Exigeons des programmes et des politiques qui répondent aux besoins sociaux !

Tous les partis de la coalition suédoise qui composait le gouvernement précédent (N-VA, MR, CD&V et Open Vld), ont défendu leur politique corps et âme jusqu’au dernier jour de la campagne et ont fait part de leur désir que la coalition rempile pour une nouvelle législature. Etendue au cdH bien sûr, car cette coalition de droite inédite avait perdu sa majorité dans les sondages un an à peine après sa formation !

Par Els Deschoemacker, éditorial de l’édition de juin de Lutte Socialiste

Analyser qui a perdu les élections, qui a limité les dégâts, qui a gagné et avec quel programme tout cela s’est produit est très intéressant, pour ceux qui veulent le voir en tout cas.

Quand des centaines de milliers de personnes ont participé au plan d’action syndical de 2014 contre la casse sociale du gouvernement Michel, les commentateurs n’ont démontré que très, très peu de compréhension mais, aujourd’hui, nous entendons de toutes parts que le signal de l’électeur doit être respecté. Quant à savoir ce que représente exactement ce signal… Dans le quotidien De Tijd, le dirigeant de la CSC Marc Leemans faisait remarquer à juste titre que le résultat des élections en Flandre ne doit pas être unilatéralement interprété comme une clameur pour une politique plus à droite. ‘‘Qui croit vraiment que l’électeur a donné ce signal ? Si quatre partis gouvernementaux ont été punis pour cinq ans de politique libérale de droite, je réfléchirais à deux fois avant de défendre qu’il est question d’encore plus de politique de droite.’’

Tous les médias affirment que la Flandre n’a probablement jamais autant voté à droite. Quelle était la dynamique derrière ce comportement électoral ? Le Vlaams Belang a gagné les élections en combinant un programme raciste et une critique de la politique antisociale du gouvernement, dont la N-VA était le champion. En mettant l’accent sur des revendications telles qu’un retour de l’âge de la pension à 65 ans, une pension minimum de 1.500 euros par mois, une augmentation des allocations sociales,… le Vlaams Belang semblait répondre aux inquiétudes populaires.

C’est totalement hypocrite. Le Vlaams Belang a toujours voté contre chaque mesure visant à élargir nos droits sociaux. Tout à l’opposé d’un parti social qui s’attaque aux inégalités en s’en prenant aux profits des grandes entreprises, il fait commerce de la haine et de la division. Son programme ‘‘Nos gens d’abord’’ ne défend pas d’arracher plus de moyens, mais seulement de répartir autrement des moyens largement insuffisants avec l’exclusion des grands groupes de la sécurité sociale, du logement social, de l’emploi, …. Cela ne fait qu’accroître la concurrence au bas de la société, l’objectif principal de l’extrême droite !

L’autre grand vainqueur des élections a été le PTB, surtout à Bruxelles et en Wallonie, mais aussi en Flandre où il a obtenu ses premiers élus. Groen n’a pas pu tirer profit de la révolte climatique car il n’était pas suffisamment social : il ne défendait même pas le rabaissement de l’âge de la pension ! Une grande partie de la classe des travailleurs craignait que le programme de Groen finisse par peser encore plus lourdement sur leurs épaules.

Le PS a réussi à limiter la casse grâce à un programme plus fortement ancré à gauche, il reste le plus important parti en Wallonie et à Bruxelles. Ecolo a obtenu de bons résultats, mais n’a pas pu saisir le potentiel des sondages, en grande partie pour les mêmes raisons que Groen.

Presque partout en Europe, les partis traditionnels qui ont dominé le capitalisme depuis la Seconde Guerre mondiale ont reculé. En Belgique, pour la première fois, une tripartite des familles traditionnelles autrefois toutes-puissantes est impossible. Avec les partis Verts, il y aurait une majorité fédérale, mais ce ne serait pas le cas en Flandre. Les partis qui ont fait payer la crise du capitalisme à la majorité de la population à maintes reprises ont connu un soulèvement électoral. Si le PS a mieux résisté, c’est grâce à des revendications sociales concernant les pensions, la réduction du temps de travail, l’impôt sur la fortune,…

Si les élections du 26 mai ont démontré une chose, c’est que les électeurs en ont assez et qu’un revirement s’impose.

Le défi consiste maintenant à organiser la résistance en une politique qui répond aux besoins sociaux et, par conséquent, qui remet en question le système capitaliste. Le mouvement des travailleurs est numériquement plus fort que jamais et nous avons encore des syndicats potentiellement très puissants. La classe des travailleurs est la force sociale qui peut apporter le changement, mais cela n’est pas une garantie automatique. Pour cela, il faut une organisation consciente autour d’un programme de changement et une lutte menée avec la plus grande implication possible des délégués, des militants et des affiliés.

La percée du PTB dans toutes les régions du pays est le développement le plus important de ces élections en ce qui concerne le mouvement des travailleurs. Il offre une voix à ceux qui veulent sortir du marasme du déclin social. Pour en sortir, nous devons rompre avec la camisole de force budgétaire en Europe et en Belgique, et nous devons nous battre pour une politique qui ne soit pas axée sur les profits, mais sur les besoins de la majorité de la population.

 

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