La fin du mois d’octobre a été une période délicate pour le gouvernement wallon. En cette période où l’on craint une récession de l’économie mondiale à moyen terme, dans une période où la zone euro subit des énormes turbulences, alors que des entreprises font faillite ou licencient du personnel, le gouvernement devait présenter son budget 2012. L’Olivier (PS-CDH-ECOLO) devait trouver 300 millions d’euros. Selon les termes des politiciens eux-mêmes : ‘‘le budget le plus difficile que nous ayons eu à affronter…’’ Après une nuit blanche, ils ont annoncé non sans fierté qu’ils avaient réussit à boucler le budget sans mesures trop dures pour les citoyens. La question est évidente : comment ont-ils fait ? La réponse est simple : procrastiner beaucoup, mentir un peu et tricher tant qu’on le peu.
Par Alain (Namur)
Procrastiner beaucoup
L’Olivier a pris comme base de travail une croissance d’environ 1,2%, alors qu’au niveau fédéral, les prévisions annoncent 0,8% de croissance pour la Belgique et qu’à moyen terme, on craint une récession mondiale. Cela veut dire que si la croissance attendue n’est pas au rendez-vous, il faudra un conclave budgétaire qui devra trouver le manque à gagner.
Peut-être que les politiciens membres de l’Olivier espèrent que la croissance se maintiendra le plus longtemps possible pour pouvoir annoncer des mesures d’austérité dans une période favorable, genre après les communales. En fait, cela veut dire que les secteurs qui dépendent des entités fédérés doivent se préparer pour un avenir où chaque nouveau budget comportera de l’austérité. Une série de secteur (FOREM, SRWT, SWDE, AWEX, ONE, RTBF…), ne seront pas indexés et il n’y aura pas de politiques nouvelles, alors que les manques sont pourtant bel et bien présents partout.
Mentir un peu
La majorité wallonne a affirmé préserver l’enseignement, les transports en commun et le portefeuille des citoyens. Pour cela, Rudy Demotte (PS) dit avoir gratté chaque eurocent des fonds de tiroir. Ils auraient également dû gratter les quelques eurocents qui lestent leurs portefeuilles personnels, car ces derniers n’ont pas subi l’austérité. La crise n’affecte pas tout le monde… Mais ce n’est pas ça l’essentiel du mensonge.
Dire qu’ils n’ont pas touché à l’enseignement, c’est faire injure à l’histoire quand on sait que cette coalition a déjà attaqué la prépension des professeurs, ce qui a entrainé une grève qui a mis dans la rue plus de 10.000 enseignants en colère. Les TEC ont déjà subi l’austérité et il y a eu des suppressions de ligne dans les régions rurales. De plus, les tarifs des tickets vont augmenter pour combler le déficit de la SRWT. Cela fait quand même 3 augmentations en 3 ans !
Pour le portefeuille du citoyen, c’est une augmentation de la taxe sur l’eau qui aura un coût de 25 à 30 euros. À ce sujet, le cynisme politique va très loin. La Wallonie étant exportatrice d’eau, cette taxe touchera beaucoup plus les Bruxellois et les Flamands. Il y a aussi un nouveau calcul pour les éco-boni et les éco-mali pour l’achat de voiture. Selon l’opposition, un acheteur sur 3 de véhicule neuf ou d’occasion sera touché. Celui qui n’aura pas assez d’argent pour s’acheter une voiture ‘‘écologique’’ devra payer. Alors que l’on pénalise le transport individuel, on déforce et on augmente le prix des transports en commun… (éco)logique ?
Il y aura aussi une nouvelle taxe sur les guichets bancaires qui sera répercutée sur le consommateur. On oublie encore de dire que la culture et la télévision publique ont fait les frais des mesures d’austérités ces 2 dernières années.
Tricher tant qu’on le peu
L’opposition MR a mis en avant le fait que pour boucler le budget, la Région avait pris en compte les nouvelles recettes issues de la dernière réforme d’Etat qui, selon elle, équivaut à 250 millions. Cela veut dire, si l’opposition dit vrai, que le grattage de poche se résume à 50 millions…
On peut ajouter que le calcul ne prend pas en compte les dépenses supplémentaires qu’entraîneront la régionalisation des allocations familiales et de l’accueil des personnes âgées. Avec la pyramide des âges que connaît la Belgique, ce n’est pas le genre de coût qui est négligeable.
La nécessite d’un plan de lutte
Nous ne devons plus nous faire d’illusions, nous sommes partis pour une austérité sans fin. Au niveau fédéral, au niveau des communautés et des régions ainsi qu’au niveau communal.
Ces tours de vis sont le résultat de l’offensive du capital contre le travail. Lors des négociations sur l’AIP, les travailleurs ont constaté que le patronat ne voulait plus de la concertation sociale. Ils préfèrent compter sur les politiciens pour appliquer des politiques antisociales qui vont faire accroître leur richesse et augmenter notre pauvreté.
Cette offensives est généralisé dans tout les pays de l’Union Européenne, où l’ont impose la misère alors que les riches n’ont jamais été aussi riches. Le patronat nous a déclaré la guerre et profite de la crise pour nous envoyer ses missiles. Nous devons leur opposer une résistance déterminée et organisée. L’AIP nous l’a appris, de simples ballades dans les rues ne suffiront pas. Si l’on veut gagner, on doit aller plus loin et discuter largement d’un plan d’action pour que les travailleurs et leurs familles soient capables de riposter. Il est aussi nécessaire de discuter d’un prolongement politique pour les luttes des travailleurs. Cette coalition Olivier démontre que les partis soi-disant progressistes n’ont aucune volonté de les représenter.