La question qui fâche: pourquoi fuit-on son pays?

Début janvier, dans une interview accordée à De Zondag, le président du sp.a (parti social-démocrate flamand) John Crombez, a défendu une politique stricte de refoulement des demandeurs d’asile. ‘‘La migration vers l’Europe doit être réduite’’, a-t-il dit. Cette déclaration a été largement diffusée par d’autres médias.

Par Kim

La guerre civile syrienne a commencé en 2011, sa fin n’est pas encore en vue. Certains réfugiés vivent dans des camps depuis 8 ans. Il n’est dès lors pas surprenant que certains choisissent de continuer leur vie en tentant leur chance en Europe. Les structures d’accueil dans la région ne contrarieront pas cette tendance à moins que de véritables villes soient construites pour les réfugiés, avec tout ce que cela implique pour y mener une vie digne de ce nom.

Cette interview a fait fi de la question la plus importante : pourquoi donc les réfugiés existent-ils ? Pourquoi des gens fuient-ils leur pays, leur culture et leur environnement pour tenter une chance avec peu, voire pas de moyens, dans un endroit inconnu, aux coutumes et à la culture inconnues ? Pourquoi choisit-on de se ‘‘déraciner’’ ? Comment pouvons- nous contrer cela ?

Ce qui pousse les gens à fuir, c’est la guerre et la misère. Ces deux phénomènes sont causés ou renforcés par les interventions des puissances occidentales et impérialistes dans le monde néocolonial. Sans l’invasion de l’Afghanistan – qui n’a pas libéré la population de la barbarie mais a approfondi cette dernière – il y aurait eu moins de réfugiés afghans. Al-Qaïda a été vaincu, mais le terrorisme a pris son envol. L’invasion de l’Irak a déstabilisé l’ensemble du Moyen-Orient et de nombreux membres de l’ancien régime de Saddam Hussein ont trouvé une nouvelle place chez Daesh. Les interventions actuelles de l’impérialisme occidental au Moyen- Orient ont contribué à l’émergence et au renforcement d’un islam politique radical, fortement anti-occidental.

D’autres parties du monde néocolonial subissent le pillage de la part des entreprises occidentales. Le Nigeria est pillé de son pétrole, l’Est du Congo de diverses matières premières rares et les mines d’or aux salaires de misère fonctionnent à plein régime en Afrique du Sud. Toutes les richesses remplissent les poches des actionnaires d’entreprises occidentales et d’une élite locale corrompue, alors que la population subit la pauvreté. En dépit de ce que l’on prétend parfois ces richesses ne profitent pas à la population occidentale ordinaire, seule une infime élite en bénéficie. A l’Est du Congo, divers camps de cette élite se battent pour l’accès aux matières premières. La population locale en paye le prix en subissant la violence des milices armées.

Le capitalisme lui-même crée les conditions qui poussent les gens à fuir. S’en prendre efficacement à ce qui pousse les gens à fuir implique de lutter pour une société socialiste, qui veillerait au développement de toutes les parties du monde. Entre-temps, une approche véritablement socialiste et internationaliste consiste à se montrer solidaire de tous les réfugiés. Ce ne sont pas eux qui menacent nos conditions de vie, ce sont les multinationales et les grandes entreprises qui volent des milliards à la Belgique et au monde néocolonial. Mais une telle manière de voir les choses, c’est de trop pour le sp.a de John Crombez.

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