‘‘Green Book’’ un rappel opportun du racisme aux États-Unis

On parle du film de Peter Farrelly comme d’un road trip, mais c’est beaucoup plus que ça. Même s’il aurait été possible d’en faire encore plus… Le film repose sur une histoire vraie, celle de Tony ‘‘Lip’’ Vallelonga (interprété par Viggo Mortensen), engagé comme chauffeur par le pianiste afro-américain Don Shirley (Mahershala Ali) pour le conduire en tournée dans le Sud des États-Unis au début des années 1960. Un blanc employé par un noir dans le Sud profond américain : qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?

Par Clare Wilkins, Socialist Party, Angleterre et Pays de Galles

Le titre du film fait référence au ‘‘Negro Travellers Green Book’’, un guide annuel publié entre 1936 et 1966 qui indiquait les lieux où la population noire était acceptée à l’époque des lois ‘‘Jim Crow’’ et de la ségrégation raciale dans le sud des États-Unis. La maison de disque de Shirley en a offert un exemplaire à Tony.

Don Shirley était un pianiste et compositeur de jazz. Sa mère, née en Jamaïque, lui a appris à jouer de l’épinette à l’âge de deux ans, ils avaient l’habitude de jouer ensemble à New York. Il fut le premier étudiant noir au Conservatoire de musique de Leningrad. Ses performances ont été saluées par les Américains blancs libéraux, y compris John et Robert Kennedy.

Don a décidé de faire une tournée dans le Sud, sans bien savoir comment s’exprimait la ségrégation pour les travailleurs noirs. Le film traite d’un certain nombre d’incidents autour du racisme et des lois Jim Crow, qui sont poignants, mais ne dominent pas le film. Leur voyage a dû en connaitre bien plus. Viggo Mortensen a précisé que l’objectif était du film était de souligner l’histoire du racisme en Amérique, mais que l’objectif était aussi de produire un film grand public.

Durant la tournée, Don n’a pas pu dormir dans certains hôtels ou se rendre dans certains restaurants. Tony est un chauffeur et tous les autres chauffeurs qu’il rencontre sont des noirs employés par la bourgeoisie blanche. Le film souligne les intérêts communs qu’il partage avec ces chauffeurs. Malgré le fait que Tony ait lui-même des stéréotypes racistes, le film souligne de manière juste qu’il est en fait plus proche de la population précaire noire de son quartier. Malheureusement, le film semble mettre l’accent sur le fait que c’est en connaissant quelqu’un, en développant une amitié, qu’on peut mettre fin aux préjugés.

Le film est un rappel opportun du racisme qui prévalait aux États-Unis avant les réalisations obtenues par le mouvement des droits civiques, il illustre tout le chemin parcouru grâce à cette lutte. Il en reste encore à parcourir. À l’époque du Trumpisme, certains ont dit que le Green Book devrait être relancé. Mais ce qu’il faut, ce n’est pas un guide pour vivre en toute sécurité en tant que noir dans une Amérique raciste, mais une lutte de classe visant à mettre un terme au racisme et au système capitaliste qui le perpétue.

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