Grande-Bretagne. Suspension du Parlement: Luttons pour des élections générales immédiates !

  • Non au putsch de Boris Johnson ! Pour des manifestations de masse réunissant les syndicats, le mouvement des grèves climatiques et tous ceux qui s’opposent à cette atteinte aux droits démocratiques !
  • Nous ne pouvons pas faire confiance aux députés capitalistes pour protéger les travailleurs et les jeunes d’un Brexit conservateur sans accord ! Luttons pour des élections générales et un gouvernement travailliste dirigé par Corbyn autour de politiques socialistes !
  • Pour une sérieuse riposte syndicale contre toute menace de licenciement, de fermeture ou de coupe budgétaire !
  • Non à un Brexit conservateur – qu’il y ait un accord ou non ! Opposons-nous à l’UE capitaliste ! Développons une véritable solidarité et une résistance coordonnée aux politiques capitalistes à travers l’Europe !
  • Pour une Angleterre, un Pays de Galles et une Ecosse socialistes faisant partie d’une fédération socialiste d’Europe et d’un monde socialiste, où les ressources seraient détenues et planifiées démocratiquement !

La crise politique britannique a atteint un nouveau sommet lorsque Boris Johnson a annoncé que le Parlement sera suspendu pour cinq semaines, mesure désormais « approuvée » par la Reine. Lors de son premier acte en tant que premier ministre, Boris Johnson a accéléré l’attaque parlementaire en cours depuis longtemps au sujet de Brexit.

Par Becci Heagney (Socialist Alternative, CIO – Angleterre et Pays de Galles)

Johnson prétend que cette suspension s’explique en raison du ‘‘retard’’ d’un discours de la Reine, par le fait que cette session parlementaire est la plus longue depuis 400 ans ainsi qu’au vu de son intention de présenter une législation « audacieuse et ambitieuse », comprenant notamment un meilleur financement du NHS (National Health Service, le système de soins de santé publics du Royaume-Uni). Cependant, il est évident que le véritable objectif de Johnson est de sauver sa peau en tentant d’éviter un vote de défiance et en empêchant les députés de voter contre un Brexit sans accord.

Le Parlement sera suspendu jusqu’au 14 octobre, quelques jours avant le sommet européen où Johnson espère obtenir un nouvel accord, les 17 et 18 octobre. Il ne resterait alors plus que deux semaines avant que la Grande-Bretagne ne quitte l’UE, le 31 octobre. Cela signifie en réalité que le Parlement ne pourra pas discuter du Brexit avant le sommet de l’UE, ce qui laisse peu de temps pour qu’un nouvel accord soit discuté et voté.

Johnson représente une petite partie du parti conservateur et de la population dans son ensemble. La majorité de la classe capitaliste est désespérée et opposée à l’approche de Johnson pour qui « pas d’accord vaut mieux qu’un mauvais accord ». Quand Theresa May a été nommée chef de file et première ministre, c’était dans le but d’obtenir un accord pour un « Brexit mou ». Elle a été forcée de faire un pas de côté lorsqu’il s’est avéré impossible d’obtenir cela au Parlement.

La direction du Parti travailliste a hésité à appeler un vote de défiance à l’égard de Boris Johnson. Pas plus tard que ce 28 août, des pourparlers entre les partis de l’opposition ont rejeté l’idée d’un vote de défiance et ont plutôt opté pour des mesures « législatives » afin d’essayer d’empêcher l’arrivée d’un Brexit sans accord. Quand la suspension du Parlement a été annoncée, la chose a choqué de nombreux députés travaillistes qui ont réagi en demandant que le parlement soit occupé et que les gens descendent dans la rue pour « arrêter le putsch » et « défendre la démocratie ».

D’énormes protestations contre Johnson doivent prendre place et Jeremy Corbyn et le parti travailliste doivent y appeler, avec le soutien et la mobilisation des syndicats. Mais non pas autour du mot d’ordre de « pas de suspension du Parlement » : il faut exiger la chute de Johnson et des Conservateurs et l’organisation immédiate d’élections générales !

En vérité, de nombreux députés de tous les partis essaient de marcher sur une corde raide. Ils veulent d’un côté éviter un Brexit sans accord ou même revenir sur la décision obtenue par référendum et ainsi rester au sein de l’UE. De l’autre côté, ils ne veulent pas que de nouvelles élections générales soient organisée puisqu’il est fort probable qu’elles seraient remportée par Jeremy Corbyn et qu’il devienne Premier ministre. La perspective de la formation d’un gouvernement d' »unité nationale » pour mettre un terme au « no deal » est inhérente à cette situation. Ou alors, en dépit de sa rhétorique, Johnson pourrait conclure un accord qui pourrait être imposé au Parlement.

Tous les partis se préparent pour de probables élections générales en novembre. Boris Johnson soit un vote de défiance, soit à l’effondrement du gouvernement britannique suite à la sortie de l’UE sans un accord. Auparavant, plus de vingt députés conservateurs avaient averti qu’ils voteraient contre Johnson lors d’un vote de confiance. Sur cette base, il se présenterait au pays en présentant les choses comme étant un combat du « peuple contre le parlement », en argumentant que les députés de Westminster essaient de stopper le Brexit. En concluant une sorte d’alliance électorale avec Nigel Farage (ancien fondateur de l’UKIP et fondateur du Parti Brexit) et le Parti Brexit, cela pourrait certainement trouver un écho. La situation pourrait s’aggraver si Jeremy Corbyn et le Parti travailliste ne disposent pas d’une position claire au sujet du Brexit.

Les socialistes doivent se battre pour une élection où la classe ouvrière affronte l’establishment capitaliste. Nous devons nous battre pour défendre tous les emplois et services menacés par un Brexit désordonné, y compris par la nationalisation de toute entreprise qui menace de quitter le pays, sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs. Étant donné que cette polarisation politique risque d’engendrer des tensions, nous devons également lutter contre le racisme et défendre les droits des migrants tout en faisant campagne contre les règlements et les directives anti-travailleurs de l’Union européenne.

Sur cette base, et avec un programme politique similaire à celui de 2017 (gratuité de l’enseignement, renationalisation d’entreprises privatisées,…), Jeremy Corbyn pourrait rentrer dans ces élections générales avec l’engagement de rouvrir les négociations avec l’UE pour négocier un Brexit dans l’intérêt des travailleurs.

Quoi qu’il ressorte des semaines à venir, il est clair que nous ne pouvons pas compter sur le Parlement. Le fait que le Parlement puisse être suspendu par la Reine, cheffe d’État non élue, expose la réalité antidémocratique de notre système politique. Quel que soit l’accord négocié ou non par Johnson sur le Brexit, les travailleurs devront s’organiser pour défendre les emplois et repousser l’austérité à la suite d’une crise économique provoquée par un Brexit désordonné. La suspension du Parlement représente un signe de faiblesse de ce gouvernement. Il ne tient qu’à un fil. Nous pouvons faire chuter ce gouvernement en commençant par des manifestations dans tout le pays et avec une mobilisation de masse à Manchester lors de la conférence du Parti conservateur du 29 septembre.

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