Ce mercredi, la Grande Bretagne connaîtra sa plus grande grève depuis 1926. Environ 3 millions de travailleurs devraient prendre part à cette grève générale qui va toucher les services publics. Les ouvriers communaux, les fonctionnaires, les enseignants,… partiront tous ensemble en action pour riposter contre la politique d’austérité du gouvernement Cameron.
Article basé sur l’édito de l’hebdomadaire ‘The Socialist’, de notre parti frère le Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)
Ce gouvernement de millionnaires (qui en comprend pas moins de 18 sur 25) voulait que les politiques d’économies très sévères permettent de retrouver un budget en équilibre pour 2014-15. Comme nous l’avons toujours dit, le Premier ministre David Cameron doit maintenant reconnaître que ce ne sera pas possible.
Le gouvernement prétend que le secteur privé bénéficierait de la réduction du secteur public. Mais il est maintenant devenu lipide que cela n’est pas le cas. La destruction du secteur public n’a conduit qu’à une aggravation de la crise économique capitaliste et a assuré une augmentation du nombre de travailleurs sans emploi (pas moins de 2,62 millions, dont 1,2 million de jeunes) de même qu’une réduction des recettes fiscales pour les autorités. Le déficit budgétaire s’est encore accru.
Mais ce gouvernement de conservateurs et de libéraux-démocrates continue à se cramponner à la politique d’austérité. Seuls les riches y ont intérêt. L’an dernier, les topmanagers des 100 plus grandes entreprises ont reçu une augmentation de 49% de leurs primes. Les récentes données de la High Pay Commission démontrent que l’écart entre les plus riches et le reste de la population est maintenant aussi grand que durant le règne de la reine Victoria!
Les coupes budgétaires détruisent la vie de millions de personnes, et parmi eux, les jeunes, les aînés, les malades et les handicapés sont les plus touchés. Cette politique des autorités ne réserve qu’une dégradation des conditions de vie pour la majorité de la population.
Assez, c’est assez! Il est grand temps de mener la contre-attaque! C’est très précisément ce que vont faire les millions de travailleurs du personnel du secteur public le 30 novembre ( »N30 »), notamment pour défendre leurs pensions. Ce sera la plus grande journée de grève depuis 1926, et le gouvernement tremble de peur.
Pour le gouvernement, les travailleurs du public doivent cotiser plus pour leurs pensions et travailler plus longtemps pour recevoir une pension moindre. Les pensions »trop généreuses » actuelles ne seraient plus payables. Ces propos sortent de ministres conservateurs qui vont recevoir un bonus pour leur pension de 731.000 livres en plus de leur pension annuelle de 43.825 livres!
Le 30 novembre, il sera directement question des retraites, mais aussi plus largement de la question de la meilleure riposte contre l’austérité. Nous sommes tous confrontés aux réductions de salaires et de la prestation de services, au manque d’emplois,… Une grève impliquant trois millions de travailleurs donnera au gouvernement Con-Dem un avant-goût de la résistance qui est possible. Nous disposons d’une force potentielle gigantesque, et il faut l’organiser en une direction capable de remporter la victoire.
Les syndicats doivent faire de ce 30 novembre un véritable commencement pour une stratégie résolue contre l’austérité, et non pas une journée destinée à laisser un peu de pression de la base s’échapper. La fédération syndicale TUC doit utiliser cette journée pour annoncer la prochaine journée grève générale, de 24 heures ou de 48 heures au cours des deux mois à venir.
Les actions doivent également être étendues au secteur privé. Nous devons regarder comment il est possible de faire de la prochaine journée de grève une véritable grève générale touchant tant le secteur privé que le public. Il faut donc appeler les différents syndicats à coordonner leurs actions. Pour l’instant, par exemple, des actions sont prévues pour les électriciens, en lutte contre l’accord salarial national qui prévoit des diminutions de salaires allant jusque 35% dans les entreprises qui bénéficient des crédits des autorités.
D’autres grèves
Des actions nationales contre les attaques qui menacent les pensions peuvent renforcer d’autres grèves. Il y a d’autres thèmes spécifiques en jeu, comme celui des privatisations.
Pour obtenir une stratégie combative, il est des plus crucial que les décisions ne soient pas simplement prises par un petit groupe de dirigeants au sommet des syndicats. Il doit y avoir l’implication la plus large possible de la base syndicale, tous les syndicalistes doivent pouvoir user d’un contrôle démocratique sur les négociations et le plan d’actions.
Au sein des syndicat, il y a grand besoin d’une gauche combative qui assure la défense des intérêts de la base syndicale. Une revendication allant en ce sens est que chaque permanent responsable du syndicat soit élu et que les dirigeants syndicaux ne gagnent pas plus du salaire moyen d’un travailleur. Le réseau de délégués National Shop Stewards Network (NSSN) organise les syndicalistes combatifs et peut jouer un rôle important dans l’organisation de cette gauche combative et militante.
Des actions de grève coordonnées peuvent faire chuter ce gouvernement. Cela renforcerait grandement la confiance des masses en leurs capacités. Mais il n’y aurait pas grand chose de changé si cela ne conduisait qu’à un nouveau gouvernement travailliste.
Les sociaux-démocrates du Parti travailliste reçoivent la majeure partie de leurs moyens des syndicats qui participent à cette journée du 30 novembre. Cependant, le dirigeant travailliste Ed Balls a déclaré lors d’une conférence du parti plus tôt cette année qu’un gouvernement travailliste opérerait lui aussi des économies sur les pensions du secteur public et défendrait encore de travailler plus longtemps, de cotiser plus, et de recevoir moins. Au niveau local, chaque conseil communal qui comprend une majorité travailliste applique l’austérité du gouvernement national avec loyauté. Aucun élu local du parti Travailliste n’a voté contre les économies dans les conseils communaux contrôlés par les travaillistes.
Le président du parti Travailliste Ed Milliband a clairement exprimé de quel côté il est en condamnant les actions de grève du 30 juin dernier. Pour illustrer cela, il s’est laissé photographier ce jour-là en prenant joyeusement une tasse de thé avec le Premier ministre Cameron et le dirigeant des libéraux-démocrates Nick Clegg. Et maintenant, malgré le soutien énorme dont dispose la grève générale du 30 novembre, il refuse de la soutenir. Même le quotidien ‘Daily Mirror’ appelle à ne pas critiquer ces “travailleurs du secteur de la santé, du personnel communal, enseignant,… qui se révoltent contre le fait qu’ils doivent payer pour les bonus des ‘banksters’ [jeu de mot basé sur les termes »banquiers » et »gangsters »]”.
Le N30 montrera le potentiel gigantesque qui est celui de la classe ouvrière organisée. Mais sans instrument politique, nous partons au combat une main liée dans le dos. Nous défendons que les syndicats construisent un nouveau parti, un parti qui se lève pour défendre les intérêts de la majorité de la population.
Ces 18 derniers mois, le Socialist Party a participé à la Trade Unionist and Socialist Coalition (TUSC), une alliance électorale qui implique notamment des syndicalistes combatifs membres du RMT, du PCS et de la NUT. L’intérêt de cette TUSC est grand, car cela offre aux syndicalistes, aux activistes et aux socialistes l’opportunité de participer aux élections et de donner une voix à la résistance contre le consensus d’austérité des partis traditionnels. Cette initiative peut se développer grandement au cours de la période devant nous. Lors de la grève du 30 juin dernier, l’appel lancé aux grévistes de se présenter eux-mêmes aux élections en tant que candidats contre l’austérité a reçu de très très bonnes réactions.
Programme
Même avec un programme limité – contre toutes les économies sur le dos des travailleurs, en défense des pensions et des services publics, contre toute législation antisyndicale – la présentation de candidats syndicalistes serait un énorme pas en avant. La lutte du personnel du secteur public sera renforcée. Cette lutte est en réalité un combat à mener contre les conséquences du capitalisme, il faut donc aborder la question de l’alternative socialiste à proposer.
La crise économique ne vient pas de la population, c’est la crise du système capitaliste. Ces mêmes banquiers et spéculateurs à la base de la crise revendiquent maintenant que le gouvernement nous fasse payer pour leur crise. Partout à travers l’Europe, les gouvernements défendent les revendications de ces charognard.
Une société socialiste défendrait les intérêts des millions de gens issus de la population ordinaire, pas ceux des milliardaires. Il faut commencer avec la nationalisation du secteur financier – pas pour sauver les banquiers comme le veulent les travaillistes – mais pour placer ce secteur sous le contrôle démocratique de la population.
Cela ne serait qu’un début. En Grande-Bretagne, environ 10% des richesses ont été perdues en conséquence de la récession. Il y a maintenant 2,62 millions de chômeurs selon les statistiques officielles. Nous devons placer toutes les grandes entreprises qui contrôlent l’économie dans les mains du public afin d’orienter la production et la distribution selon une planification destinée à répondre aux besoin de tous, et pas à la soif de profits de quelques uns.