Le SP .a dépanne De Wever à Anvers

Il y a six ans, pour la première fois en 80 ans, la ville d’Anvers s’est retrouvée avec un conseil communal de droite dure. Le bilan du collège échevinal est impressionnant : extension du système absurde des Sanctions administratives communales (SAC), taxe sur le permis d’exploitation des night shops, démantèlement policier d’un piquet de grève au port, réduction du budget de l’enseignement communal, offensive contre le travail social, etc. La liste pourrait prendre quelques pages. Selon la N-VA elle-même, cependant, sa plus grande réussite était d’avoir mis un terme à 80 années de gestion socialiste. L’événement aura duré 6 ans.

Le pire résultat de tous les temps pour la social-démocratie

La campagne anversoise du sp.a fut rude. Les scandales ont suivi les uns après les autres, emportant notamment son dirigeant Tom Meeuws. Le cartel conclu avec Groen a ensuite explosé. Initialement candidate indépendante, Jinnih Beels a tenté de sauver ce qui pouvait l’être en rejoignant le sp.a et devenant tête de liste. Pour pas grand-chose au final. Les sociaux-démocrates ont obtenu leur pire score aux élections communales à Anvers depuis l’introduction du suffrage universel : 11%.

Les 80 années de gestion de la ville n’ont pas laissé grand-chose au sp.a. Le parti a tellement été impliqué au pouvoir qu’il n’était pas difficile de trouver des cadavres à sortir du placard pour lui nuire. Le bourgmestre Bart De Wever a soudainement estimé que cela n’était plus un problème. Après avoir crié haut et fort ‘‘plus jamais les socialistes’’, la N-VA est entrée en coalition avec le sp.a. Pour le sp.a, l’humiliation est encore plus grande, il en est réduit à la fonction de feuille de vigne semi-progressiste pour la même politique néolibérale.

Les piètres résultats des anciens partenaires de coalition (CD&V et Open VLD) ont obligé De Wever à en chercher d’autres : Tom Meeuws et Jinnih Beels. Pour disposer d’une majorité plus confortable et réduire encore plus le poids du sp.a, De Wever a également emmené les libéraux avec lui. Le résultat est un accord de majorité autour de la politique de la N-VA que les Anversois ont subi ces six dernières années.

Le sp.a auxiliaire de De Wever

Jinnih Beels a promis d’ajouter (ou de rénover) 5.000 logements sociaux. C’est trop peu et trop tard : il manque des logements pour au moins 20.000 personnes à Anvers. Sans parler des possibilités de se dérober… L’accord mentionne que les éventuels nouveaux logements sociaux sont conditionnés au ‘‘maintien du système de financement flamand’’. Chaque point ‘‘remporté’’ par le sp.a laisse une bonne marge de manoeuvre à la N-VA. Il est évident qu’au sp.a, la participation au pouvoir était de loin plus importante que la victoire.

Il en va de même pour la mobilité : le coeur sans voiture de la ville sera étendu ‘‘là où c’est possible’’. Un bel espace laissé à l’interprétation ! On ne parle d’efforts véritables que dans le centre historique de la ville (datant du XVIe siècle) qui, tout au long de l’accord, est invariablement appelé ‘‘le coeur commercial’’ ! Le message est clair : l’espace sans voiture n’est considéré que là où cela aidera à attirer les touristes. Quant aux habitants : leur patrimoine culturel a été officiellement déclaré centre commercial.

Quant à la discrimination, le sp.a ne peut pas se vanter de grand-chose. Quelques balises ont été inscrites dans l’accord, sans toutefois être contraignantes, tandis que l’interdiction du port du voile dans la fonction publique est maintenue. Il est vrai que c’est un conseil communal dirigé par le sp.a qui a introduit la mesure en son temps. Le sp.a avait changé d’avis durant la campagne électorale, mais la chose est oubliée aujourd’hui.

Une peau qui n’a pas été chèrement vendue…

Le point fort de l’accord de majorité concerne le domaine de prédilection de la N-VA : la sécurité. Une rhétorique martiale que l’on connait bien à Anvers promet l’installation de nouvelles caméras dans les rues et sur les uniformes de la police, l’augmentation du nombre de patrouilles policières et l’introduction de ‘‘stewards’’. L’objectif est de monter d’un cran dans la ‘‘guerre contre la drogue’’.

L’accord de majorité intègre-t-il des mesures sociales ? Pas vraiment. La réduction collective du temps de travail ? Plus de personnel communal ? Plus de moyens pour l’enseignement communal ? Une meilleure considération du travail social ? L’accord de majorité co-rédigé par le sp.a décevra nombre de ses électeurs.

En juin dernier, Tom Meeuws était présent au rassemblement syndical aux portes du procès du président de la FGTB anversoise Bruno Verlaeckt et du militant Tom Devoght. Ce procès s’est tenu après qu’un piquet de grève au port d’Anvers ait été refoulé par la police envoyée par le bourgmestre De Wever. Verlaeckt et Devoght étaient poursuivis pour ‘‘entrave méchante à la circulation’’. L’accord de majorité n’exclut pas de telles actions répressives, que du contraire : il comporte l’ambition de ‘‘continuer à garantir l’accessibilité du port autant que possible en bonne concertation sociale’’ !

Le sp.a n’a pas gagné grand-chose au-delà des postes. En octobre dernier, nous avons appelé à voter en faveur du PTB. Nous avons souligné l’importance de disposer d’une riposte de gauche qui s’oppose au bourgmestre en paroles mais aussi, et surtout, en actes, par la lutte sociale. La base de notre approche est que la gestion de la ville doit reposer sur les besoins de la population et non sur ce qui est ‘‘disponible’’.

 

 

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