Notre patrimoine et nos infrastructures méritent plus d’investissements publics !

Photo de GodefroyParis — de WikimediaCommons, CC BY-SA 4.0, Link

L’austérité qui a frappé les travailleurs et leurs familles toutes ces dernières années n’a épargné ni les services publics, ni les infrastructures. Au prix d’une augmentation du nombre d’incidents. En Belgique, le souvenir de l’effondrement des tunnels bruxellois est encore vif. On se souvient aussi que la pluie a percé le plafond de certains musées. A l’étranger, il y a eu l’effondrement du viaduc du Polcevera à Gênes, l’incendie du Musée national du Brésil à Rio de Janeiro et, maintenant, celui de la Cathédrale Notre-Dame de Paris.

C’est connu, la politique d’austérité a été synonyme de transfert de richesses des pauvres vers les riches, mais aussi de la collectivité vers les riches. C’est à peine s’il y a encore eu des investissements dans les services publics et l’infrastructure, en ce compris le patrimoine. Les experts affirment que chaque « pays civilisé » consacre 3% de son PIB aux investissements publics. Cela fait 30 ans que la Belgique n’atteint pas cela. Pourquoi n’y a-t-il plus d’investissement aujourd’hui ?, questionne De Tijd dans un édito du 16 août 2018. ‘‘Parce que les autres dépenses devraient être supprimées. Les politiciens, cependant, préfèrent dépenser de l’argent en cadeaux pour plaire aux électeurs et aux groupes d’intérêt. Les investissements dans les infrastructures de base en souffrent.’’ Bref : tout doit céder la place aux cadeaux fiscaux à une petite minorité d’ultra-riches.

Les spécialistes du patrimoine se plaignent partout du manque de moyens. C’était déjà le triste constat qui avait été tiré du désastre de l’incendie du Musée national du Brésil. Mais le problème ne se limite pas au monde néocolonial ou aux pays émergents. En Europe occidentale également se font sentir les conséquences d’années d’économies. Ce n’est que lorsqu’il est trop tard, comme dans le cas de l’incendie de Notre Dame, que l’on s’en aperçoit soudainement. Et alors arrivent les milliardaires qui désirent «donner » des millions d’euros. C’est à peine s’ils acceptent encore de payer des impôts, ce qui a un sévère impact sur les fonds dédiés au patrimoine notamment. Et n’oublions pas que leurs donations sont soumises à l’exonération fiscale ! La générosité des donateurs est en réalité en partie payée par les caisses publiques : les entreprises qui investissent dans la culture peuvent fiscalement déduire 60% de ces dépenses (66% de réduction d’impôt sur le revenu pour les particuliers). Selon cette logique, l’impôt cède la place à la charité. Nous voilà donc remontés au XIXe siècle ou, dans le cas de l’art, au Moyen Âge, lorsque l’art était une prérogative privée des plus riches.

En Belgique, Theo Francken a encore fait parler de lui sur tweeter : « Après la destruction par l’État islamique des plus anciens monastères et sanctuaires du christianisme en Syrie, nous risquons de perdre le monument le plus beau et le plus impressionnant d’Europe. Quelle journée noire ! » L’objectif de l’ancien secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration était bien entendu de s’en prendre une fois de plus aux musulmans. Francken avait été moins loquace au sujet de l’attentat de Christchurch…

Le gouvernement auquel a participé Francken, que la N-VA entend d’ailleurs remettre sur les rails après les élections, n’a pas ménagé ses efforts pour que le taux d’investissements publics n’atteigne pas les 3% du PIB. Son parti veut réaliser d’autres économies, tout comme en 2014, en faisant valoir que le déficit budgétaire doit être comblé.

Il est remarquable que les politiciens de droite parlent souvent de « nos valeurs culturelles », mais qu’ils ne se montrent pas prêts à investir massivement dans les infrastructures et le patrimoine. Leur rhétorique ne sert qu’à diviser et à jouer sur le racisme. La culture, ils s’en moquent. La seule force qui exige sérieusement la fin de cette politique d’austérité, c’est le mouvement des travailleurs.

Certains peuvent se demander s’il ne vaudrait pas mieux investir dans le logement plutôt que dans une vieille cathédrale. Il est vrai que le parallèle s’impose avec la catastrophe survenue dans le bloc londonien des tours Grenfell en 2017. A l’époque, les milliardaires n’ont pas fait la queue pour construire de nouveaux logements. Lorsque les projets de construction et les investissements dépendent de la charité, ce n’est pas la communauté qui fixe les priorités et, en outre, la réponse aux catastrophes n’arrive qu’après coup, les moyens manquent pour la prévention. Des investissements publics considérables sont nécessaires dans le logement et les infrastructures, dont le patrimoine. En tant que service public, le patrimoine doit être sous le contrôle de la collectivité afin d’être accessible à de larges couches de la population.

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