Un refinancement public pour un enseignement gratuit, de qualité et accessible à tous!

La ministre de l’éducation, Marie-Martine Schyns est-elle en train de sauver l’enseignement francophone grâce au Pacte pour un enseignement d’excellence ?

L’enseignement, une priorité qui n’en est toujours pas une

Tous les membres du personnel sont trop souvent sur les rotules. Les infrastructures s’écroulent. Les élèves doivent redoubler ou sont exclus faute de solution ou d’accompagnement adapté.

En 2015, un article de La Libre montrait que 34,74% des absences des enseignants étaient dues à des raisons psychiatriques ou psychologiques (1), trop souvent liées au stress qu’engendre le métier. D’ailleurs, nombreux sont les enseignants qui décident de changer de profession : 40 % des profs arrêtent dans les 5 premières années (2) et 19 % quittent l’enseignement dès la première année (3). Et pourtant, rien n’est mis en place pour aider les membres du personnel dans leur travail. Il ne faut pas que de la volonté pour mettre en place un enseignement de qualité. Il faut bien plus ! Bien plus que 6,55% du PIB (4). Car avec aussi peu de financement, les écoles ont toujours trop peu de personnel et les infrastructures ne suivent pas : il pleut dans certaines écoles, des plafonds s’effondrent, des préfabriqués sont construits pour accueillir des classes (5),…

Un personnel insuffisant est également synonyme d’un nombre trop grand d’élèves par classe : depuis 2011, un décret fixe le maximum à 24 élèves au premier degré, 29 au deuxième degré, 32 au 3ème degré (6) mais la réalité peut être bien pire. De plus, d’après de nombreuses études, les inégalités socio-économiques sont renforcées dans l’enseignement belge (7) et le pays est montré du doigt parce qu’il ne met pas tout en oeuvre pour les diminuer.

Aussi, le « Pacte d’Excellence » et ses plans de pilotage sont une charge supplémentaire pour les enseignants qui travaillent déjà en moyenne 41h/semaine (selon une étude de la KUL (8)). Ces plans de pilotage veulent des « résultats » et des « objectifs précis » comme si nos élèves étaient des machines, sans tenir compte du caractère humain et subjectif de l’apprentissage, ni des réalités de terrain.

Et pour nous former à ce nouveau pacte, il faudrait en plus que nous participions à des formations pendant les vacances ! Vous savez, ces moments qui servent à préparer ses cours, se reposer, faire autre chose de sa vie que travailler ? Dans le même ordre d’idées, pour pallier à la pénurie des enseignants, ils veulent nous proposer de faire des heures supplémentaires, alors que nous sommes déjà crevés et que tout le monde a envie d’accepter, puisque tout le monde a besoin d’argent : ils profitent donc des salaires trop bas pour nous diviser et nous épuiser encore plus.

Entre temps, le décret « directeur » va permettre d’engager toutes les personnes porteuses d’un titre pédagogique, même sans expérience dans l’enseignement, pour être à la tête des écoles. Tout cela nous donne l’impression, voire la certitude qu’ils sont en train de privatiser l’enseignement (cf. également la division du PO et PR).

Il semblerait qu’il faille rappeler au gouvernement les priorités pour qu’un enseignement soit de qualité ! Il nous faut un enseignement financé par le public et qui ne dépende en aucun cas du privé ! Il nous faut un refinancement à hauteur de minimum 7% du PIB comme dans les années 80, mais cela ne doit être qu’un début. Grâce à ce refinancement, nous pourrions avoir une augmentation de salaires de tous les membres du personnel à hauteur de minimum 14€ de l’heure (soit min. 2300€ brut/mois), nous pourrions engager du personnel à tous les niveaux (éducateurs, enseignants, secrétaires, logopèdes, médiateurs, membres du PMS,…) et nous pourrions également avoir de meilleures infrastructures, dignes d’un enseignement de qualité. Enfin, nous rappelons que pour enseigner correctement et faire de la différenciation d’apprentissage, il faut avoir maximum 15 élèves par classe.

Des arrêts de travail ont été organisés dans certaines écoles de Wallonie et de Bruxelles lors de la semaine du 18 mars, dans le but de préparer le rassemblement en front commun de ce mercredi 3 avril (14h30) avec comme revendication principale la revalorisation de la prime de fin d’année à hauteur de 90% du salaire (et non plus 70%). La CGSP donne également à ses affiliés un préavis de grève pour la matinée du mercredi et élargit les revendications au rejet des décrets du Pacte cités ci-dessus et à la taille des classes trop élevée. Rejoignons-nous dans les piquets de grève que certaines écoles mettront en place à partir de 8h du matin et retrouvons tous les collègues à 11h devant le ministère de l’enseignement (Place Surlet de Chokier) pour dire non à ce Pacte et oui à un refinancement public.

Ne nous arrêtons pas là ! Ce n’est qu’un début, il faut continuer le combat pour un enseignement de qualité, réellement gratuit et financé par le public à hauteur de 7% du PIB. Continuons à faire pression pour que le prochain gouvernement entende notre colère, entende les conditions dans lesquelles nous travaillons et dans lesquelles les élèves étudient. Continuons les assemblées du personnel pour s’informer. Il nous faut un plan d’action qui soit audacieux et en front commun et il nous le faut : maintenant ! C’est une bonne chose que l’action de ce mercredi soit en front commun, ensemble nous sommes plus forts.

Toutefois, nous ne devons pas nous arrêter à la demande d’une prime de fin d’année plus élevée. Le temps qui nous reste avant les élections et la formation d’un nouveau gouvernement doit être mis à profit pour informer nos collègues, discuter de nos revendications dans les écoles et les syndicats et élaborer un plan pour les obtenir. Plus de ressources pour l’éducation ne seront disponibles que si nous forçons les gouvernements à les libérer, l’argent est là avec les grandes entreprises et leurs actionnaires. Si nous voulons un enseignement centré sur les élèves et les enseignants, nous devrons lutter non seulement pour plus de ressources, mais aussi pour une autre société, une société socialiste.

Nous revendiquons :

  • 7% du PIB sous forme de fonds publics pour l’enseignement.
  • Une augmentation de salaires de tous les membres du personnel à hauteur de minimum 14€ de l’heure (soit min. 2300€ brut/mois).
  • Plus de personnel (éducateurs, enseignants, secrétaires, logopèdes, médiateurs, membres du PMS,…).
  • De meilleures infrastructures.
  • Un maximum de 15 élèves par classe.
  • Un enseignement gratuit et démocratique.

Rendez-vous mercredi 3 avril :

  • Piquets de grève dans certaines écoles
  • 11h : Sit-in contre le Pacte d’Excellence (Place Surlet de Chokier à Madou)
  • 14h30 : Rassemblement en front commun pour l’augmentation de la prime de fin d’année (Place Surlet de Chokier à Madou)

NOTES :

1) https://www.lalibre.be/actu/belgique/chez-les-profs-un-tiers-des-absences-sont-liees-au-stress-587bc7fbcd708a17d566b0f9
2) https://formations.siep.be/actus/40-des-enseignants-quittent-le-metier-dans-les-cinq-premieres-annees/
3) https://www.lesoir.be/art/235903/article/actualite/belgique/2013-05-02/plus-19-des-jeunes-enseignants-abandonnent-lors-1re-annee
4) http://data.uis.unesco.org/index.aspx?queryid=181&lang=fr (2015)
5) https://www.rtl.be/info/regions/hainaut/des-parents-en-colere-a-boussu-leurs-enfants-suivent-les-cours-dans-des-containers-1094910.aspx ), https://www.dhnet.be/regions/bruxelles/saint-gilles-prefabrique-des-classes-51b752d1e4b0de6db9792a7a
6) https://www.enseignons.be/2011/11/30/taille-des-classes-les-plafonds-sont-fixes/
7) http://inegalites.be/L-ecole-en-Belgique-renforce-les
8) https://www.galilee.be/system/files/uploads/colloque_pacte_cattonar_atelier5_2mai2017.pdf

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