Le 31 octobre, une soixantaine de sans-papiers ont été expulsés du Polygone (ancien bâtiment d’AB-3) à Ixelles. Depuis, ils passent leur nuit à Place Fernand Cocq à Ixelles. Ce sont des Afghans, Algériens ou des Marocains venus en Belgique pour trouver des revenus plus intéressants et fuir la misère de leur pays. Jusque là, rien de surprenant, sauf peut-être ce quotidien si banal.
Par Bruno (Bruxelles)
Après une discussion avec trois émigrés marocains, nous pouvons vous tracer un portrait de leurs quotidiens. D’abord, ils ont quitté le Maroc, laissant derrière eux des salaires inchangés depuis les années ‘80. Par contre, le prix de la vie a augmenté dans leur pays. Comme l’expliquera un des sans-papiers, quand on doit payer 100 euros de loyers pour une chambre et une cuisine, il vous reste 80 euros pour tenir le mois (le SMIC est de 180 euros).
Ensuite, ils débarquent en Belgique et recherche à se régulariser. L’un de nos interlocuteurs attend depuis trois ans un domicile, condition sine qua non à toute demande de régularisation. Un autre a obtenu depuis une adresse mais attend toujours depuis 7 ans une réponse à sa demande. En bref, il est facile de dire que l’émigration est motivée par l’ascension sociale mais il est plus dur d’assumer le fait que les salaires ne permettent pas à tout le monde de vivre. Pourtant, on comprend très bien que les mésanges charbonnières migrent en hiver dans nos jardins par manque de nourriture…
On dit souvent que la lenteur des régularisations entretient un marché parallèle, donc fournit de la main d’œuvre à bas salaire. Au-delà de la rhétorique, le vécu a plus de poids: c’est effectuer douze heures de travail au marché matinal pour 25 euros comme nous dira un des sans-papiers. Il appelle ça de ‘‘l’esclavage moderne’’.
En recherche d’un logement pour un soir, un des sans-papiers nous explique qu’il s’est rendu à l’asile de nuit, avenue de Stalingrad à Anderlecht. Pour pouvoir profiter d’une des quarante places, il faut piocher la bonne carte dans une main qu’un employé du centre présente. Si la carte est noire, tu restes dehors, si la carte est rouge, tu restes au chaud la nuit. Dans la situation actuelle, les sans-papiers se trouvant dans la rue, ils ne travaillent plus. Comme tout le monde, ils ont besoin de repos pour pouvoir travailler le lendemain.
Pour finir, ce sont des habitants de la place Fernand Cocq, un Snack et quelques personnes du mouvement des Indignés qui leur sont venu en aide (nourriture, bâches,…). Voilà une réponse concrète aux phrases toutes faites du style : ‘‘Tout le monde à la chance de s’en sortir, il suffit de travailler.’’
Quelle solution pour la lutte des sans-papiers?
Le PSL défend la suppression des centres fermés, l’arrêt des expulsions et la régularisation des sans-papiers. A cela, nous lions le droit de chacun à avoir un bon travail, avec un bon salaire, par une répartition du temps de travail avec les 32 heures de travail par semaine avec embauches compensatoires et sans perte de salaire pour en finir avec le chômage. Ce ne sont pas les sans-papiers ou les immigrés qui sont responsables de la pénurie d’emplois, c’est la soif de profit des patrons et des actionnaires.
C’est d’ailleurs cette même logique d’avidité capitaliste qui maintient des dictatures dans les pays du monde néocolonial. Nous disons : c’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leur victime ! Pour la solidarité internationale des travailleurs, pour le soutien aux révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, pour en finir avec les causes de la misère qui poussent tant de gens à quitter leur pays pour courir des risques gigantesques dans le vague espoir d’un meilleur avenir. C’est pour cela que nous luttons pour une société débarrassée de l’exploitation capitaliste, pour une société socialiste !