Des majorités progressistes possibles en Wallonie et à Bruxelles!

Il y a deux ans, la FGTB wallonne lançait un appel pour une coalition de gauche à la Région wallonne. A l’époque, le PS, ECOLO et le PTB disposaient ensemble de 36 sièges sur 75. Aujourd’hui, le même attelage bénéficie de 45 sièges.

Par Nicolas Croes, article tiré de l’édition de juin de Lutte Socialiste

Il n’y a pas si longtemps, la campagne du PS pouvait se résumer à dire ‘‘ce serait pire sans nous’’. La formule magique a connu des ratés avec l’arrivée fracassante d’un concurrent à sa gauche. La croissance du PTB a poussé le PS à donner plus de consistance à sa campagne électorale, ce qui a abouti aux 10 ‘‘lignes rouges’’.

Parmi les revendications du PS regroupées derrière 10 thèmes prioritaires, on trouve : des pensions minimum à 1.500 euros net par mois pour une carrière complète ; un salaire minimum de 14 euros brut par heure; le relèvement des allocations sociales au-dessus du seuil de pauvreté, un impôt sur les grands patrimoines (patrimoines supérieurs à 1,25 million d’euros, hors habitation personnelle et biens affectés à l’activité professionnelle), le développement des transports publics avec notamment un investissement de trois milliards d’euros dans la SNCB,…

Pourquoi ces revendications n’ont-elles pu être réalisées entre 1988 et 2014, quand le PS fut au pouvoir sans interruption ? A l’époque, le PS justifiait ses compromissions honteuses en expliquant qu’il s’agissait avant tout d’une question de partenaire de coalition. Et aujourd’hui ?

Rompre la camisole de force austéritaire

Au lendemain des élections, Elio Di Rupo a nié vouloir s’allier aux formations politiques les plus à gauche possibles : ‘‘Non, je n’ai pas dit ça comme ça. J’ai dit que je voulais des gouvernements avec un programme le plus progressiste possible.’’ Raoul Hedebouw a par contre expliqué dans une interview à Sudinfo qu’il souhaite quitter l’opposition, mais pas à n’importe quel prix : ‘‘C’est possible avec le PS ou Écolo, mais pas le PS de Publifin ni l’Écolo qui veut une taxe carbone.’’

Dès lors que l’on entre dans le concret, on ne peut pas reprocher au PTB de mettre la barre trop haut… Youssef Handichi, député bruxellois du parti, a ainsi indiqué que l’entrée dans une majorité bruxelloise était liée à deux conditions : la gratuité de la Stib (ce qui reviendrait à 200 millions €) et une grille contraignante des loyers. Ces mesures seraient bien accueillies, mais elles sont largement insuffisantes. La gratuité de la Stib doit être accompagnée d’un plan radical d’investissements publics dans le réseau puisque ce dernier est déjà surchargé. Quant au contrôle des loyers, il vaudrait mieux réduire la part du marché privé en construisant massivement des logements sociaux publics, comme les 50.000 nouveaux logements sociaux que défendait le PTB pour Bruxelles dans son ancien programme électoral de 2014. Ce débat aurait de plus été l’occasion idéale de soutenir ouvertement les revendications légitimes du personnel en lutte des Administrations locales et régionales (ALR) de Bruxelles, mais l’occasion a été gâchée.

La gauche doit représenter un changement concret pour la vie des gens et donc ne pas se limiter à deux réformes : elle doit former un gouvernement de désobéissance, qui refuse de se soumettre au carcan budgétaire actuel.

Si le PTB est sérieux, il doit tout faire pour empêcher le PS et ECOLO de faire comme si l’appel de la FGTB n’existait pas. Pourquoi ne pas appeler à organiser localement de grands meetings, avec l’aide de la FGTB, pour assurer qu’il y ait une pression maximale sur le PS et ECOLO ? Ce type d’initiative serait d’ailleurs idéal pour que cette pression reste de mise pour assurer qu’une coalition progressiste applique bel et bien un programme de rupture anti-austérité comme l’instauration d’un salaire minimum de 14 euros de l’heure dans les services publics régionaux, la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauche compensatoire,… mais aussi des investissements publics massifs dans les infrastructures et les services publics et le refus de respecter la dictature budgétaire européenne.

Un projet pareil susciterait l’enthousiasme jusque de l’autre côté de la frontière linguistique, il n’y a pas le moindre doute à ce sujet. Cela donnerait un tout autre écho au débat sur la meilleure manière de rompre avec l’austérité. Cela permettrait également d’élargir dès aujourd’hui à toute la population le débat sur la manière dont nous aurons à riposter à la colère du monde du capital pour éviter de connaître le sort lamentable de SYRIZA en Grèce.

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