Pour repousser la droite, votons PTB !

Peter Mertens et Raoul Hedebouw. Photo: Liesbeth

En février dernier, un ‘‘vent favorable’’ a livré à L’Echo et De Tijd une version provisoire des prévisions sur 5 ans du Bureau du plan, dont la version finale est prévue pour le mois de juin. Le gouvernement Michel/De Wever s’est profilé comme le ‘‘gouvernement de la reprise économique’’ appliquant les ‘‘réformes qui s’imposent’’ pour mettre de l’ordre dans le budget fédéral. Mais le rapport du Bureau du plan est sans équivoque : il va encore falloir se serrer la ceinture. Et pas qu’un peu.

Editorial de l’édition d’avril de Lutte Socialiste, par Nicolas Croes

Le Bureau du plan souligne que, depuis la crise, la zone euro a connu son sommet économique en 2017. Cette année-là, la croissance économique était de 2,5%. Depuis lors, c’est le déclin. En Belgique, la croissance économique était encore de 1,7% en 2017, mais elle est retombée à 1,4% en 2018. Pour le Bureau du plan, il ne faut pas s’attendre à plus de 1,3% en 2019 et à 1,4% en 2020. De 2021 à 2024, la croissance moyenne devrait être de l’ordre de 1,2%. Le Plan estime en outre que cette croissance devra être tirée par la consommation des ménages, les exportations devant quelque peu reculer (-0,2%). Sauf que, la consommation des ménages, Michel et sa bande se sont évertués à la tabasser…

Le corollaire de tout cela, c’est que le déficit budgétaire va repartir à la hausse : à 1,7% pour 2019. Concrètement, cela signifie de trouver pas moins de 7,7 milliards d’euros (depuis lors, il est question d’un déficit budgétaire de 8,2 milliards d’euros, NdlR) ! Histoire d’illustrer concrètement ce qu’une pareille somme représente, c’est plus du triple de l’assainissement du budget des soins de santé effectué entre 2014 et 2019 (2,1 milliards d’euros), ce que la mutuelle Solidaris qualifie déjà de ‘‘jamais vu’’. Son directeur d’étude Jean-Marc Laasman résume : ‘‘Le patient a été sacrifié sur l’autel de l’austérité.’’ Le Bureau du plan avertit : les sacrifices seront encore nombreux. Le déficit devrait atteindre les 2,6% du PIB au moins en 2024. Pour autant que l’on respecte les règles de l’Union européenne et les diktats du marché ‘‘libre’’ bien entendu.

Ce n’est pas une fatalité !

Au lendemain de ces révélations, le vice-Premier ministre Kris Peeters (CD&V) confirmait que le prochain gouvernement aurait à mener une ‘‘sérieuse opération d’assainissement’’. Si nous les laissons faire, quand donc verrons-nous le bout du tunnel ?

Dans la situation présente, la meilleure manière de commencer à ériger un barrage contre la droite est un vote clair et sans équivoque en faveur du PTB du côté francophone et du PVDA en Flandre. Les sociaux-démocrates et les Verts ont beaucoup critiqué le gouvernement fédéral et sa politique, mais il n’est pas du tout exclu qu’ils préfèrent dépanner la droite au lieu de mettre sur pied un gouvernement de gauche, en Wallonie par exemple. Au lendemain des élections communales, ECOLO a d’ailleurs rejoint le MR au pouvoir dans diverses communes, Groen a même été jusqu’à faire pareil avec la N-VA ! Les syndicats devraient en tenir compte pour leur appel de vote et mener une campagne active pour défendre leur cahier de revendications.

Le PTB est aussi placé devant de grandes responsabilités. Une coalition progressiste est jusqu’ici mathématiquement possible en Région wallonne selon les sondages. Comment une répétition de l’échec des négociations pour des majorités de gauche serait-il perçu ? PS et ECOLO affirment défendre des revendications syndicales comme le salaire minimum horaire de 14 euros, le retour de l’âge de la pension à 65 ans ou une pension d’un minimum net de 1.500 euros par mois. Pourquoi ne pas faire de ces revendications le socle des futures négociations – liés à la nécessité d’investissements publics massifs pour le climat et les besoins sociaux – et mener dès aujourd’hui – et ouvertement – campagne dans cette direction ? Que le PS et ECOLO se prononcent aujourd’hui sur le type de coalition qu’ils souhaitent au lieu de se retrancher hypocritement derrière le ‘‘choix de l’électeur’’ ! Il faut leur forcer la main et non rentrer dans leur jeu.

La politique n’est jamais simplement une question d’arithmétique, que cela soit au niveau des suffrages ou de la confection d’un budget. C’est un processus vivant qui se nourrit de l’évolution des rapports de forces, notamment – et surtout – dans la rue. Le PTB/PVDA doit avertir que chaque mesure progressiste conduira inévitablement à une riposte du capital et de ses alliés. C’est dès aujourd’hui que nous devons nous y préparer. S’il évite cette approche, le PTB restera condamné à commenter les événements de l’extérieur, jusqu’au moment où électeurs et militants iront chercher ailleurs comment exprimer leur volonté de changement.

Dans l’édition précédente de Lutte Socialiste, nous avons publié une lettre ouverte adressée au PTB et proposant notre collaboration, comme nous l’avons déjà fait lors de précédentes échéances électorales. Nous n’avons toujours pas reçu de réponse. Cette lettre ouverte est disponible sur notre site internet

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