AIP. De 0,8% à 1,1% grâce à la grève. Il est possible d’avoir bien plus !

La grève nationale du 13 février fut un succès qui a obligé les patrons à revenir à la table de négociation et à rédiger un Accord interprofessionnel (AIP). La norme salariale maximale est passée de 0,8 % à 1,1 %, en plus de l’indexation. La proposition de la fin 2014 concernant la RCC (l’ancienne retraite anticipée) est revenue sur table ainsi qu’une augmentation de contributions des employeurs pour les transports publics et encore quelques autres concessions. Même si tout cela est limité et insuffisant, cela illustre que nous pouvons imposer des choses par le biais d’actions de masse. En nous organisant mieux, nous pourrons obtenir encore plus !

Par Thomas (Gand)

Ce journal est envoyé à l’imprimeur avant que toutes les réactions des syndicats au projet de l’AIP ne soient connues (le 25 mars). Mais il est évident qu’une forte opposition existe à l’AIP au sein des deux principaux syndicats. C’est particulièrement la norme salariale très limitée de 1,1 % qui suscite l’indignation. Mais l’augmentation du salaire minimum de 1,1 % est aussi considérée comme largement insuffisante. Les mesures visant à faire passer la pilule, telles que le l’assouplissement de la RCC et l’enveloppe bien-être, sont très limitées.

Beaucoup de monde hésite à rejeter l’accord en raison de l’incertitude sur ce qui se passerait alors. Y aura-t-il de nouvelles négociations dans le cadre de l’AIP ou tout sera-t-il discuté dans les secteurs ? Que se deviendrait l’enveloppe bien-être et la RCC ? Les dirigeants syndicaux qui n’ont pas défendu l’accord avaient d’ailleurs fait des propositions à ce sujet.

Dans nos articles et tracts autour du 13 février, nous avons défendu l’élaboration d’un plan d’action non seulement vers cette date mais également pour poursuivre la lutte par la suite. Après le succès de la grève de février, il a fallu retourner à la table de négociation. Mais sans moyen de pression, on ne va pas très loin. C’est la grande leçon de l’année 2015 quand, à la suite de l’impressionnant plan d’action de 2014, de nouvelles négociations ont été entamées alors que les actions avaient été stoppées par le sommet syndical. L’occasion de nous débarrasser du gouvernement Michel/De Wever fut gâchée.

Nous n’en sommes pas là aujourd’hui. Une dynamique existe toujours pour organiser d’autres actions autour du pouvoir d’achat. Les études ne manquent pas pour illustrer à quel point notre pouvoir d’achat est sous pression, quoi qu’en dise le gouvernement. Test-Achats a révélé que 39% des familles de notre pays sont incapables d’épargner. Le nombre de personnes qui doivent s’adresser au CPAS a augmenté de 30% en Flandre entre 2012 et 2017. Il ne s’agit pas seulement d’allocataires sociaux, mais aussi de personnes qui ont un emploi. Cependant, selon une étude de la KULeuven, notre pouvoir d’achat augmenterait pourtant de 5,2% entre 2012 et 2020. Quelle est la différence entre les études de la KULeuven et de Test Achats ? L’étude de Louvain prend une moyenne, qui démontre que les riches se sont considérablement enrichis alors que le reste de la population est à la traîne.

Si l’AIP est rejeté, l’idée d’une Marche pour le pouvoir d’achat de la FGTB pourrait revenir à l’ordre du jour. La date du 29 avril circule déjà. Mais il y a aussi des appels à faire grève. Des actions dans les secteurs et les entreprises, en particulier là où le salaire minimum est inférieur à 14 euros par heure, seraient également positives. Pour mettre fin aux attaques contre nos acquis et arracher nos revendications, un autre type de lutte est nécessaire. Une lutte qui ne se limite pas à renforcer la position de négociation des dirigeants syndicaux, mais qui vise à établir un rapport de forces afin que les employeurs et leurs représentants politiques soient poussés dos au mur.

Les gouvernements et les partis de droite ont aujourd’hui du mal à dominer le débat politique. Ils sont sous pression, tant par les grévistes du climat que par le mouvement pour le pouvoir d’achat. Continuons cette élan jusqu’aux élections et au-delà. Les partis doivent se prononcer et ils ont de plus en plus de mal à cacher leur politique d’austérité derrière une rhétorique de division. Mais il ne faut pas s’arrêter aux belles paroles : là où des coalitions de gauche sont possibles, nous attendons une rupture avec la politique de coupes budgétaires ! En organisant notre lutte, nous pouvons démasquer les partis traditionnels à nos collègues, amis et famille et mettre à l’ordre du jour la nécessité d’une alternative politique.

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