11,3 milliards € d’économies sur le budget fédéral pour l’année 2012 : jamais dans l’histoire de la Belgique une telle austérité n’a été menée en si peu de temps. Et ce alors que des décennies de néolibéralisme ont déjà épuisé les réserves et les marges pour les extra dans les familles.
Par Baptiste (Wavre)
Pour les ménages qui dépendaient d’un emploi chez Kraft Food, ArcelorMittal, ou encore NextPharma, l’avenir est évidemment pire encore. Pourtant, nos politiciens en sont convaincus : ce sera bien le prix à payer pour sauvegarder les profits de l’élite financière, et de la collectivisation de leurs dettes depuis 2008.
Au moment d’envoyer ce journal à l’imprimeur, les mesures exactes du gouvernement n’étaient pas encore connues, mais les pistes l’étaient : coupes dans les budgets des administrations et des services publics, non remplacement de départs à la retraite dans la fonction publique, attaques contre les allocations de chômage et les prépensions ; en contrepartie de quoi les plus fortunés devront également lâcher quelques pièces via différentes mesures symboliques.
La manifestation nationale du 2 décembre est un bon début à l’organisation de la résistance contre l’austérité. L’occasion pour ce front de présenter un programme anticrise, qui serait une alternative à l’austérité préparée pour la résorber le déficit budgétaire. En voici quelques points et notre avis sur la question :
Le maintien de l’indexation automatique des salaires et des all ocations sociales
L’idée selon laquelle l’indexation entraînerait une perte de compétitivité et une inflation à la hausse est un leurre! C’est un argument purement idéologique de la part des capitalistes qui ne cherchent qu’à défendre leur (énorme) part du gâteau.
L’index a été miné (de par la manière dont on a choisi les produits qui composent le panier de l’index, mais aussi par de par le retard avec lequel les salaires sont indexés), mais même cette mesure va trop loin pour les patrons, les libéraux et l’Union Européenne.
‘‘Malgré’’ l’indexation, les profits des grandes entreprises ont été gigantesques ces dernières années. Peut-être pas suffisamment à leur avis ? Le maintien du mécanisme d’indexation est une revendication importante, mais nous devons avertir que ce maintien ne doit pas une fois de plus être marchandé contre de nouveaux cadeaux au patronat.
Le maintien des prépensions et des allocations de chômage
Alors que les jeunes ne trouvent pas d’emploi, on veut faire bosser plus longtemps nos aînés. C’est totalement illogique.
Comment donner aux jeunes la perspective de se construire un avenir ? Cela ne tient pas la route de dire que puisque nous vivons plus longtemps, nous devons travailler plus longtemps, alors que nous produisons aujourd’hui bien plus en travaillant que lors des décennies précédentes. Veulent-ils nous faire travailler jusqu’à tomber raides ?
Les attaques contre les allocations de chômage veulent s’en prendre aux plus faibles d’abord. Dans ce système, il est plus facile de s’en prendre à un chômeur que de tenter de faire payer plus à Electrabel. Il faut lutter contre le chômage, pas contre les chômeurs. C’est tout à fait possible en répartissant le travail disponible: en réduisant le temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. Les entreprises qui effectuent des licenciements collectifs peuvent être nationalisées sous le contrôle des travailleurs.
Ces nationalisations ne serviraient ainsi pas à socialiser les pertes et à privatiser les profits. Une entreprise nationalisée doit fournir de l’emploi et produire de façon socialement utile.
Une fiscalité juste
Les syndicats ont raison de faire remarquer que la moyenne actuelle de l’impôt payé par les entreprises est de 11,8% seulement, alors que le taux légal est de 33%. La politique de cadeaux fiscaux a donné tellement de milliards aux entreprises que les familles ordinaires contribuent désormais davantage à la collectivité que les entreprises.
Nous sommes évidemment favorables au retrait du mécanisme des intérêts notionnels. Cette mesure n’a fait que remplir les caisses essentiellement de 20 grandes boîtes en Belgique. Ontelles créé de l’emploi ? Dernièrement, ArcelorMittal et Next Pharma ont démontré qu’ils n’ont fait que se servir de cadeaux fiscaux pour mieux détruire les emplois par la suite.
Nous sommes bien entendu d’accord qu’il faut aborder les politiques fiscales. Mais il est illusoire de penser que les patrons ne vont pas trouver d’échappatoires pour éviter de payer l’impôt par l’évasion fiscale légale ou illégale. Si nous voulons avoir un véritable contrôle démocratique sur les revenus des grandes entreprises, nous devons prendre les secteurs clés de l’économie dans les mains du public. Cela permettrait immédiatement d’orienter ces secteurs (comme ceux de l’énergie et de la finance) pour qu’ils correspondent aux besoins de la majorité de la population.
Un plan d’action contre la politique d’austérité !
En préparation de la manifestation du 2 décembre les dirigeants ont expliqué que des simples mesures comme le renforcement de la lutte contre la fraude fiscale, la taxation à 24% des revenus financiers et l’arrêt des cadeaux fiscaux permettaient de trouver sans problème 11 milliards. Pour parvenir à imposer cela, il faudra bien plus qu’une manifestation de temps en temps.
Nico Cué, secrétaire général de la FGTB Métal Wallonie-Bruxelles a eu raison de dire: ‘‘Si les mesures contenues dans le budget sont déséquilibrées, et on est convaincu qu’elles le seront, on va aller jusqu’à la grève générale. Au prochain comité fédéral de la FGTB, le 6 décembre, les métallos Wallonie- Bruxelles proposeront une feuille de route d’action, avec une grève générale de vingt-quatre heures en janvier. On pense que le combat va être dur et long. On propose donc d’aller crescendo, avec une grève de 48 heures en avril, et de 72 heures en juin. C’est dire qu’on risque de rentrer en conflit très fort avec le gouvernement, dont le Premier ministre sera probablement Elio Di Rupo.’’
Nous avons besoin d’un plan d’action démocratiquement élaboré, avec une campagne d’information et de mobilisation dans chaque lieu de travail et dans la rue, sur base d’un programme anticrise partant des besoins de la majorité de la population. Sur cette base, il sera possible de réellement résister à l’austérité du gouvernement qui vient.