Les travailleuses précaires sans représentation syndicale se retrouvent seules face à leur patron et clients et vulnérables aux abus et violences. Au-delà des heures de travail, le manque d’indépendance économique accroît encore les difficultés à s’extraire d’une éventuelle situation de violence.
=> Rendez=vous les 8 et 9 mars pour manifester contre le sexisme et la précarité
Ce 8 mars 2019, nous descendrons à nouveau dans les rues contre le sexisme et la précarité. Bien que nous ayons gagné de nombreux acquis dans les luttes passées, certains parallèles peuvent encore être établis entre les revendications d’aujourd’hui et celles portées par les ouvrières il y a plus d’un siècle. Les femmes doivent toujours combattre un sexisme omniprésent dans la société. Lutter pour une indépendance économique, des meilleures conditions de travail et des services publics accessibles et de qualité restent des revendications essentielles.
La Journée internationale de lutte pour les droits des femmes s’inspire de la grève des travailleuses du textile à New York en 1908. Elles réclamaient alors une réduction collective du temps de travail – la journée des 8 heures – une augmentation des salaires et la fin du travail des enfants. Ces revendications étaient communes à l’ensemble du mouvement ouvrier – hommes et femmes – mais aussi une base essentielle à l’émancipation des femmes. Elles défendaient également le droit de vote des femmes.
Aujourd’hui encore, le temps de travail et les salaires sont au centre des luttes de nombreuses femmes. Le gouvernement Michel s’est attaqué systématiquement aux acquis sociaux : pensions, salaires, services publics et non-marchand. Ces politiques touchent particulièrement les femmes. Bien que la productivité ne fasse qu’augmenter, nous devons travailler de plus en plus vieux, avec des contrats de moins en moins bons. De nombreuses femmes n’ont pas une pension décente car elles n’ont pas une carrière complète. Nous revendiquons une réduction de l’âge de départ à la pension plutôt contre les longues carrières toujours plus inatteignables. Nous revendiquons également une diminution collective du temps de travail : la semaine de travail de 30h, sans perte de salaire, avec des embauches compensatoires et une réduction des cadences. Les bons emplois dans les services publics diminuent. Les salaires dans les autres secteurs où les femmes sont majoritaires (soin aux personnes, distribution,…) restent insuffisants, comme si leur travail ne nécessitait pas d’être valorisé, car ce serait des compétences “naturelles” des travailleuses. Nous voulons un salaire complet – et donc la fin des flexi-jobs – de minimum 14€ de l’heure et une pension minimum de 1500€ net.
Le temps partiel c’est un salaire partiel
Le salaire horaire des femmes est de près de 10% inférieur à celui des hommes, 20% plus bas si l’on considère le salaire annuel (Eurostat). Depuis 20 ans, la structure de l’emploi s’est fortement modifiée (Fondation Travail-Université). Le temps partiel augmente pour toutes les catégories, mais il est structurel chez les femmes avec 44% de ces dernières à temps partiel, contre 9,4 % des hommes.
Est-ce un choix de vie ? Tous les chiffres illustrent le contraire ! 8% des femmes choisissent de travailler à temps partiel (Le Monde selon les femmes). 83 % des offres d’emploi à temps partiel sont des emplois féminins. Il y a donc un marché du travail à temps partiel qui leur est destiné, avec le salaire partiel qui en est le corollaire. Le patronat profite de cette flexibilité avec des rythmes de travail toujours plus lourds et la possibilité de composer les horaires à sa guise. Ensuite, 23% des travailleuses diminuent leur temps de travail pour compenser le manque de services publics (garde d’enfants, aide aux personnes âgées,…). Les familles aux revenus modestes (et en particulier les femmes) doivent prendre ce travail en charge de manière non rémunérée. Celles qui en ont les moyens engagent quelqu’un. Souvent une femme, qui travaille dans un isolement relatif et avec des contrats de travail précaires (titres services, intérim,…). Ici l’implantation du syndicat, bien que compliquée, est cruciale.
A cela s’ajoute la chasse aux chômeurs combinée à la nouvelle définition d’un emploi convenable du gouvernement Di Rupo. Un demandeur d’emploi ne peut refuser un boulot dans un rayon de 60km, peu importe le temps de parcours ou la compatibilité des horaires avec ses charges familiales. Résultat : de nombreuses travailleuses précaires font des journées de 12h en travaillant à temps partiel…
Les travailleuses précaires sans représentation syndicale se retrouvent seules face à leur patron et clients et vulnérables aux abus et violences. Au-delà des heures de travail, le manque d’indépendance économique accroît encore les difficultés à s’extraire d’une éventuelle situation de violence.
La place des femmes est dans leur syndicat
Le syndicat doit jouer un rôle crucial, aussi dans les PME et les secteurs précaires où les différentes formes de violences sont accrues. Une énergie renforcée est nécessaire pour structurer syndicalement ces secteurs. Il faut y affilier massivement les travailleurs et travailleuses afin, qu’organisées, elles puissent défendre leurs droits et revendiquer des conditions de travail dignes, sans violences.
Les femmes constituent la moitié de la population active, mais ne représentent que 40 à 45 % du nombre d’affiliés (2017 – FPS). La syndicalisation est très variable d’un secteur à l’autre, mais au sein d’un secteur, le taux de syndicalisation homme/femme est comparable. La syndicalisation moindre des femmes est principalement le résultat de leur surreprésentation dans les secteurs où l’implantation syndicale est faible et les conditions de travail précaires.
On ne compte actuellement que 20% de femmes au sein des Congrès statutaires de la CSC et de la FGTB. Toutefois, une réelle amélioration est en court, par exemple à la CNE où lors des dernières élections sociales de 2016, les déléguées élues aux différentes commissions paritaires sont pour la première fois majoritaires (52%). Cependant, les femmes représentent 70% des effectifs. Les militantes et les militants combatifs doivent s’assurer, non pas de la parité, mais que chaque travailleur et travailleuse puisse s’impliquer activement ce qui amènera une meilleure représentativité. Les méthodes démocratiques à la base du mouvement ouvrier sont cruciales (AG régulières, participation active des membres aux actions votées et évaluées,…). Il est nécessaire de s’unir – travailleurs et travailleuses – pour construire un rapport de force suffisant pour lutter contre les politiques d’austérité, pour des conditions de travail et salariales décentes, afin de contrecarrer le sexisme structurel dans la société capitaliste.