Combattre l’antisémitisme et toute discrimination par l’unité de notre classe

Ces derniers temps ont vu une recrudescence des violences antisémites(1) : attentat contre le musée juif à Bruxelles, dont le procès vient de s’achever ; tags de cimetières juifs en France ; violences verbales ; remontée du négationnisme et du révisionnisme ; … et, dernièrement, les caricatures antisémites au carnaval d’Alost. En parallèle, une autre tendance accompagne cette première : utiliser l’accusation d’antisémitisme pour diviser la gauche et les opposants à la politique pro-capitaliste.

Par Alain (Namur), article issu de l’édition d’avril de Lutte Socialiste

En Belgique, les rapports annuels(2) d’Unia (ex-Centre pour l’Égalité des Chances et la Lutte contre le Racisme) signalent une tendance à l’augmentation sur les 5 dernières années des plaintes en matière de négationnisme, avec un pic en 2016. La visibilité des thèses antisémites est poussée par des éléments ayant une forte audience comme le leader du mouvement d’extrême-droite Égalité et Réconciliation, Alain Soral, et son associé, l’humoriste Dieudonné.

Palestiniens, Gilets Jaunes, Jeremy Corbyn & Ken Loach

Les militants de la cause palestinienne le vivent fréquemment : toute critique contre la politique de l’État d’Israël devient, aux oreilles et aux yeux de la classe dominante et de ses défenseurs, de l’antisémitisme. L’Etat d’Israël opprime la population palestinienne et assassine certains opposants. Au même moment, il est incapable de répondre aux revendications sociales des travailleurs israéliens. Depuis plusieurs décennies, la lutte des Palestiniens est souvent prise comme symbole de lutte contre l’oppression en général, et particulièrement parmi la jeunesse. Les défenseurs de la cause palestinienne sont invariablement taxés ‘d’anti-juifs’, c’est un rideau de fumée destiné à masquer la politique antisociale et sectaire des autorités israéliennes.

En France, le mouvement des Gilets Jaunes a été taxé d’antisémitisme à plusieurs reprises. Il s’agit d’une tentative de salir et de diviser un mouvement de masse puissant et populaire, tour à tour accusé d’être ‘anti-climat’, ‘d’extrême-droite’ et même ‘complotiste’, après l’attentat de Strasbourg. Dans un mouvement peu structuré, chaque personne émet une analyse ou une idée sans que celles-ci soient pour autant portées par l’ensemble du mouvement. Il est d’ailleurs particulièrement remarquable que les idées nauséabondes soient très souvent directement repoussées par d’autres Gilets Jaunes, souvent plus nombreux. Mais les aspects remarquables et positifs d’un mouvement combatif de masse sont très rarement relayés par les médias au service des puissants. Macron veut aujourd’hui faire de l’antisionisme un délit d’opinion. Ainsi, s’en prendre publiquement à la politique du gouvernement israélien serait interdit.

Au Royaume-Uni, dans la guerre civile interne au Parti Travailliste (Labour), l’aile droite a voulu utiliser la lutte contre l’antisémitisme dans sa bataille contre l’aile gauche de Jeremy Corbyn. En Belgique, Charles Michel a cru bon de devoir s’indigner lors de la remise, par l’ULB, du titre de Docteur Honoris Causa au réalisateur Ken Loach. Charles Michel a par contre été plus discret sur la participation de Francken au 90e anniversaire de Bob Maes, fondateur de la milice néonazie Vlaamse Militanten Orde (VMO). Corbyn et Loach, tous deux sont bien connus comme étant des défenseurs de la lutte des Palestiniens. De la part du bras politique de la classe dominante, il s’agit là ‘‘d’antiracisme’’ bon marché visant à discréditer l’adversaire.

Diviser pour régner et imposer ses idées

Les politiciens traditionnels sont responsables de l’application d’une politique qui a ces dernières décennies transféré l’argent de la majorité sociale qui produit les richesses, vers une minorité capitaliste ultra riche. Et ils prétendent dénoncer et lutter contre l’antisémitisme qui pourtant trouve son origine dans le désespoir et les frustrations de couches dans la population qui pensent erronément voir en la communauté juive la réponse ou une partie de la réponse aux contradictions sociales.

Lorsque l’idéologie dominante accuse les défenseurs de la cause palestinienne d’antisémitisme, elle revient à jouer le même rôle que les Dieudonné et Soral : tenter de pousser une partie de la population sur le chemin de ne plus seulement critiquer l’Etat d’Israël, mais d’englober toute la population juive dans ce qui constituerait le problème de la société. Ça aussi, cela permet de diviser ; c’est ce que veulent les élites pour continuer à régner.

La gauche n’est bien sûr pas automatiquement vaccinée contre l’antisémitisme. Dans un article de 1937 sur l’antisémitisme en Union soviétique, le révolutionnaire russe Léon Trotsky expliquait comment la bureaucratie stalinienne, notamment lors des procès de Moscou, avait remis à l’agenda l’antisémitisme, largement répandu auparavant durant la période tsariste. Face au mécontentement populaire provoqué par l’incapacité de la bureaucratie de l’époque, il était important pour le régime stalinien de détourner la colère des masses vers un bouc émissaire : la population juive de l’URSS(3).

Avec qui et comment combattre l’antisémitisme : la force du nombre, l’organisation et l’unité

La contradiction principale de notre société ne réside pas dans les différences de cultures, d’identités, de genres, d’orientations ou de religions. Nous sommes dans une société de classes qui, en plus de détruire la nature, empêche à la majorité sociale d’y vivre dignement malgré les richesses colossales que celle-ci produit. L’unité dans l’action contre le système mais aussi contre toutes les oppressions spécifiques qu’il engendre doit donc se situer à ce niveau-là. La lutte contre l’antisémitisme, comme la lutte contre chaque discrimination, doit être une lutte d’ensemble de la classe des travailleurs et des jeunes contre la classe capitaliste qui se nourrit des divisions qui peuvent être présentes dans notre camp. Défendons un programme de lutte qui réponde aux besoins sociaux et qui se base sur la solidarité et l’internationalisme ouvrier ! Répondons à l’antisémitisme en indiquant les vrais coupables, le système capitaliste et ses défenseurs, et en y apportant une réponse socialiste.

(1) https://www.franceinter.fr/emissions/les-histoires-du-monde/les-histoires-du-monde-13-fevrier-2019
(2) https://www.unia.be/files/Documenten/Jaarrapport/Rapport_chiffres_2017_DEF.pdf
(3) https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1937/02/antisemitisme.htm

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