Etat espagnol. Le danger du bloc réactionnaire Vox / PP / Ciudadanos

Photo : Wikimedia Commons

Depuis la mort de Franco en 1975, l’extrême droite n’a eu ni représentation électorale ni sociale très significative dans l’Etat espagnol. Le rassemblement des forces de droite a donné naissance au PP (Parti Populaire) en 1989, formation censée être plus libérale et au centre de l’échiquier politique. L’extrême-droite s’est retrouvée retrouvait dispersée dans des groupes nostalgiques du franquisme ou des groupuscules violents tandis que d’autres avaient trouvé refuge dans el PP.

Par Marisa (Bruxelles)

Quand la crise économique a secoué le pays, tant le PP que le PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol) ont appliqué une austérité brutale. Le mécontentement généralisé envers les institutions et les partis établis a déclenché un intense cycle de lutte de classe ainsi qu’une crise de régime, aucun des deux partis qui s’étaient partagé le pouvoir en alternance pendant des décennies (le PP et le PSOE) n’atteignaient plus la majorité.

Certains membres du PP regrettent la ligne appliquée durant le mandat de Mariano Rajoy, la jugeant trop molle. Une partie de ce courant a quitté le parti pour fonder Vox, une formation encore plus à droite. Vox a déposé sa propre liste aux élections européennes de 2014, sans grand succès, de même qu’aux élections locales, régionales et générales qui ont suivi. Parallèlement, la formation de gauche Podemos a réalisé d’importantes percées et de nouvelles coalitions locales anti-austérité ont remporté des villes de première importance comme Madrid et Barcelone.

Lors du référendum catalan du 1er octobre 2017 et lors de la grève générale du 3 octobre, la possibilité d’une république indépendante acquise par l’action de masse a véritablement effrayé la bourgeoisie espagnole et catalane. L’attitude hésitante de Podemos et le soutien du PSOE à la suspension de l’autonomie de la Catalogne ont ouvert la porte à toute sorte de forces réactionnaires. Le PP et Ciudadanos (nouvelle formation de droite populiste) se sont lancés dans une surenchère espagnole chauvine pour freiner le mouvement. A ce moment, Vox a sauté sur l’occasion pour occuper l’espace à la droite du PP.

Vox se déclare ouvertement anti-féministe et homophobe. Le fil rouge de son discours est la défense de l’unité espagnole face à l’immigration et au conflit territorial. La formation est par définition raciste et anti-catalane. Pour cette raison, le leader de Vox, Santiago Abascal, n’aime pas trop voir des élus de la N-VA et du Vlaams Belang porter des rubans jaunes pour revendiquer la liberté des prisonniers indépendantistes… Il a ainsi déclaré que s’il était élu aux élections européennes, il arborerait un badge aux armoiries du Duc d’Albe, un dictateur qui a opprimé la Flandre au 16e siècle ! Cela montre l’incohérence de la N-VA sur la question nationale.

Derrière le discours d’ultra-droite décomplexé de Vox, on trouve un programme compatible avec celui du PP et de Ciudadanos : répression de l’immigration, interdiction de l’avortement, privatisation de l’éducation, de la santé et des services publics, baisse de l’impôt des sociétés, baisse de cotisations sociales, privatisation du sol, maintien de l’énergie nucléaire,… Finalement, ces trois partis forment un bloc réactionnaire avec un programme acquis aux plus riches.

Vox a récemment surpris en réalisant une percée aux élections andalouses avec 11% des voix et 12 élus. Le PP est rapidement parvenu à constituer un gouvernement minoritaire au côté de Ciudadanos et avec un accord avec Vox. Ce dernier vise à jouer un rôle stabilisateur pour un gouvernement de droite en temps de crise. Le résultat de l’élection générale fin avril est encore imprévisible vu le grand nombre d’indécis. Le danger d’une percée de Vox au Parlement est toutefois bien réel. Pire encore, le bloc réactionnaire pourrait former un gouvernement.

Mais comme l’ont illustré la grève des étudiants pour le climat le 15 mars et la journée de grève générale du 8 mars, le rapport de forces dans les rues est à l’avantage des travailleurs et des jeunes. Une offensive lancée par les forces réactionnaires du pays provoquerait une vague de mobilisation et de résistance, jusque sur l’arène internationale. En Belgique, nous sommes prêts à y répondre avec la manifestation anti-NSV à Louvain le 9 mai. ¡ NO PASARÁN !

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