travail à long terme dans le secteur, avec embauches compensatoires et avec une interdiction formelle du travail à temps partiel involontaire. Après tout, le travail à temps partiel rend les femmes plus dépendantes financièrement, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de la famille. Étant donné que le secteur des soins est un secteur essentiellement féminin, nous défendons également des investissements massifs dans des services de garde adaptés et pour une socialisation profonde des tâches domestiques.
Il nous faut plus de moyens publics et plus de personnel. Toutefois, cela n’est pas possible dans une société où sévit la recherche de profit à tous prix.