Brésil : L’enseignement entre en lutte contre Bolsonaro

Le 15 mai dernier, des centaines de milliers d’enseignants et d’étudiants ont déferlé dans les grandes villes du Brésil pour défendre les universités menacées par d’importantes coupes budgétaires. La marée humaine a déferlé dans 27 États et 188 villes du Brésil ! Jamais jusqu’ici le président populiste de droite Bolsonaro n’avait eu à faire face à un tel mouvement de contestation.

Depuis son arrivée au pouvoir en janvier dernier, Jair Bolsonaro n’a eu de cesse de mener une chasse au ‘‘marxisme culturel’’ sous le prétexte d’éliminer ‘‘l’endoctrinement gauchiste’’ de la jeunesse. Le ministre de l’Éducation avait évoqué une réduction des fonds publics alloués aux départements de philosophie et de sociologie des universités en avril dernier, ce qui avait évidemment provoqué un tollé considérable. Ensuite, le même ministre a annoncé le gel de 30 % des subventions à 3 universités accusées d’agitation politique… avant de généraliser la mesure à toutes les universités !

Selon un sondage publié début avril par l’institut Datafolha, depuis 1990, aucun chef d’État brésilien n’avait vu sa cote de popularité chuter si vite en trois mois temps, y compris parmi ses propres électeurs. Son arrivée au pouvoir s’explique par l’approfondissement de la crise économique et sociale et par les multiples scandales de corruption qui ont touché l’élite politique, notamment le PT (Parti des Travailleurs) précédemment au pouvoir. Ses solutions ne vont cependant qu’exacerber les problèmes déjà profonds, au grand plaisir des riches et au détriment des travailleurs.

La contestation de masse a donc largement débordé le thème de l’enseignement pour aborder les piliers de la politique de Bolsonaro : le port d’arme (il veut autoriser le port d’arme pour tous) et la contre-réforme des retraites profondément antisociale. C’est ainsi que l’on a pu lire ‘‘Des livres oui, des armes non !’’ sur les pancartes et banderoles des manifestants, au côté d’autres slogans tels que ‘‘L’éducation n’est pas une dépense, c’est un investissement’’, ‘‘Sans investissement, pas de connaissance’’ ou encore ‘‘Ou ils stoppent les coupes (budgétaires) ou on stoppe le Brésil’’.

Ce dernier slogan est d’une importance capitale, car il aborde la nécessité d’une grève générale. La mobilisation actuelle du secteur de l’enseignement a en effet le potentiel de cristalliser toute la colère et les multiples luttes (indigènes, mouvement des femmes,…) qui se sont développées depuis l’élection de ce président ultra-réactionnaire qui n’a pas hésité à célébrer fin mars le coup d’État militaire de 1964.

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