C’est l’idée directrice du nouveau livre de l’ancien rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation, le sociologue suisse Jean Ziegler. ‘‘Destruction massive. Géopolitique de la faim’’ s’attaque violement aux causes qui se cachent derrière la mort de 36 millions de personnes chaque année.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), toutes les 5 secondes, un enfant en dessous de 10 ans meurt de faim. Chaque jour, 37.000 personnes meurent de faim et, sur une population mondiale de 7 milliards de personnes, presque un milliard sont sous-alimentés en permanence, mutilés par la faim à tel point que la moindre activité représente un effort terrible. Pour Ziegler, ‘‘il n’y a plus de manque objectif de nourriture : il y a un manque d’accès à la nourriture. C’est pour cela que je dis qu’avec les moyens dont nous disposons, un enfant qui meurt de faim est un enfant assassiné.’’
L’auteur ne pointe pas une ‘‘responsabilité collective’’ ou ‘‘le monde occidental qui mange des hamburgers chez McDo’’ mais bien le système de profit capitaliste : la spéculation financière sur les matières premières alimentaires, le dumping agricole, la dette extérieure des différents pays, la culture très lucrative des agrocarburants et enfin, et non des moindres, le vol de terres aux paysans au profit de multinationales.
L’an dernier, en Afrique noire, 41 millions d’hectares ont été volés aux paysans locaux par les hedge funds et les fonds souverains, payés en grande partie par la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissements et la Banque africaine de développement.
Quel est l’objectif du livre au-delà de l’information ? Il est de ‘‘favoriser l’insurrection des consciences en Europe, [et alors] la solidarité avec les mouvements insurrectionnels paysans va se faire et l’ordre cannibale du monde finira par tomber.’’ C’est un objectif auquel nous souscrivons pleinement, et nous voulons engager la discussion avec tous nos lecteurs sur la meilleure manière d’y parvenir.
‘‘Destruction massive. Géopolitique de la faim’’, par Jean Ziegler, aux éditions du Seuil, 352 pages, 20 €.