Groen & ECOLO à la rescousse ? Le climat et les travailleurs méritent mieux

Les partis verts sont entrés dans cette campagne électorale – la première où l’écologie est un thème dominant – comme si on leur avait déroulé le tapis rouge. Sous la pression du mouvement pour le climat, plus aucune formation politique ne peut reléguer l’environnement au fin fond de son programme. Cela s’était déjà vu aux élections communales : ECOLO et Groen font figure d’alternative naturelle aux yeux de beaucoup.

Ces élections d’octobre arrivaient après la plus longue période sans élection depuis 1945 et c’est un véritable tsunami de jeunes qui a fait leur irruption comme électeurs. Plus de 693.000 jeunes âgés de 18 à 23 ans votaient pour la première fois (8,53% de l’électorat) et il n’est plus à démontrer que l’urgence climatique est une priorité à leurs yeux. Les inquiétudes et la colère face au sort dramatique des migrants ont également contribué à la percée des partis verts. Cerise sur le gâteau, les autres partis traditionnels souffrent d’un large discrédit dû à leur politique profondément antisociale et à divers scandales liés ou non à des intercommunales.

‘‘L’écologie politique’’ : vers où et pour quoi ?

Les leçons des élections communales ne s’arrêtent pas là. La liste commune déposée par le MR et ECOLO dans la commune liégeoise d’Oupeye avait surpris, de même que la rapidité à laquelle des majorités communales ont été conclues avec le MR à Bruxelles. A Molenbeek, c’est le départ d’ECOLO, pour une question de postes, qui a sonné le glas des négociations pour une majorité PS-PTB-ECOLO. En Flandre, Groen n’a pas hésité à rejoindre la N-VA au collège de plusieurs communes.

Les deux partis sont considérés comme étant de gauche par la plupart de leurs électeurs et certains membres. Mais les directions de partis sont plus frileuses. La coprésidente d’ECOLO Zakia Khattabi – pour qui le clivage gauche-droite est aujourd’hui obsolète – n’a-t-elle pas déclaré récemment ‘‘Ecolo n’a jamais aussi bien travaillé avec les entreprises qu’aujourd’hui’’ ? Est-ce un hasard si l’on retrouve aujourd’hui sur la liste européenne d’ECOLO Luc de Brabandere, ancien Directeur Général de la Bourse de Bruxelles et autoproclamé ‘‘philosophe d’entreprise’’ ? En Flandre, les spéculations vont bon train dans les médias au sujet d’un axe bleu-vert dans la formation d’un futur gouvernement. Si la fraction verte devient la plus importante, cela pourrait conduire à un gouvernement dirigé par l’actuel député fédéral Groen Kristof Calvo.

Dans les ‘‘10 mesures prioritaires d’Écolo pour sauver le Climat et la Planète’’, on trouve des éléments intéressants, comme d’investir 7 milliards d’euros dans les transports en commun, sans toutefois assurer de gratuité, sauf pour les chômeurs et les jeunes de moins de 25 ans. Ce serait un pas en avant, c’est certain, mais bien modeste au regard de l’objectif de ‘‘sauver le climat et la planète’’. ECOLO défend l’objectif de fermer les centrales nucléaires et de développer les énergies renouvelables (pour atteindre les 100% en 2050), mais nous ne voyons vraiment pas comment ces 100% pourraient bien être obtenus sans retirer la totalité du secteur de l’énergie des mains des actionnaires privés. Le parti veut aussi multiplier les pistes cyclables, favoriser les véhicules partagés, réduire à 6% la TVA sur l’achat de vélos et autres modes de mobilité douce, garantir un espace vert à maximum 300 mètres de chaque habitation,… Mais tout cela est bien peu.

La Cour des comptes européenne a estimé à 1.155 milliards d’euros par an le montant des investissements nécessaires pour répondre à ce qui peut encore l’être de l’urgence climatique. Les moyens dont nous avons besoin pour réagir sont colossaux, mais ECOLO et Groen refusent de toucher aux grandes entreprises et estiment qu’une ‘‘loi climat’’ – non contraignante ! – fixant des objectifs et une trajectoire en phase avec l’accord de Paris suffira. C’est la dernière des ‘‘10 mesures’’ d’ECOLO.

Groen défend la mise sur pied d’une banque du climat qui mobiliserait l’épargne sous forme d’obligations vertes. L’idée d’une banque publique de développement revient à la gauche, mais disposer d’une banque publique dans océan bancaire privé revient à l’inscrire dans la logique du profit. Le programme des Verts repose essentiellement sur une réorientation des subsides publics et de déductions fiscales aux entreprises. A la lumière de ces mesures, le fameux ‘‘horizon post-capitaliste’’ dont parle ECOLO revient à entretenir des illusions sur la manière dont les mécanismes de marchés – pourtant au coeur du problème – peuvent représenter des solutions.

Au sujet des luttes sociales, un inquiétant avertissement est également arrivé en mars dernier, quand la Chambre a approuvé un projet de loi instaurant un service minimum garanti dans les prisons. Cette grave atteinte au droit de grève a été approuvée par la majorité de droite, rejointe par le CDH… et les partis verts !

Nous comprenons bien que beaucoup de gens considère que les Verts comme une alternative crédible face à l’urgence écologique et contre la droite, particulièrement en Flandre où Groen réalise une véritable percée. Mais leur programme et la pratique politique de ces dernières années permettent de sérieusement douter de leur légitimité. C’est précisément pour cela que leurs précédentes participations au pouvoir n’ont pas été couronnées de succès.

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